Les trois premiers mois de Wall street promettaient d'être mouvementés, mais peu de gens s'attendaient à ce que le monde soit au bord d'une guerre commerciale totale et à ce que les investisseurs fuient Wall street aussi rapidement après le retour du président américain Donald Trump à la Maison Blanche.

Les investisseurs des marchés émergents ont été ébranlés par une série de crises nationales et les marchés britanniques sont confrontés à leur propre bilan alors que l'impact des tarifs douaniers de Trump devient apparent dans les données économiques mondiales.

Voici un aperçu de ce qui attend les marchés avec Rae Wee à Singapour, Lewis Krauskopf à New York, Naomi Rovnick, Karin Strohecker et Amanda Cooper à Londres.

1/TIARA TIME ?

Les actions américaines se vident de leur argent à l'un des rythmes hebdomadaires les plus rapides jamais enregistrés, et les liquidités trouvent leur place sur des marchés jusqu'alors négligés. Le STOXX 600 européen devrait gagner 9,3 % au premier trimestre, contre une perte de 4,5 % pour le S&P, soit sa meilleure performance par rapport à l'indice de référence américain au cours des 12 premières semaines de l'année depuis 2015.

Les valeurs de défense ont mené la charge à la hausse, les dirigeants européens ayant cherché des moyens de financer les dépenses de sécurité, le soutien des États-Unis ne semblant plus acquis. Les valeurs technologiques chinoises se sont envolées, avec un indice régional en hausse de plus de 30 %, tandis qu'un panier de grandes valeurs technologiques de Wall street est en baisse de 15 %.

Les actions mondiales, à l'exception des États-Unis, se dirigent vers leur meilleure performance au premier trimestre depuis 2019.

Fini le TINA - There Is No Alternative -. Les investisseurs envisagent TIARA - There Is A Real Alternative - pour les actions américaines.

2/ROUGH RIDE

Les baisses enregistrées ces derniers jours en Turquie, en Indonésie et en Colombie ont attiré l'attention des investisseurs sur les problèmes à évolution lente qui affectent certaines économies en développement.

Le retour à une politique monétaire orthodoxe au cours des deux dernières années a permis aux investisseurs d'apprécier à nouveau la Turquie. Mais l'arrestation par les autorités du maire d'Istanbul, Ekrem Imamoglu, principal rival politique du président Tayyip Erdogan, a provoqué une déroute de la lire et une forte baisse des actions et des obligations, ce qui a incité la banque centrale à relever ses taux de prêt au jour le jour.

Les inquiétudes concernant la stratégie fiscale et les perspectives de croissance de l'Indonésie ont ébranlé la roupie et les actions, ce qui a incité la banque centrale à intervenir. Par ailleurs, le ministre colombien des finances a démissionné à la suite d'affrontements sur les coupes budgétaires, quelques heures après que les parlementaires ont rejeté une réforme du travail proposée par le président de gauche Gustavo Petro, qui a déjà remplacé 12 de ses 19 ministres.

3/PLONGÉE DANS LES DONNÉES

Les investisseurs qui se méfient des signes de ralentissement de la croissance et de l'incertitude sur les tarifs douaniers recevront une série de nouvelles données américaines au cours de la semaine à venir, y compris un indicateur clé de l'inflation.

L'indice des prix des dépenses de consommation personnelle (PCE) de février, une mesure de l'inflation très surveillée, est attendu le 28 mars. Mercredi, la Réserve fédérale a revu à la hausse ses prévisions concernant l'indice PCE, estimant qu'il terminerait l'année à 2,7 %, contre une prévision précédente de 2,5 %, ce qui est supérieur à son objectif de 2 % pour l'inflation annuelle.

Le président de la Fed, Jerome Powell, a indiqué que la banque centrale américaine attendrait plus de clarté sur les politiques de l'administration Trump avant d'évaluer quand reprendre les réductions de taux.

Les mesures de la confiance et du sentiment des consommateurs seront également sous les feux de la rampe après que les ventes au détail américaines aient légèrement rebondi en février.

4/BLEAK BRITAIN

Les investisseurs britanniques sont sur le point de découvrir si la faible croissance et l'augmentation inattendue des emprunts ont fait déraper les objectifs budgétaires du gouvernement travailliste suffisamment pour que les marchés réclament un retour aux mesures d'austérité. Parallèlement à la déclaration de printemps de la ministre des finances, Rachel Reeves, le 26 mars, l'Office for Budget Responsibility (OBR) devrait revoir à la baisse les prévisions qui, en octobre, supposaient que le gouvernement se contenterait de respecter les règles de dépenses qu'il s'était lui-même imposées.

L'Institute for Fiscal Studies a prévenu que même un abaissement mineur de l'OBR obligerait Rachel Reeves à choisir entre des augmentations d'impôts, des réductions de dépenses ou des mois de "spéculation préjudiciable" sur ce qu'elle fera dans le budget d'automne.

Les coûts de la dette britannique à long terme fixés par les marchés des gilts sont inférieurs d'environ 15 points de base (pb) aux sommets atteints en janvier au cours de plusieurs décennies, après les promesses de réduction de la protection sociale faites par les travaillistes, mais les investisseurs obligataires sont en état d'alerte maximale, car ils craignent une violation des règles que le gouvernement ne pourrait pas réparer.

5/VÉRIFICATION DU POULS

L'Australie et Tokyo recevront leur bulletin d'inflation au cours de la semaine à venir, alors que les banquiers centraux du monde entier tentent d'évaluer l'impact des politiques tarifaires de Trump sur les pressions mondiales sur les prix.

Mercredi, les prix à la consommation australiens devraient être restés stables en février. Cela pourrait soutenir l'approche encore prudente de la Banque de réserve d'Australie en ce qui concerne les futures réductions de taux.

L'inflation à Tokyo est attendue vendredi, alors que la Banque du Japon (BOJ) continue de surveiller les pressions croissantes sur les prix intérieurs qui pourraient justifier un nouveau resserrement monétaire.

La BOJ a maintenu les taux inchangés lors de sa réunion de mars et a proposé peu d'indices sur le temps utile de sa prochaine hausse de taux. Toutefois, le gouverneur Kazuo Ueda a laissé entendre que la banque centrale pourrait procéder à une hausse avant même que la poussière ne retombe sur l'impact des droits de douane américains.