L'Arabie saoudite va tripler le taux de sa taxe sur la valeur ajoutée (TVA) et suspendre le versement d'une prime mensuelle aux fonctionnaires, a annoncé lundi le ministre des Finances, alors que le royaume est confronté au double choc de l'effondrement des cours du pétrole et de la récession mondiale provoquée par le coronavirus.

"La prime sur le coût de la vie va être suspendue à partir du 1er juin et la taxe sur la valeur ajoutée va être portée de 5% à 15% à partir du 1er juillet", déclare Mohamed al Djadaane dans un communiqué repris par l'agence de presse saoudienne.

"Ces mesures sont douloureuses mais nécessaires pour préserver la stabilité financière et économique à moyen et long termes (...) et pour surmonter avec le moins de dégâts possibles la crise sans précédent du coronavirus."

La prime mensuelle de 1.000 riyals (246,50 euros) versée aux quelques 1,5 million de Saoudiens employés dans la fonction publique a été créée en 2018 à la demande du roi Salman à la suite de la hausse des prix du gaz et de l'instauration de la TVA dans le pays.

Les mesures d'austérité annoncées lundi ont été décidées alors que l'Arabie saoudite, premier exportateur mondial de pétrole, a affiché un déficit budgétaire de 9 milliards de dollars (8,32 milliards d'euros) au premier trimestre, marqué par une brève guerre des prix pétroliers avec la Russie et par le ralentissement brutal de l'activité mondiale en raison de la pandémie de COVID-19.

Alors que le royaume s'efforce de réduire sa dépendance au pétrole dans le cadre d'un vaste programme de transformation économique élaboré par le prince héritier Mohamed ben Salman, le gouvernement a aussi décidé d'annuler ou de geler les investissements de certaines administrations et de réduire les fonds alloués à diverses réformes ou projets pour une valeur totale de 100 milliards de riyals, a annoncé le ministre des Finances.

Les réserves en devises étrangères de la banque centrale saoudienne ont chuté en mars à leur rythme le plus rapide depuis au moins 20 ans pour tomber à leur plus bas niveau depuis 2011 tandis que les revenus pétroliers au premier trimestre ont plongé de 24% sur un an à 34 milliards de dollars.

(Marwa Rashad, avec Davide Barbuscia à Dubaï; version française Bertrand Boucey, édité par Blandine Hénault)