par Marc Angrand

Wall Street est attendue en vive hausse et les Bourses européennes progressent de plus de 2% à mi-séance lundi, effaçant une partie de leurs pertes de la semaine dernière, les espoirs placés par les investisseurs dans la reprise de l'activité l'emportant sur les risques de dommages économiques durables des mesures de confinement des derniers mois.

Les contrats à terme sur les principaux indices new-yorkais signalent une ouverture en progression de 1,3% environ pour le Nasdaq et de plus de 1,5% pour le Dow Jones et le Standard & Poor's 500.

À Paris, le CAC 40 gagne 2,17% à 4.370,32 points à 11h05 GMT. A Londres, le FTSE 100 prend 2,18% et à Francfort, le Dax avance de 2,84%.

L'indice EuroStoxx 50 est en hausse de 2,2%, le FTSEurofirst 300 de 1,97% et le Stoxx 600 de 2,07%.

Ce dernier a cédé 3,76% la semaine dernière et le CAC 40 5,98%, leur plus mauvaise performance hebdomadaire depuis la mi-mars, principalement en raison des craintes d'une reprise plus lente que prévu de l'économie mondiale après le pic des mesures de confinement liées à la pandémie de COVID-19.

Mais les investisseurs semblent reprendre espoir au vu, entre autres, du début de réouverture des cafés et restaurants en Italie et de la levée partielle des restrictions en place depuis plusieurs semaines à New York ou en Espagne.

Ils s'appuient aussi sur les propos de Jerome Powell, le président de la Réserve fédérale, selon lesquels, en l'absence d'une deuxième vague de l'épidémie de COVID-19, l'économie américaine pourrait bénéficier d'une reprise progressive au second semestre après la très forte contraction attendue au deuxième trimestre.

L'optimisme l'emporte ainsi sur les derniers chiffres reflétant l'ampleur du choc en cours, comme la contraction de 3,4% en rythme annualisé de l'économie japonaise au premier trimestre.

"Il y a de plus en plus de signes qui montrent que la situation économique, même si elle est loin d'être bonne, commence à s'améliorer. Nous continuons d'observer de premiers signes de retournement des indicateurs quotidiens et hebdomadaires", résument les stratèges de Lombard Odier dans une note, en citant entre autres les indicateurs de mobilité de la population dans les pays sortis du confinement ou le rebond de la demande d'essence.

Plus prudents, ceux de Barclays constatent que "les économies européennes et américaine ont probablement touché le fond en avril et redémarrent lentement" mais ajoute que "les incertitudes concernant le virus et le regain de tension commerciale USA-Chine suscite des doutes sur la rapidité de la reprise".

LES VALEURS À SUIVRE À WALL STREET

VALEURS EN EUROPE

Les plus fortes hausses sectorielles en Europe profitent à des secteurs cycliques à commencer par les matières premières (+5,36%) et l'automobile (+3,78%).

Les pétrolières bénéficient en outre de la hausse des cours du brut, qui permet à l'indice Stoxx européen du pétrole et du gaz de progresser de 4,22%. BP prend 5,46%, Eni 5,44% et Total 5,88%.

Ce dernier est également favorisé par l'annonce de l'abandon du projet de rachat d'activités d'Occidental Petroleum au Ghana et celle de l'acquisition d'actifs de gaz et d'électricité d'EDP au Portugal.

Thyssenkrupp prend 5,73% après les informations de Reuters selon lesquelles le groupe allemand discute avec plusieurs sidérurgistes d'une possible alliance. Parmi les candidats potentiels à un partenariat, ArcelorMittal s'adjuge 4,81% et le suédois SSAB 6,79%.

TAUX

Après un début de séance en hausse, les rendements des emprunts d'Etat de référence européens sont repartis à la baisse, une inversion de tendance qui s'explique par les propos de l'économiste en chef de la Banque d'Angleterre (BoE), Andy Haldane, selon lesquels la banque centrale n'exclut pas le recours à des taux négatifs.

Celui du Bund allemand à dix ans recule de 1,2 point de base à -0,539%.

Son équivalent français revient à -0,035% après être monté dans les premiers échanges à 0,005% en réaction à la dégradation de la perspective de Fitch Ratings sur la note souveraine AA de Paris, à "négative" contre "stable".

La baisse est plus marquée sur le marché britannique: le dix ans revient à 0,211% tandis que le deux ans cède plus de quatre points de base à -0,034%.

CHANGES

Le dollar est en légère baisse face à un panier de devises de référence, le regain général d'appétit pour le risque le privant de son attrait de valeur refuge.

L'euro se traite autour de 1,0810 dollar.

La livre sterling évolue au plus bas depuis fin mars face au dollar et à l'euro après les nouveaux signes de blocage des discussions sur l'accord "post-Brexit" avec l'Union européenne et les propos de l'économiste en chef de la BoE sur les taux négatifs.

PÉTROLE

L'optimisme sur la reprise de l'activité économique profite aussi au marché pétrolier: le Brent gagne 6% à 34,45 dollars le baril, à un pic d'un mois, et le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) prend 8,15% à 31,83 dollars, au plus haut depuis la mi-mars.

Le contrat juin sur le WTI expire mardi mais il est peu probable que cette échéance soit l'occasion d'une répétition du plongeon du mois dernier, qui avait fait basculer le cours à terme en territoire négatif.

MÉTAUX

Le cours de l'once d'or est en hausse de 1,26% à 1.762,99 dollars sur le marché spot, après un pic à 1.764,46, son plus haut niveau depuis 2012, les traders sur les métaux précieux privilégiant le scénario d'une reprise lente qui obligerait les banques centrales à maintenir longtemps des taux bas.

(Marc Angrand, édité par Blandine Hénault)