Les lendemains de jours fériés à Wall Street et à la City se ressemblent toujours un peu, surtout au printemps. La colonne des actualités d'entreprises est quasiment vierge, parce que les barbecues ont tourné à plein régime pendant le weekend. Quant aux boîtes mail, elles sonnent creux dans la mesure où les analystes et les communicants ont aussi mangé des steaks et des saucisses. Le tout arrosé de bière et de Chardonnay tiède, qui ne sont pas les meilleurs ingrédients pour accroître la productivité. En d'autres termes, il y a moins de choses à raconter ce matin que d'habitude. Il y a donc pas mal de papiers sur un sujet passe-partout, la faiblesse actuelle du dollar. Avec un degré de consanguinité entre articles presque aussi élevé qu'au fin fond d'une vallée alpine au XVIIIe siècle. Et je sais de quoi je parle, j'en viens ! Mais j'y reviendrai un peu après. Sur le dollar, pas sur l'histoire familiale, bande de malfaisants.
Il y a quand même eu une séance intéressante en Europe hier, hors Royaume-Uni donc si vous avez suivi le début de l'histoire. Je vais résumer les choses avec un seul indice, le Stoxx Europe 600. Vendredi, Donald Trump, visiblement contrarié par la lenteur des négociations commerciales avec l'Europe, annonce des surtaxes douanières de 50% sur les produits de l'UE importés aux Etats-Unis à partir du 1er juin. Pourquoi 50% ? Parce que c'est beaucoup, j'imagine, et que donc ça fait plus peur que 25%. Je ne pense pas qu'il y ait une approche scientifique dans ce chiffre. L'annonce entraîne le Stoxx Europe 600 en baisse de près de 1% à la clôture. Lundi, le Stoxx Europe 600 reprend près de 1% après que Donald Trump a annoncé que finalement, non, la date butoir est bien le 9 juillet pour les négociations commerciales. L'indice large européen revient à 550 points, c’est-à-dire le niveau d'avant la baisse de vendredi puis la hausse de lundi. Presque un jeu à somme nulle, même si le message était plutôt clair : "l'heure tourne, bande de sales Européens, signez un deal avec moi". Une petite baffe de rappel en quelque sorte, puisque ce mode de communication a l'air d'être tendance (on dit "chamaillerie" en français).
Comme il n'y a rien à raconter et que les deux grosses échéances hebdomadaires sont prévues plus tard dans la semaine, soit les résultats trimestriels de Nvidia (mercredi) et l'inflation PCE d'avril aux Etats-Unis (vendredi), il faut bien meubler. Le marché a choisi le dollar pour ça, alors qu'il affiche une baisse de près de 10% contre l'euro en 2025. Ce qui donne d'ailleurs lieu à des moments de grande platitude, comme cette déclaration d'une économiste dont je tairai le nom par respect pour elle : "Toute nouvelle annonce sur les droits de douane pourrait accroître la volatilité sur les marchés des devises et faire baisser le dollar". Sans blague ? Ou cette autre, prononcée par un stratégiste anglosaxon (qui n'avait manifestement pas été invité à un BBQ) : "à ce stade, le dollar pourrait aussi bien monter que baisser, en fonction des annonces des jours à venir". Tout l'inverse de Christine Lagarde, la cheffe de la BCE, qui s'est montrée plutôt offensive en matière de marché des changes. Elle a estimé que les politiques erratiques de Donald Trump offrent une "occasion unique" de renforcer le rôle international de l'euro et de permettre à la zone euro de bénéficier davantage des privilèges jusqu'à présent réservés aux Etats-Unis. Christine, tu risques d'avoir du mal à passer la douane américaine la prochaine fois avec ce genre de déclaration. A moins que Donald ne te trouve suffisamment effrontée pour te proposer le poste de Jerome Powell l'année prochaine.
Faute de chiffres d'entreprises, la mécanique macro américaine prendra encore plus de place au centre du jeu dans les semaines à venir, en particulier le quatuor taux, dollar, dynamique économique, dette. Le marché obligataire, qui reflète généralement assez bien le niveau de stress issu des variables précitées, reste en état d'alerte, même si les rendements à 10 ans (4,48% ce matin) et à 30 ans (4,99%) se sont légèrement repliés au cours du weekend. Cet après-midi, quatre indicateurs viendront alimenter le débat aux Etats-Unis entre 14h30 et 16h30 : les commandes de biens durables, l'indice des prix des maisons, l'indice de confiance des consommateurs du Conference Board et l'indice manufacturier de la Fed de Dallas.
En Asie Pacifique, l'Australie et le Japon sont en progression modérée, mais la Corée du Sud, Taiwan et l'Inde perdent 0,5 à 1%. En Chine, la méforme du compartiment automobile, pénalisé par la guerre des prix alimentée par BYD, fait reculer le Hang Seng de 0,2% et le Shanghai Composite de 0,3%. Les indicateurs avancés européens digèrent leur rebond de la veille, tandis que les futures américains clignotent en vert puisqu'ils n'ont pas encore pu répliquer la nouvelle volte-face de la Maison Blanche sur les droits de douane visant l'Europe.
Le CAC40 perdait 0,15% à 7816 points à l'ouverture. Le SMI était proche de l'équilibre à 12 317 points. Le Bel20 prend 0,25% à 4503 points.
Les temps forts économiques du jour
Au programme aujourd'hui : l'inflation française estimée du mois de mai, avant, aux Etats-Unis, les commandes de biens durables, l'indice des prix des maisons, l'indice de confiance des consommateurs du Conference Board et l'indice manufacturier de la Fed de Dallas. Tout l'agenda ici.
Les cotations sont celles du jour autour de 7h00 :
- Euro : 1,1396 USD
- Spread Bund / OAT : 68 points (-2%)
- VIX : 20,57 (-1,7%)
- Once d'or : 3345 USD
- Brent : 63,90 USD
- 10 ans US : 4,48%
- Bitcoin : 108 967 USD
Les principaux changements de recommandations
- Assa Abloy : Jefferies passe de conserver à acheter avec un objectif de cours relevé de 330 SEK à 375 SEK.
- Burberry Group : Barclays améliore son conseil de sous-pondérer à pondération de marché avec un objectif de cours relevé de 720 GBX à 1000 GBX.
- Danone : Landesbank Baden-Württemberg maintient sa recommandation de conserver avec un objectif de cours relevé de 70 à 75 EUR.
- Elior Group : Citigroup maintient sa recommandation d'achat avec un objectif de cours relevé de 3,80 à 4 EUR.
- FLSmidth : Goldman Sachs améliore sa recommandation de neutre à achat avec un objectif de cours relevé de 340 DKK à 430 DKK.
- H+H International : SEB Bank passe de conserver à acheter avec un objectif de cours relevé de 120 DKK à 180 DKK.
- HelloFresh : Landesbank Baden-Württemberg dégrade sa recommandation d'achat à conserver avec un objectif de cours de 11,50 EUR.
- IMI : Goldman Sachs passe d'acheter à neutre avec un objectif de cours réduit de 2220 GBX à 2120 GBX.
- KBC Groupe : Barclays maintient sa recommandation de surpondérer et relève l'objectif de cours de 95 à 102 EUR. Deutsche Bank maintient sa recommandation de conserver avec un objectif de cours relevé de 80 à 82 EUR.
- LVMH : HSBC maintient sa recommandation de conserver avec un objectif de cours réduit de 575 à 525 EUR.
- Merck : Bernstein maintient sa recommandation de performance de marché avec un objectif de cours réduit de 168 à 147 EUR.
- Nestlé : Jefferies reste à sous-performance avec un objectif de cours relevé de 75 à 77 CHF.
- Playtech : Redburn Atlantic passe d'acheter à neutre avec un objectif de cours réduit de 900 GBX à 400 GBX.
- Prysmian : Barclays maintient sa recommandation de surpondérer avec un objectif de cours relevé de 72 à 82 EUR.
- RS Group : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 900 à 700 GBX.
- Ryanair Holdings : Zacks maintient sa recommandation de surperformance et relève l'objectif de cours de 52 à 69 USD.
- Société Générale : AlphaValue/Baader Europe passe d'accumuler à acheter avec un objectif de cours relevé de 53,20 EUR à 66,50 EUR.
- Stellantis : Nomura maintient sa recommandation d'achat avec un objectif de cours réduit de 14,50 à 12,50 EUR.
- Vontobel : Octavian maintient sa recommandation de conserver avec un objectif de cours réduit de 66 à 63 CHF.
- Warehouses De Pauw : Bernstein maintient sa recommandation de sousperformance et réduit l'objectif de cours de 23,50 à 22,50 EUR.
En France
Annonces importantes (et moins importantes… Je précise que les informations sont données à chaud avant l'ouverture et ne préjugent pas de la couleur des actions pendant la séance)
- Sanofi a finalisé le rachat d'un anticorps à la biotech américaine Dren Bio pour un montant total pouvant atteindre 1,67 Md€. Par ailleurs, Sanofi et VNVC lancent une usine de vaccins au Vietnam.
- L'Italie restera un marché clé pour BNP Paribas, déclare le directeur de la filiale locale.
- GTT signe un partenariat avec Emerson Marine Solutions.
- Spie inaugure ses premières stations de recharge rapide à Châteauroux.
- Elis vise une croissance organique de 4% à moyen terme.
- La coentreprise de JCDecaux et Aéroports de Paris remporte un contrat publicitaire à l'aéroport d'Amman.
- Vallourec va racheter 1,2 million d'actions d'ici le 20 juin.
- Eramet confirme la nomination de Paulo Castellari au poste de directeur général.
- Exail Technologies devient la première entreprise européenne de défense à rejoindre le marché de cotation américain OTCQX.
- Arverne Group est entré en négociations avec Hydro Energy Invest en vue de renforcer la participation d'Arverne Group au capital de sa filiale Lithium de France.
- The Blockchain Group émet 63,3 M€ d'obligations convertibles.
- Nicox annonce jusqu’à 3 M€ de paiements d’étapes de la part de Kowa en 2025.
- Les principales publications du jour : Soitec, Precia, Derichebourg… Le reste ici.
Dans le vaste monde
Annonces importantes (et moins importantes)
D'Europe
- Les ventes de voitures en Europe reculent légèrement en avril.
- HSBC va supprimer une grosse série de postes en analyse.
- ThyssenKrupp prépare son démantèlement pour se transformer en société holding.
- Saab réaffirme ses objectifs financiers.
- Scania (Traton) lancera en octobre son centre de production chinois après 2 Mds€ d'investissements, sa troisième base de fabrication mondiale après celles de Suède et du Brésil.
- Volvo Car va supprimer 3000 emplois dans le cadre d'une réduction des effectifs administratifs.
- Le PDG de Banca Monte dei Paschi estime que l'accord avec Mediobanca pourrait être un tremplin vers quelque chose de plus grand.
- Clariant rejette l'accusation de violation du droit de la concurrence portée par OMV.
- Serco finalise l'acquisition de l'unité MT&S de Northrop Grumman.
- AstraZeneca déclare qu'Imfinzi est recommandé dans l'UE pour le cancer de la vessie.
- La division Mode de Sonae va vendre Modalfa et Zippy.
- Les principales publications du jour : Lundberg, Assura, Lem Holding…
D'Amérique du Nord
- Les immatriculations de Tesla plongent de 49% en avril dans l'UE.
- Fin de la gratuité : Southwest Airlines facturera 35 dollars pour le premier bagage enregistré, selon le WSJ.
- Les principales publications du jour : PDD Holdings, The Bank of Nova Scotia, AutoZone, Okta…
D'Asie Pacifique et d'ailleurs
- Les actions chinoises du secteur automobile souffrent après que BYD a proposé des primes à la reprise.
- Sony va présenter les arguments en faveur de la scission de sa branche financière.
- Toyota prévoit de transférer une partie de la production de sa voiture de sport GR Corolla au Royaume-Uni pour l'export vers les Etats-Unis.
- Bunge renonce à acquérir le spécialiste du soja brésilien CJ Selecta.
- Les principales publications du jour : Xiaomi, Life Insurance Corporation of India, Kuaishou Technology...
Le reste de l'agenda mondial des publications ici.
Lectures
- L'UE prévoit un test de résistance à grande échelle des hedge funds et du private equity (Financial Times, en anglais).
- L'équation commerciale impossible de Trump (Project Syndicate, en anglais).
- Pourquoi l'Amérique du Nord ne parle-t-elle pas français ? (Uncharted Territories, en anglais).
- Mark Zuckerberg aime désormais MAGA. MAGA l'aimera-t-il un jour en retour ? (Bloomberg, en anglais).
- De Yaoundé à Dakar, les grandes cessions contrariées de la Société générale en Afrique (La Lettre).