Paris (awp/afp) - Déjà absorbés par la perspective d'un resserrement monétaire, les marchés boursiers reculaient vendredi après plusieurs indicateurs décevants aux États-Unis et des résultats bancaires disparates.

Wall Street poursuivait son repli de la veille : le Dow Jones cédait 0,96%, l'indice Nasdaq, à forte composition technologique, perdait 0,36%, et l'indice élargi S&P 500, abandonnait 0,62%.

En Europe, Paris perdait 0,42%, Francfort 0,55% et Milan 0,95% vers 15H10 GMT. Londres évoluait à l'équilibre (-0,02%). A Zurich, le SMI cédait 0,55%.

Les ventes au détail aux États-Unis ont nettement reculé en décembre par rapport à novembre, décevant les analystes, après deux mois fastes.

"Un rapport solide aurait été positif pour l'économie, mais aurait également alimenté l'argument en faveur d'un resserrement plus rapide, qui n'est pas particulièrement bien accueilli en ce moment", note Craig Erlam, analyste d'Oanda.

La production industrielle a également reculé aux États-Unis en décembre après deux mois de hausse soutenue, surprenant les analystes qui tablaient sur une légère progression. Et la confiance des consommateurs s'est dégradée légèrement en janvier.

Mais face à des prix à la consommation qui ont grimpé de 7% en 2021, leur plus forte hausse en près de 40 ans, la puissante banque centrale américaine est résolue à agir, et vite.

La future vice-présidente de la banque centrale américaine (Fed), Lael Brainard, a fait bien prendre jeudi la mesure aux marchés de sa détermination à lutter contre l'inflation.

Se disant "très préoccupée par le niveau élevé de l'inflation", elle a assuré que les actions de la banque centrale allaient le faire baisser en augmentant les taux directeurs pour faire reculer la consommation.

Des propos clairs qui confirment dans l'ensemble les derniers messages de la Fed.

"Le marché a eu besoin qu'on lui répète ce qui lui avait été dit (...) mais par une autre voix que celle qu'il connaît habituellement, qui est celle de Jerome Powell", observe Alexandre Baradez, analyste chez IG France au cours d'un point presse en ligne.

Mme Brainard a aussi estimé nécessaire d'être "attentif aux risques potentiels pour la stabilité financière", c'est à dire de "surveiller les exagérations de certaines classes d'actifs", note l'expert.

Le taux d'intérêt de la dette américaine à 10 ans remontait à 1,74% après une nette détente la veille l'ayant fait passer à 1,69%.

La pression sur la Fed va rester forte à l'approche des élections législatives de mi-mandat aux États-Unis.

La persistance de taux d'inflation élevés pourrait impliquer des hausses de taux encore plus importantes que les trois ou quatre actuellement anticipés par les opérateurs de marché.

De son côté, la Banque centrale européenne s'attend à voir l'inflation élevée de ces derniers mois, fortement poussée par l'énergie, perdre en vigueur courant 2022, a déclaré vendredi sa présidente Christine Lagarde.

Les investisseurs sont rentrés dans le vif des résultats d'entreprises, avec les grandes banques américaines.

Les techs vulnérables ___

Les valeurs du secteur technologiques montraient leur vulnérabilité face aux anticipations de hausse des taux d'intérêt.

À Paris, STMicroelectronics perdait 1,87% Worldline 2,67%. A Francfort, Infineon lâchait 2,17% à 39,18 euros.

Banques américaines en baisse ___

JPMorgan Chase glissait (-5,74% à 158,57 dollars) était taclé pour avoir publié un chiffre d'affaires trimestriel inférieur aux attentes.

Également sanctionné, Citigroup (-2,26% à 66,25 dollars), qui a pourtant fait mieux qu'anticipé à la fois sur son chiffre d'affaires et son bénéfice.

Le dollar faiblit, la livre monte ___

Le dollar est pénalisé depuis une semaine par les anticipations de resserrement monétaire de la Fed. La monnaie européenne cédait 0,12% à 1,1440 dollar vers 15H00 GMT, après avoir atteint plus tôt 1,1483 dollar pour un euro, un sommet depuis mi-novembre.

Du côté du pétrole et du bitcoin ___

Les cours du pétrole rebondissaient vendredi et atteignaient des plus hauts en plus de deux mois. Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en mars, contrat le plus échangé à Londres, prenait 1,22% à 85,50 dollars, vers 15H00 GMT.

Quant au baril de West Texas Intermediate (WTI) pour livraison en février, il montait de 1,17% à 83,08 dollars.

Le bitcoin prenait 0,47% à 43.030 dollars, après avoir perdu 2,2% la veille.

afp/rp