Paris (awp/afp) - Les marchés mondiaux reculaient nettement lundi, inquiets de possibles nouvelles hausses de taux et des tensions géopolitiques entre Chine et Etats-Unis.

Les places boursières européennes effacent en grande partie leurs gains de la fin de semaine dernière, enregistrés après les annonces de banques centrales. Paris perdait 1,43%, Francfort 1,03%, Londres 0,80% et Milan 0,73% vers 12H30 GMT. A Zurich, le SMI cédait 0,55%.

Wall Street s'annonçait en repli de 0,5% à 1% selon les contrats à terme des trois principaux indices.

En Asie, les indices chinois ont reculé de 2,02% à Hong Kong et de 0,76% à Shanghai. La Bourse de Tokyo a progressé de 0,67% grâce au recul du yen.

"Les acteurs du marché étaient très nerveux aussi à cause des effets géopolitiques du ballon chinois sur la côte américaine", note Andreas Lipkow, analyste indépendant.

Après que les Etats-Unis ont abattu samedi le ballon chinois qui survolait leur sol depuis plusieurs jours, le gouvernement chinois a estimé que les Etats-Unis avaient "gravement affecté et endommagé" les relations entre les deux pays et le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a reporté sa visite à Pékin.

"Cela remet en cause la dynamique d'accalmie des tensions entre les deux grandes puissances qui avait commencé avec l'entrevue entre (les deux présidents) Xi et Biden mi-novembre", explique Xavier Chapard, de l'équipe de recherche et stratégie de La Banque Postale AM.

Par ailleurs, les investisseurs vont continuer de jauger l'action des banques centrales et d'anticiper l'évolution des taux d'intérêt cette année.

De nombreuses prises de paroles de banquiers centraux américains et européens sont au programme de la semaine, notamment Jerome Powell, le patron de la Réserve fédérale américaine (Fed), mardi et Christine Lagarde, présidente de la Banque centrale européenne (BCE), mercredi.

Des gouverneurs de la BCE ont réaffirmé à plusieurs occasions, depuis la réunion de l'institution de la semaine dernière, leur détermination à poursuivre les hausses de taux tant que l'inflation ne se rapprochera pas de l'objectif de 2%.

La semaine passée, les annonces de la Fed et de la BCE ont satisfait les investisseurs mais des chiffres sur l'emploi américain plus élevés qu'attendu ont poussé les marchés dans le rouge.

Pour Ipek Ozkardeskaya, analyste de Swissquote Bank, ces données solides sur l'emploi peuvent être "une mauvaise nouvelle, parce que le marché du travail tendu continue de stimuler l'inflation, ou une bonne nouvelle, parce que l'inflation reste sur une trajectoire de décélération malgré la solidité du marché de l'emploi".

Lundi, les taux d'emprunt des Etats reculaient encore, celui de la dette allemande à 10 ans revenait à son niveau de mercredi, avant les annonces des banques centrales, à 2,29% vers 12H30 GMT contre 2,19% à la clôture de vendredi.

Luxe, technologie, tourisme trinquent ___

Les craintes géopolitiques liées à la crise diplomatique entre la Chine et les Etats-Unis pénalisaient les valeurs du luxe, très exposées à la Chine, et du tourisme.

Les compagnies aériennes Lufthansa (-1,34%) et Easyjet (-1,35%) reculaient, tout comme le croisiériste Carnival (-3,80%) ou le groupe hôtelier InterContinental (-1,04%).

Dans le luxe, LVMH cédait 2,03%, Kering 3,12%, Moncler 3,95% et Richemont 2,57%.

La hausse des taux d'intérêt pesaient de plus sur la valorisation des entreprises du secteur du luxe, tout comme sur celui de la technologie.

STMicroelectronics se repliait de 2,83%, Infineon de 2,46% et Zalando de 5,05%.

Du côté des devises, du pétrole et de l'or ___

Le yen perdait du terrain, pénalisé par l'idée que le prochain dirigeant de la Banque du Japon (BoJ) pourrait poursuivre une politique monétaire très souple, après des informations du quotidien économique Nikkei.

Il reculait de 0,66% face au billet vert à 132,06 yens pour un dollar vers 12H30 GMT.

L'euro cédait 0,22% à 1,0771 dollar pour un euro.

Les cours du pétrole progressent légèrement après les nouvelles sanctions contre Moscou: le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en avril gagnait 0,89% à 80,65 dollars.

Son équivalent américain, le baril de West Texas Intermediate (WTI) pour livraison en mars, avançait de 0,23% à 73,56 dollars.

afp/rp