Paris (awp/afp) - Les marchés boursiers ont réagi négativement jeudi aux perspectives de politique monétaire des grandes banques centrales des deux côtés de l'Atlantique pour l'an prochain qui font craindre pour la croissance.

Les places européennes accentuaient leur repli de la veille: Paris lâchait 1,22%, Francfort 1,17% et Milan 1,03% vers 13H00 GMT. Londres reculait plus modestement (-0,38%). A Zurich, le SMI cédait 1,06%.

A Wall Street, les contrats à terme sur les principaux indices américains auguraient un repli au lendemain d'une clôture en baisse.

L'Asie a terminé dans le rouge jeudi, démoralisée par la Fed mais aussi par la chute des ventes au détail en Chine en novembre, plus sévère que prévu (-5,9% sur un an).

La Fed a réduit le rythme de son resserrement monétaire mercredi en relevant comme prévu son principal taux directeur d'un demi-point de pourcentage, après l'avoir augmenté de trois-quarts de point les quatre fois précédentes, pour maîtriser la plus forte inflation aux Etats-Unis depuis 40 ans.

Mais elle a confirmé qu'elle allait continuer à remonter ses taux pour mater l'inflation et s'attend maintenant à ce que son principal taux directeur d'intérêt dépasse 5% l'an prochain, un niveau plus élevé que celui indiqué précédemment.

L'institution s'est montrée plus pessimiste sur l'évolution de la hausse des prix l'an prochain, sur le chômage et sur la croissance de la première économie mondiale.

"Le message de la banque centrale est clair: l'inflation reste un problème et le travail est loin d'être fini", résument les experts d'Aurel BGC.

Dans la lignée de la Réserve fédérale, d'autres banques centrales ont décidé de continuer à donner la priorité à la lutte contre l'inflation.

La Banque d'Angleterre (BoE) a également relevé son taux directeur de 0,5 point de pourcentage et considéré que "de nouvelles hausses pourraient être nécessaires".

Elle devrait être suivie par la Banque centrale européenne qui publiera sa décision à 13H15 GMT.

La Banque centrale suisse a estimé aussi qu'il était "trop tôt pour baisser la garde" en procédant à une hausse d'un demi-point de son taux directeur. La Banque de Norvège a pour sa part relevé son taux de 0,25 point à 2,75%, et laissé entrevoir une poursuite du resserrement monétaire au premier trimestre de 2023.

L'évolution des politiques monétaires inquiète d'autant plus que les investisseurs craignent que les taux d'intérêt élevés poussent l'économie mondiale en récession.

Ces craintes se manifestent à travers une inversion marquée de la courbe des rendements des taux entre les obligations à court terme et celles à long terme.

Coup de pompe dans le luxe ___

Le plongeon de la consommation des ménages en Chine en novembre pénalisait les valeurs du luxe: Kering chutait de 4,38%, Hermès de 2,44% et LVMH de 2,20% vers 12H40 GMT à Paris. Ailleurs en Europe, Moncler baissait de 1,98%, Richemont de 2,29% et Burberry de 1,30%.

La tech aussi accuse le coup ___

Les valeurs technologiques accusaient le coup de la confirmation d'un resserrement monétaire prolongé de la Fed. A Tokyo, Sony a par exemple reculé de 0,94% et le groupe d'automation industrielle Keyence a lâché 1,82%. A Paris, Worldline chutait de 4,47%, STMicroelectronics de 2,65%, Dassault Systèmes de 1,54%. A Francfort, Delivery Hero perdait plus de 3%.

Tesla cédait 1,09% dans les échanges électroniques avant Bourse. Elon Musk a cédé, en début de semaine, pour environ 3,6 milliards de dollars d'actions supplémentaires de Tesla, dont il est le patron, selon un document publié mercredi par le régulateur américain des marchés, la SEC.

Le dollar reste résistant ___

Le dollar remonte jeudi face à la livre et à l'euro au lendemain de la décision de la Réserve fédérale américaine (Fed) de relever ses taux de 50 points de base. Le billet vert prenait 0,76% face à la monnaie européenne qui s'échangeait à 1,0623 dollar vers 12H45 GMT. Le dollar progressait de 0,76% face à la devise britannique, à 1,2330 dollar pour une livre.

Le pétrole se stabilise après ses gains depuis le début de la semaine: le baril de WTI américain s'effritait de 0,06% à 77,21 dollars et le baril de Brent de la mer du Nord grappillait 0,12% à 82,80 dollars.

afp/rp