Zurich (awp) - La Bourse suisse voguait vers des eaux plus calmes vendredi en fin de matinée, après avoir essuyé ces derniers jours un sérieux grain. Les valeurs bancaires repartaient partiellement en repli, surtout Credit Suisse en nette perte de vitesse. Les investisseurs digéraient cet épisode, notamment l'aide apportée au numéro deux bancaire helvétique ainsi que la hausse des taux de la BCE, et regardaient déjà vers la Fed.

Face au vent de panique qui a soufflé sur le secteur bancaire, les autorités se sont résolues à apporter leur soutien aux établissements en difficulté. Dans la Confédération, Credit Suisse a obtenu un prêt de 50 milliards de francs suisses de la Banque nationale suisse.

Aux Etats-Unis, la Réserve fédérale (Fed) a accordé des aides d'environ 12 milliards de dollars aux banques depuis dimanche, dans le cadre de son nouveau dispositif annoncé après la faillite de SVB, pour leur permettre d'honorer les demandes de retraits de leurs clients. Onze grandes banques américaines ont par ailleurs choisi jeudi de venir ensemble à la rescousse de l'établissement en difficultés First Republic et éviter ainsi qu'il ne devienne le prochain domino à tomber après trois faillites d'affilée.

"Les investisseurs évaluent les inquiétudes concernant la stabilité économique aux Etats-Unis et en Europe, après les faillites de la Silicon Valley Bank et de la Signature Bank et les problèmes de Credit Suisse", a résumé John Plassard de Mirabaud Banque dans un commentaire.

"Après les turbulences ayant affecté le secteur bancaire, les regards se portent sur les décisions de la Fed" qui se réunit mardi et mercredi prochains, ont ajouté les experts de Raiffeisen. Les investisseurs surveilleront de près les déclarations de politique monétaire dans le contexte inflationniste et de crise bancaire. La Banque nationale suisse (BNS) suivra jeudi.

A la Bourse suisse vers 10h36, l'indice vedette SMI gagnait 0,31% à 10'751,52 points, après avoir rebondi de 1,93% jeudi en clôture. Le SLI s'appréciait de 0,28% à 1699,86 points et le SPI prenait 0,31% à 14'067,44 points.

La majorité des valeurs vedettes restait dans le vert, avec en tête un trio hétéroclite composé d'AMS Osram (+3,7%), VAT Group (+2,5%) et Sonova (+2%).

Les poids lourds soutenaient la tendance positive avec Nestlé (+0,04%), Roche (+1,2%) et Novartis (+0,2%). Ce dernier a décroché auprès de l'Agence américaine des médicaments (FDA) une extension d'indication pédiatrique pour sa combinaison anti-cancéreuse de Tafinlar et de Mekinist, contre une forme commune de cancer du cerveau.

Les bancaires partaient dans des directions opposées. Alors qu'UBS (+0,6%) restait dans le vert, Julius Bär (-1,1%) et surtout Credit Suisse (-3,5%), dernière au classement, cédaient leurs gains.

Les analystes de JP Morgan ont élaboré plusieurs scénarios quant à l'avenir de l'établissement de la Paradeplatz, qui pourraient impliquer la 8e restructuration de Credit Suisse depuis 2011, alors que les analystes jugent "le soutien de la BNS en matière de liquidités (comme annoncé mercredi soir) insuffisant". "Le statu quo n'est pas une option", cinglent les experts.

Les valeurs du luxe Richemont (-0,6%) et Swatch (-1,4%) s'installaient dans le rouge. Le groupe de luxe genevois prévoit une cotation secondaire de ses titres A à la Bourse de Johannesburg, en parallèle à la celle déjà en place à Zurich sur SIX Swiss Exchange.

Le directeur général du groupe biennois Nick Hayek a pour sa part affirmé jeudi viser une croissance record cette année. La reprise est particulièrement vigoureuse en Chine, Hong Kong et Macao, mais l'Europe et l'Amérique également affichent une très bonne progression.

Sur le marché élargi, Interroll (+3,1%) poursuivait sa progression. Le groupe a fait état de résultats en hausse à tous les niveaux en 2022, légèrement supérieurs aux attentes. Après avoir inscrit le meilleur résultat net de son histoire, l'entreprise entend en faire profiter ses actionnaires, à qui elle proposera un dividende légèrement relevé.

Medacta (-0,2%) a dégagé l'an dernier un bénéfice net de 46,2 millions d'euros, en recul de 10%. Le conseil d'administration proposera néanmoins aux actionnaires un dividende inchangé de 54 centimes de franc par titre.

Talenthouse, brièvement suspendu de cotation, a enregistré pour 25 millions de francs suisses de promesses de souscription dans le cadre de son augmentation de capital de série B.

Parmi les autres titres du SPI à afficher d'importantes variations figuraient Swiss Steel (-9,9%) et Kinarus (-4,5%), ainsi qu'Achiko (+6,3%) et One Swiss Bank (+5,5%).

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