Londres (awp/afp) - Le géant énergétique britannique BP a revu en baisse ses prévisions de consommation d'énergie mondiale à long terme à cause de l'invasion russe de l'Ukraine, qui pèse sur l'économie et donc sur la demande d'hydrocarbures.

BP a par conséquent diminué de 2,3% ses prévisions de consommation énergétique en 2035 dans le monde par rapport à celles publiées l'an passé, selon son scénario "new momentum", celui qui reflète le plus la direction actuelle du marché face à deux autres hypothèses plus optimistes concernant la baisse des émissions de CO2.

Ce recul des prévisions de BP pour la consommation mondiale d'énergie en 2035 est attribué à une baisse de 5% de la demande de pétrole et de 6% pour le gaz naturel, indique le groupe britannique dans un rapport annuel publié lundi.

Depuis le début du conflit en Ukraine, la forte baisse des livraisons énergétiques de la Russie et la flambée des factures de pétrole et gaz ont conduit beaucoup de consommateurs et d'entreprises à faire des économies d'énergie, accélérant aussi les efforts de transition vers une production énergétique plus locale et souvent plus verte.

Mais BP avertit malgré tout que "les émissions de CO2 ont augmenté chaque année depuis les accords de Paris", en 2015, sur les objectifs de neutralité carbone - à l'exception de 2020, pic de la pandémie de coronavirus -, et appelle à plus de soutien gouvernemental pour accélérer la décarbonisation.

"L'ampleur des perturbations économiques et sociales l'an passé (...) illustre la nécessité d'une transition énergétique ordonnée", insiste Spencer Dale, chef économiste de BP, cité dans la publication du groupe.

Selon les prévisions de BP, la demande pétrolière devrait culminer d'ici dix ans environ avant de reculer, principalement à cause de l'électrification automobile.

D'après le groupe, le pétrole devrait malgré tout garder un rôle majeur dans le mix énergétique mondial pour les 15 à 20 années à venir.

Dans son scénario "new momentum", la demande de gaz naturel augmente encore pendant les décennies à venir, avant de se stabiliser vers 2045.

L'essentiel de la croissance de la production d'électricité devrait venir du solaire et de l'éolien, poursuit BP, ajoutant que "la capture et le stockage de carbone vont jouer un rôle central".

Le déclin naturel des gisements d'hydrocarbures existants "signifie qu'il faudra des investissements continus dans l'exploration et la production de pétrole et gaz sur les trente prochaines années", soutient BP.

Une affirmation dénoncée par l'ONG écologiste Greenpeace, selon une déclaration reçue par l'AFP. "Il est encourageant de voir que l'accent sur la sécurité énergétique mène à un déploiement plus rapide des renouvelables (...) mais le message principal de ces scénarios est que le monde est loin d'atteindre les objectifs des accords de Paris", déplore Greenpeace.

afp/rp