Paris (awp/afp) - La France travaille à diversifier ses approvisionnements en gaz naturel et à se passer de la Russie, qui représentait environ 17% de ses importations avant l'invasion de l'Ukraine mais réduit désormais drastiquement ses livraisons vers l'Europe.

Le géant Gazprom a même annoncé mercredi la suspension de toutes ses livraisons de gaz vers l'Europe via le gazoduc Nord Stream.

"Depuis la guerre en Ukraine nous avons cherché à réduire notre sensibilité au gaz russe et à remplacer ces approvisionnements russes par du gaz d'autres provenances", a souligné lundi Claire Waysand, directrice générale adjointe d'Engie, plus important fournisseur de gaz en France, lors d'une table ronde organisée par le patronat français.

Avant la guerre en Ukraine, les importations françaises de gaz naturel provenaient à 36% de la Norvège, principal fournisseur de la France, devant la Russie (17%), l'Algérie (8%), les Pays-Bas (8%), le Nigeria (7%) et le Qatar (2%), selon des données de 2020 du ministère de la Transition écologique.

"Les achats auprès d'autres pays, dont une partie porte sur du gaz pour lequel le lieu de production ne peut pas être tracé" représentent 23 % des entrées brutes, rappelle le ministère.

"Leur développement traduit une diversification des approvisionnements permise par l'importation de gaz naturel liquéfié (GNL)", ajoute-t-on de même source.

TotalEnergies reçoit des cargos de GNL en provenance de la Russie, dans le cadre de contrats long terme avec Yamal GNL, qu'elle honore en tant qu'un de ses actionnaires, tant que les gouvernements européens ne prennent pas de sanctions contre le gaz russe.

"Pas l'hiver prochain"

La France, qui compte actuellement quatre terminaux méthaniers à Montoir-de-Bretagne, Fos-sur-mer (deux terminaux) et Dunkerque, en construit un cinquième au large du Havre.

Elle suit ainsi une tendance observée à l'échelle de l'Europe: alors qu'avant la crise, l'UE importait en temps normal 1.500 GWh par jour de GNL, elle en importe désormais environ 4.000 GWh par jour. Elle compense ainsi une tendance inverse concernant le gaz importé par gazoduc, passé parallèlement de 7.700 GWh par jour à 5.700, a indiqué le ministère de la Transition énergétique.

Les Etats-Unis sont l'un des principaux pays à avoir permis la progression des importations de GNL sur le continent : ils représentaient 28% du GNL arrivé en Europe en 2021, et 45% au premier semestre 2022.

"Nous avons diversifié nos importations pour n'être plus dépendants qu'à hauteur de 9% du gaz russe", a rappelé mercredi la ministre de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher.

Le remplissage des stocks de gaz atteindra par ailleurs près de 100% "dans environ 2 semaines", a-t-elle rappelé.

En ce qui concerne la diversité des origines, le gouvernement a indiqué que "des annonces seront faites prochainement" sur une possible augmentation des livraisons de gaz algérien, après une visite d'Emmanuel Macron en Algérie pendant laquelle le président de la République était accompagné notamment de la présidente d'Engie, Catherine MacGregor.

"Des discussions sont en cours avec la Sonatrach, qui est l'opérateur algérien", a abondé Mme Waysand, nuançant toutefois : "Ce sont des discussions sur des contrats de moyen-long-terme, donc on n'est pas en train de parler de l'hiver prochain."

Elle estime toutefois que, "pour l'hiver prochain nous avons les volumes qui nous sont nécessaires à passer l'hiver à climat moyen", à l'unisson du gouvernement, plus inquiet en cas d'hiver rude.

afp/al