C'est du moins le scénario que projette l'Agence internationale de l'énergie (EIA), qui prévoit une nette augmentation de la demande de pétrole en 2023, une croissance principalement expliquée par la reprise de la Chine. L'EIA table sur une augmentation de 2.2 millions de barils par jour (mbj) en 2023, ce qui totalise une demande de 101.6 mbj pour cette année. Relevons ici que cette croissance s'accélère puisque cette dernière est estimée à 1.8 mbj pour cette 2022, toujours selon les modèles de l'EIA.

Le hic, parce qu'il y en a un, c'est que l'offre peine à suivre la cadence infernale imposée par la demande. D'abord, les spécialistes du marché estime que la production russe devrait au mieux se stabiliser sur ses niveaux actuels, alors que celle-ci s'est déjà contractée de près de 10% depuis le début de la guerre en Ukraine. Deuxièmement, il est difficile de compter sur un sursaut de la production de l'OPEP dans la mesure où la plupart des membres du cartel parviennent difficilement à atteindre leurs quotas de production. Enfin, du côté des Etats-Unis, si les prix élevés devraient faire bondir la production nationale, force est constater que les producteurs américains restent toujours sur la réserve, en témoigne le nombre d'appareils de forage en activité, qui augmente bien moins vite que les prix du baril. Plus concrètement, l'Agence américaine de l'énergie (AIE) estime que l'offre américaine devrait atteindre 11.92 mbj en 2022 puis 12.97 en 2023, soit approximativement son niveau pré-pandémique.

A la lumière de ces éléments, il paraît difficile d'entrevoir une décrue profonde des prix dans un avenir proche. Jusqu'à présent, les Etats occidentaux ont substitué la pénurie d'offre en libérant des millions de barils de leurs réserves stratégiques, mais tachons de garder à l'esprit que cette solution n'est que temporaire et qu'elle ne peut résoudre à elle seule le déséquilibre offre/demande, qui risque de s'intensifier et d'accentuer davantage la pression sur les prix.

Graphiquement, en données hebdomadaires, les prix ont marqué le pas. Un prix plafond semble se dessiner autour de 125 USD, niveau qui a jusqu'à présent neutralisé la fièvre acheteuse.  Malgré les récents dégagements, la tendance de fond demeure positive. Si un large trading range peut se mettre en place entre 100 et 125 USD, rappelons tout de même que ce sont les acheteurs qui gardent la main tant que les cours évolueront au-dessus de niveau des 100 USD le baril.