(Actualisé avec fin de la réunion, réaction du NPD)

BERLIN, 5 décembre (Reuters) - L'Allemagne a fait un pas important vers l'interdiction du Parti national-démocrate (NPD), avec le vote mercredi des ministres de l'Intérieur des 16 Länder qui se sont prononcés pour la poursuite de la procédure judiciaire contre la formation d'extrême droite.

La recommandation des ministres des Etats fédérés doit être approuvée par les ministres-présidents, jeudi, avant un vote à la Chambre haute (Bundesrat), qui représente les 16 Länder, le 14 décembre.

Trois mois supplémentaires seront ensuite nécessaires pour que la question soit examinée par la Cour constitutionnelle de Karlsruhe, laissant planer le doute sur le fait qu'une interdiction puisse être prise avant les élections législatives de septembre 2013.

L'interdiction des partis politiques reste un sujet particulièrement sensible en Allemagne, marquée par le souvenir des persécutions politiques menées par les régimes nazi et communiste contre leurs opposants.

"Nous courons le risque politique de redorer le blason d'un parti qui est déjà en train de disparaître", a reconnu Hans-Peter Friedrich, le ministre de l'Intérieur, à l'issue de la réunion. "Il faudra que tout le monde se demande: en quoi cela sera-t-il profitable au NPD en terme de propagande ?"

Des militants du NPD, qui a déjà fait l'objet d'une tentative d'interdiction inaboutie en 2003, ont manifesté mercredi devant le bâtiment où se tenait la réunion des ministres, dans la station balnéaire de Warnemünde.

Au cours d'une conférence de presse, Holger Apfel, président du NPD, a affirmé qu'il ne croyait pas à l'interdiction de son parti.

"Un parti qui n'a rien fait d'interdit ne peut pas être interdit dans un Etat de droit", a-t-il dit, devant une bannière sur laquelle était écrit : "Par amour pour notre patrie".

Dieter Graumann, président du conseil central des juifs d'Allemagne, a de son côté salué la décision des ministres et a regretté que le NPD, qui obtient des scores électoraux assez élevés dans certains Länder pour bénéficier de financements publics, "reçoivent l'argent des contribuables pour diffuser sa propagande".

Le NPD, fondé en 1964 et jugé "raciste, antisémite et négationniste" par les services allemands de renseignement, est représenté dans les parlements de deux Länder et reçoit un million d'euros de financements publics par an. (Madeline Chambers, Sabine Siebold et Eril Kirschbaum; Agathe Machecourt et Julien Dury pour le service français)