Paris (awp/afp) - Les marchés boursiers digéraient difficilement jeudi les messages jugés plus stricts de la Réserve fédérale la veille, se préparant à évaluer trois autres rendez-vous monétaires des banques centrales de la zone euro, d'Angleterre et de Suisse.

En Asie, la Bourse de Hong Kong (-1,6%) a été démoralisée par la Fed mais aussi par la chute des ventes au détail en Chine en novembre, plus sévère que prévu (-5,9% sur un an). Le repli a été moins marqué à la Bourse de Tokyo (-0,37%). Les places européennes accentuaient leur repli de la veille: Paris lâchait 1,17%, Francfort 0,87%, Londres 0,65% et Milan 0,65% vers 09h50.

Alors que la Banque nationale suisse (BNS) a ele aussi encore resserré jeudi sa politique monétaire, l'indice phare SMI de la Bourse suisse abandonnait peu après 10h00 0,89%.

Wall Street avait conclu dans le rouge mercredi.

La Fed a réduit le rythme de son resserrement monétaire mercredi en relevant comme prévu son principal taux directeur d'un demi-point de pourcentage, après l'avoir augmenté de trois-quarts de point les quatre fois précédentes, pour maîtriser la plus forte inflation aux Etats-Unis depuis 40 ans. Mais elle s'est montrée plus pessimiste sur l'évolution de la hausse des prix l'an prochain, sur le chômage et sur la croissance de la première économie mondiale.

La Fed, qui a confirmé qu'elle allait continuer à remonter ses taux pour mater l'inflation, s'attend maintenant à ce que son principal taux directeur d'intérêt dépasse 5% l'an prochain, un niveau plus élevé que celui indiqué précédemment. Ainsi, "le début du cycle d'assouplissement n'est pas du tout proche", résume Natixis Research CIB dans une note.

La BNS a relevé aussi d'un demi-point de pourcentage son principal taux directeur pour le porter à 1%, poursuivant le resserrement de sa politique monétaire malgré la récente décélération de l'inflation en Suisse. Le consensus de marché attend la même mesure de la part de la BCE et de la BoE.

"La BCE devrait garder un ton restrictif toujours dans la même logique de tenir son mandat de maîtrise de l'inflation. Le risque se situe dans une BCE adoptant un ton plus +hawkish+ (en faveur d'une politique monétaire stricte, NDLR), alors que l'inflation en zone euro se situe sur des niveaux inconfortablement élevés de 10%", souligne Andrea Tuéni, analyste de Saxo Banque. L'évolution des politiques monétaires inquiète d'autant plus que les investisseurs craignent que les taux d'intérêt élevés poussent l'économie mondiale en récession.

Ces craintes se manifestent à travers une inversion marquée de la courbe des rendements des taux entre les obligations à court terme et celles à long terme.

Coup de pompe dans le luxe

Le plongeon de la consommation des ménages en Chine en novembre sapait les valeurs du luxe: Kering chutait de 4,54%, Hermès de 2,72% et LVMH de 1,95% vers 08H30 GMT à Paris. Ailleurs en Europe, Prada déclinait de 2,05%, Moncler de 1,44%, Richemont de 1,85% et Burberry de 1,86%.

La tech aussi accuse le coup

Les valeurs technologiques accusaient le coup de la confirmation d'un resserrement monétaire prolongé de la Fed. A Tokyo, Sony a par exemple reculé de 0,94% à 11'045 yens et le groupe d'automation industrielle Keyence a lâché 1,82% à 56'340 yens. A Paris, Worldline chutait de 2,13%, STMicroelectronics de 1,54%, Dassault Systèmes de 1,90%. A Francfort, Delivery Hero perdait plus de 3%.

Du côté des devises et du pétrole

Alors que les investisseurs continuent à évaluer les perspectives de politique monétaire, le dollar montait un peu par rapport au yen, à raison d'un dollar pour 136,39 yens vers 09h30, contre 135,48 yens mercredi à 22h00. L'euro descendait à 1,0627 dollar contre 1,0682 dollar mercredi à 22h00.

Sur le marché du pétrole, qui avait grimpé jusqu'à présent depuis le début de la semaine, le baril de WTI américain perdait 1,02% à 76,50 dollars et le baril de Brent de la mer du Nord abandonnait 0,79% à 82,05 dollars.

afp/vj