Le groupe français de luxe Chanel a annoncé mardi qu’il poursuivrait ses investissements massifs cette année, profitant de ses importantes réserves financières alors que d’autres acteurs du secteur se montrent plus prudents. Le groupe prévoit l’ouverture de nouveaux magasins en Chine et aux États-Unis, et ce, malgré la volatilité persistante sur ces deux marchés.
« Nous continuons d’évoluer dans une période très incertaine », a déclaré à Reuters Philippe Blondiaux, directeur financier du groupe.
Il a toutefois souligné des « signes positifs de stabilisation » en Chine et à Hong Kong, tout en estimant qu’il était « encore trop tôt pour affirmer » que la région avait franchi un cap. Les discussions en cours sur les droits de douane génèrent également « beaucoup d’incertitude ».
Malgré une baisse de 4,3 % de son chiffre d’affaires l’année dernière, la maison française, célèbre pour son logo aux deux C entrelacés, ses sacs matelassés et son parfum N°5, indique vouloir maintenir le niveau d’investissement de 1,8 milliard de dollars atteint l’an passé, soit une hausse de 43 % par rapport à l’année précédente. Chanel investira également 600 millions de dollars dans sa chaîne d’approvisionnement, en internalisant une partie de sa production, notamment via l’acquisition de parts dans un fournisseur de soie en France et un joaillier en Italie.
Pour l’exercice clos au 31 décembre, les ventes de Chanel ont atteint 18,7 milliards de dollars, pénalisées par le ralentissement en Chine, tandis que le résultat opérationnel a chuté de 30 %.
Chanel prévoit d’ouvrir 48 nouveaux points de vente cette année, près de la moitié étant situés aux États-Unis et en Chine, mais aussi au Mexique, en Inde et au Canada. Seuls six de ces nouveaux magasins seront dédiés à la mode.
« La volatilité macroéconomique et géopolitique représente indéniablement un défi pour les entreprises, et nous avons constaté l'impact de ces conditions sur les ventes dans certains marchés », a souligné la directrice générale mondiale Leena Nair.
Chanel, qui a augmenté ses prix d’environ 3 % l’an dernier pour suivre l’inflation, pourrait procéder à de nouvelles hausses cette année, en fonction de la conjoncture, selon Blondiaux. La flambée du prix de l’or pourrait entraîner des hausses plus marquées pour la joaillerie, a-t-il ajouté.
Leena Nair a par ailleurs indiqué que le nouveau directeur de la création Matthieu Blazy, nommé en décembre en remplacement de Virginie Viard, n’envisageait pas de lancer une collection masculine, un sujet régulièrement évoqué dans l’industrie.
L’arrivée de Blazy intervient dans un contexte de vaste réorganisation créative, avec l’arrivée de nouveaux talents à la tête de grandes maisons telles que Gucci, Dior, Balenciaga ou Valentino, alors que les dirigeants cherchent à relancer la croissance des ventes.
Chanel appartient aux frères français Alain et Gérard Wertheimer.
L’an dernier, LVMH, premier groupe mondial du luxe, a vu ses ventes progresser de 1 %, les marchés américain et européen compensant le repli asiatique, tandis qu’Hermès, qui surperforme ses concurrents, a enregistré une croissance de près de 15 % dans toutes les régions, y compris l’Asie.
Les groupes de luxe espéraient que le marché américain permettrait de sortir rapidement de la morosité cette année, mais l’incertitude autour des droits de douane a douché ces espoirs. Le cabinet Bain anticipe désormais une baisse des ventes du secteur comprise entre 2 % et 5 % cette année.