Les prix du pétrole ont chuté (le baril WTI sombrait de 6% après avoir déjà coulé de 5% sur les deux séances précédentes), car les investisseurs redoutent un ralentissement de la croissance mondiale. Ils se replient en désordre vers les valeurs refuges comme les obligations d'Etat et le yen japonais. Les marchés anticipent désormais des baisses de taux plus marquées de la part de la Réserve fédérale américaine et d’autres grandes banques centrales, pour inverser la tendance négative.

Mercredi, Donald Trump a imposé un droit de douane minimal de 10% sur la majorité des importations américaines, avec des hausses encore plus importantes visant des dizaines de pays, notamment les principaux partenaires commerciaux des Etats-Unis. La réponse de Pékin, vendredi, a conforté les pires craintes des investisseurs : une guerre commerciale mondiale est bel et bien engagée.

Les statistiques du marché du travail publiées vendredi aux Etats-Unis, qui ont montré des créations d'emplois bien supérieures aux attentes en mars, ne sont pas parvenues à rassurer.

En Europe, l’indice large STOXX 600 chutait lourdement de plus de 4% en séance. La veille, le Nasdaq 100 avait coulé de plus de 5% à New York. "La seule voie de sortie pour atténuer cette correction serait que des négociations s’amorcent ou que Trump revienne sur certaines mesures tarifaires", estime Aneeka Gupta, stratégiste actions et économiste chez WisdomTree. "Mais pour l’instant, cela semble très peu probable."

L’indice VIX, baromètre de la volatilité attendue sur les actions américaines, s’est envolé à 38 points, un sommet depuis août dernier.

ETF

6 ETF majeurs et leurs parcours 2025. Seul l'ETF obligataire affiche un parcours haussier dernièrement, même si les marchés émergents restent légèrement en territoire positif

Ruée vers les valeurs refuges

Vendredi, les opérateurs estimaient que la Fed pourrait réduire ses taux quatre à cinq fois cette année, contre 2 à 3 fois il y a quelques jours à peine. Comme à chaque fois que les marchés tanguent ces dernières années, la banque centrale américaine est vue comme l'ultime recours.

Le sauve-qui-peut est d'autant plus massif que les actions américaines ont drainé une bonne partie de l'épargne mondiale ces dernières années. Le climat d’incertitude a provoqué une ruée vers les obligations d'Etat : le rendement des Treasuries à 10 ans a chuté de 15 points de base à 3,92%, après une baisse de 14 points la veille (Les rendements évoluent en sens inverse des prix).

Parmi les secteurs qui paient le plus lourd tribut, on retrouve les valeurs bancaires, qui s'effondrent en Europe avec un STOXX Europe 600 de la spécialité en baisse de 8%. "C’est presque le mouvement inverse du trade TINA… Avant, il n’y avait pas d’alternative aux États-Unis. Aujourd’hui, tout le monde veut réduire son exposition aux États-Unis", résume Michael Metcalfe, de State Street Global Markets.

Extrait du palmarès STOXX EUROPE 600 pendant la séance du 4 février :

Tops :

Flops :

  • Boliden, Glencore (-10 à -15%) : les valeurs minières sont frappées de plein fouet par les craintes de ralentissement global.
  • Aegon, Société Générale, Banco de Sabadell… (-7 à -9%) : tout le secteur financier, banque et assureur, paie un lourd tribut au ralentissement. La sanction est d'autant plus forte que les financières s'étaient très bien comportées ces derniers mois.
  • Rolls-Royce, Leonardo, Alstom… (-5 à -8%) : les industrielles sont elles aussi fortement corrélées à la demande mondiale. Les sanctions tombent sur toutes les spécialités.