(Reuters) - Wall Street est attendue de nouveau en baisse lundi et les Bourses européennes plongent encore à mi-séance, après de nouveaux propos de Donald Trump sur les droits de douane, allant dans le sens d'une guerre commerciale quoi qu'il en coûte, et alors que l'Union européenne prépare sa riposte.

Le repli à New York pourrait toutefois être moindre que redouté à l'ouverture des futures sur indices new-yorkais qui indiquaient alors des replis de 4% à 5%.

Vers 11h15 GMT, les contrats à terme indiquent un recul de 1,68% pour le Dow Jones, de 1,75% pour le Standard & Poor's-500 et de 2,11% pour le Nasdaq.

À Paris, le CAC 40 perd 4,20% à 6.969,74 points après avoir perdu jusqu'à 7% plus tôt en séance. À Francfort, le Dax recule de 4,24% et à Londres, le FTSE 100 cède 3,76%.

L'indice EuroStoxx 50 est en baisse de 4,19%, le FTSEurofirst 300 chute de 4,18% et le Stoxx 600 baisse de 4,13%. Ce dernier accuse désormais un repli de plus de 16% depuis son record en clôture du 3 mars dernier.

Barclays a abaissé lundi sa prévision de fin d'année pour le STOXX 600 à 490 points contre 580 prévus le mois dernier, et une clôture à 493,33 vendredi, citant les risques de récession liés aux droits de douane.

Donald Trump a prévenu dimanche les gouvernements étrangers qu'il leur faudrait verser "beaucoup d'argent" pour lever les vastes droits de douane décidés par Washington, décrivant ces taxes comme un "médicament" et indiquant ne pas être préoccupé par le plongeon des marchés financiers.

En Asie, la Bourse de Hong Kong a connu lundi sa plus forte baisse journalière (-13,2%) depuis 1997 et celle de Taiwan (-9,7%) a accusé son plus fort repli en une séance jamais enregistré.

Pékin a riposté dès vendredi aux droits de douane américains par ses propres mesures commerciales, aggravant les turbulences sur les marchés financiers, tandis que l'Union européenne réfléchit à ses contre-mesures. Les ministres des Vingt-Sept chargés du Commerce sont réunis ce lundi à Luxembourg pour avancer vers une position commune.

Les investisseurs estiment que le risque croissant de récession pourrait amener la Réserve fédérale américaine (Fed) à réduire ses taux d'intérêt dès le mois de mai.

"L'ampleur et l'impact perturbateur des politiques commerciales américaines, s'ils sont maintenus, seraient suffisants pour faire basculer une expansion américaine et mondiale encore saine dans la récession", a déclaré Bruce Kasman, responsable des affaires économiques chez JP Morgan, estimant le risque de récession à 60%.

"Nous continuons à prévoir un premier assouplissement de la Fed en juin", a-t-il ajouté. "Cependant, nous pensons maintenant que le comité réduira ses taux à chaque réunion jusqu'en janvier, ce qui ramènera le haut de la fourchette cible des taux d'intérêt à 3,0%", a souligné Bruce Kasman.

LES VALEURS À SUIVRE À WALL STREET

Les grandes banques américaines baissent en avant-Bourse, le contexte pesant sur les perspectives des activités de banque d'investissement et de banque de détail. MORGAN STANLEY perd 5,3%, CITIGROUP 5,1%, GOLDMAN SACHS 4,7%. BANK OF AMERICA, JPMORGAN CHASE et WELLS FARGO perdent plus de 3%.

VALEURS EN EUROPE

Le secteur bancaire chute de 5%, portant son repli à près de 18% depuis le 2 avril. BNP Paribas perd 3,10%, Crédit Agricole abandonne 3,78% et Société Générale perd 3,08%.

L'indice des entreprises de l'aérospatiale et de la défense perd 4,35%. Rheinmetall chute de 3,13%, Dassault Aviation abandonne 4,72%, Thales chute de 3,83% et Saab perd 3,04%.

Après les droits de douane américains, Bernstein a réduit lundi sa prévision de croissance pour le secteur du luxe pour 2025. LVMH perd 3,20% et Kering chute de 6,18%.

TAUX

Les rendements à court terme de la zone euro ont atteint un nouveau plus bas de deux ans et demi lundi, alors que les investisseurs parient davantage sur de nouvelles réductions de taux de la Banque centrale européenne.

Le rendement du Bund allemand à deux ans, le plus sensible aux anticipations sur la politique monétaire, perd 11,1 points de base à 1,7451%.

Le taux allemand à dix ans, référence pour la zone euro, affiche une baisse de 6,7 points de base à 2,5510%.

Aux Etats-Unis, le rendement des emprunts à deux ans chute de 9,2 points de base à 3,5775% tandis que celui des Treasuries à dix ans se stabilise à 3,9829%.

CHANGES

Les investisseurs se réfugient lundi vers le dollar, le yen et le franc suisse dans le contexte de déroute sur les places boursières mondiales.

Le billet vert perd 0,07% face à un panier de devises de référence tandis que l'euro gagne 0,04% à 1,0959 dollar.

Le yen profite de son caractère d'actif refuge et gagne encore 0,47% face au dollar, à 146,21 yen pour un dollar.

PÉTROLE

Les prix du pétrole accentuent leurs pertes, l'escalade des tensions commerciales entre les États-Unis et la Chine alimentant les craintes d'une récession qui réduirait la demande de pétrole brut alors que l'Opep+ prépare une augmentation de l'offre.

Le Brent perd 2,47% à 63,96 dollars le baril et le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) est en baisse de 2,65% à 60,35 dollars.

(Rédigé par Mara Vîlcu et Diana Mandiá, édité par Blandine Hénault)

par Mara Vilcu et Diana Mandia