Après cinq mois de monotonie, les marchés pétroliers sortent de leur torpeur suite à la décision de l’OPEP+ d’accroître les réductions de production déjà en vigueur, de 500.000 barils par jour. Cet accord porte le volume de pétrole retiré de l'offre mondiale par les pays signataires à 1,7mbj (millions de barils par jour) au cours du premier trimestre 2020. Le marché se montrera attentif au respect de ces nouveaux quotas, plus particulièrement à la performance de la Russie, dont la production a atteint un record post-soviétique l’année dernière. Le Royaume saoudien se montre quant à lui exemplaire avec une production en moyenne de 9.83 mbj sur le mois de décembre et demeure sur la bonne voie pour atteindre ses nouvelles limites de production fixée à 9.7 mbj à partir d’aujourd’hui.  

A ces bonnes dispositions sur l’offre vient se greffer un vent d’espoir sur le front commercial et indirectement sur la croissance de la demande de brut. La conclusion d’un accord à minima entre Pékin et Washington raisonne comme la promesse d’une embellie de la croissance économique mondiale, une condition essentielle pour voir le marché pétrolier s’équilibrer durablement. 

Les cours pétroliers se sont ainsi nettement redressés sur les dernières semaines. Toutefois, force est de constater que les avancées restent modestes et que les opérateurs ne cèdent pas à l’euphorie. En cause, le rapport tranché de l’Agence Internationale de l’Energie (AIE) qui s’attend à une augmentation du déséquilibre offre/demande, et ce, malgré les efforts réalisés par le cartel pétrolier et ses alliés. Les mêmes incertitudes rythmeront l’année 2020, à savoir la croissance de la demande de pétrole mais aussi la dynamique de la production américaine, qui tutoie la barre des 13 mbj alors que les Etats-Unis deviennent exportateurs net de pétrole (et produit pétroliers).

Sur le front géopolitique, si les tensions se sont atténuées à la frontière turco-syrienne et au Yémen, elles pourraient nettement s’intensifier en Libye. Les combats opposant les forces pro-Haftar et celles du Gouvernement d’Union Nationale (GNA) s’amplifient et se rapprochent de la capitale, tandis que la Turquie s’est dite prête à intervenir militairement pour soutenir Tripoli (le Parlement turc a ratifié une motion autorisant le déploiement de troupes en Libye). Plus récemment, l’attaque de l’ambassade américaine à Bagdad par des manifestants pro-iraniens crispe davantage les relations entre Washington et Téhéran.

Techniquement, en données hebdomadaires, aucune tendance ne se dessine clairement malgré la forte avancée des cours du brut sur un an. Le prix du Brent rencontre effectivement un obstacle de taille à l’approche des 68 USD, niveau qui a fait résistance en juillet et septembre 2019. Une respiration est à privilégier sous cette ligne et seul son débordement permettrait de libérer un potentiel de hausse en direction de 70 USD.