Nous allons découvrir ensemble trois valeurs qui présentent des caractéristiques défensives, et expliquer pourquoi. Ce type de société permet d’amoindrir la corrélation de son portefeuille aux mouvements de marché. Nous avons choisi de piocher les sociétés au sein du Stoxx Europe 600. Pour choisir les plus résilientes, nous avons sélectionné celles qui présentaient le bêta le plus faible sur trois ans. Nous avons ensuite affiné l'échantillon pour vous présenter les entreprises affichant les meilleures notes d’investissement Zonebourse, que vous pouvez retrouver sur les fiches valeurs.

Commençons par un rappel sur ce qu’est le bêta : mathématiquement c’est la covariance de la rentabilité de l’actif avec celle du marché, divisée par la variance de la rentabilité du marché. On dit qu’une valeur est résiliente quand ce bêta est le plus faible possible : ce type de valeur affiche une volatilité plus faible que la moyenne. De manière plus claire et intéressante, c’est une mesure du risque lié aux mouvements du prix d’une action par rapport aux mouvements de son indice de référence (ici le Stoxx 600). Un béta de 1, signifie que si le marché varie de 1%, l’actif variera aussi de 1%. L’objectif aujourd’hui est donc de trouver des entreprises ayant un bêta proche de 0. C’est une stratégie qui peut s’avérer payante lors de crises, qui impactent les marchés. Cependant, le calcul du bêta dépend de nombreux facteurs : la période, la fréquence ou encore le choix de l’indice de référence. Donc nous avons arbitrairement choisi ici de calculer le bêta sur les 3 dernières années, sur la base de rendements hebdomadaires.

  • bioMérieux :

Nous démarrons avec une Française, bioMérieux. Le groupe lyonnais a largement fait parler de lui en 2020 puisque c’est l’un des principaux acteurs mondiaux des équipements de diagnostic, fort demandés en période de pandémie.  Sur les trois dernières années, l'entreprise présente un bêta extrêmement faible, égal 0,2. En somme, quand le Stoxx 600 affichait une baisse de 1%, le titre de l’action lui ne baissait que de 0,2%, même mécanique quand l’indice variait à la hausse. Cette faible corrélation avec les variations de marché est principalement due à son secteur d’activité. Pendant la crise sanitaire, donc sur l’année 2020, le bêta (en données quotidienne) de la société était de l’ordre de 0,06. Il n’y avait quasiment aucune corrélation entre les mouvements du Stoxx 600 et la variation de prix du titre l’entreprise.

Fondamentalement, l’entreprise présente de bons chiffres. Sur une période de 2017 à 2020, le résultat net a augmenté en moyenne de 19% par an (résultat un peu biaisé par le fait qu’en 2020 le résultat a augmenté de 50%). La société touche une marge bénéficiaire qui reste stable au-dessus des 10% sur la période, et le consensus s’accorde pour une légère hausse du bénéfice par action à l’avenir. Compte tenu de ses fondamentaux solides et de son caractère défensif, bioMérieux est généreusement valorisée.

Stoxx Europe 600 vs bioMérieux ; Source : Zonebourse.com

  • Colruyt :

Traversons la frontière pour atterrir chez nos amis belges avec Colruyt N.V. : la société de grande distribution fait partie d’un des secteurs les plus résilients, celui de la consommation non-cyclique. Ce dernier est l’archétype du secteur défensif, peu importe la situation économique dans laquelle nous nous trouvons, la priorité revient aux produits de base comme la nourriture ou les médicaments. La majorité de son chiffre d’affaires se fait nationalement (90%), mais la société est aussi implantée en France, ou elle réalise près de 10% de son CA. Le bêta calculé sur notre période vaut 0,17. En comparaison, son cousin français Carrefour, qui pèse deux fois plus lourd en bourse, présente un bêta de 0,57 sur la période par rapport au STOXX Europe 600. 

Colruyt, qui pèse près de 7 milliards d'euros, possède des fondamentaux solides et dégage un free cash-flow supérieur à 100 millions depuis 3 ans. La valeur ne présente que très peu de croissance de par la nature de son activité.

Stoxx Europe 600 vs Colruyt ; Source : Zonebourse.com

  • Viscofan :

Et enfin un coup d'œil sur Viscofan, qui fait partie de la catégorie des champions du monde méconnus. En l’occurrence, l’Espagnol est le roi, cela ne s’invente pas, de la peau de saucisson (36% de parts de marché mondiales quand même). La société capitalise 3 milliards d’euros. Son activité principale génère 95% de son chiffre d’affaires. Les 5% restants proviennent de… la production d'électricité. Au regard des trois années passées, quand le Stoxx Europe 600 variait de 1%, le titre Viscofan affichait un moins ample mouvement de 0,20% . Être numéro 1 dans un marché de niche facilite grandement la décorrélation des rendements par rapport à ceux de l’indice de référence. Le compte de résultat de l’entreprise présente de bon chiffres. La croissance du chiffre d’affaires est saine et stable, aux alentours de 5,5% par an en moyenne. Les marges brutes sont élevées, 70% depuis 4 ans. Et enfin les marges nettes de l’entreprise sont supérieures à 12% sur la même période. Viscofan réalise ses ventes dans le monde entier, de façon bien répartie. La solidité financière de l’entreprise est claire, mais au vu de sa maturité elle ne présente que peu de croissance.

Le caractère défensif de Viscofan tient en la qualité de ses résultats, un endettement modeste et une rentabilité solide. Là encore, la contrepartie est une valorisation assez élevée , mais dans la moyenne du secteur.