New York (awp/afp) - Les cours du pétrole ont confirmé leur inflexion à la hausse lundi, sur un marché désormais habitué à l'idée d'un ralentissement économique mondial et qui s'est recentré sur la problématique de l'offre, toujours insuffisante.

Le prix du baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en août a grimpé de 1,74%, pour clôturer à 115,09 dollars.

Le baril de West Texas Intermediate (WTI) américain, pour livraison le même mois, a lui pris 1,81%, à 109,57 dollars.

Pour Daniel Ghali, de TD Securities, le marché sort d'une séquence durant laquelle "les craintes de récession ont été le catalyseur de ventes massives ces dernières semaines".

Durant cette période, selon lui, de nombreux investisseurs qui s'étaient positionnés à la hausse pour accompagner la flambée des cours jusqu'ici sont sortis du marché, "ce qui a poussé trop loin la consolidation" et fait descendre les cours trop bas au regard des fondamentaux.

Mercredi, le WTI avait ainsi frôlé la barre des 100 dollars, en-deçà de laquelle il n'est plus descendu depuis un mois et demi.

"Donc le marché est paré pour un rebond", a fait valoir Daniel Ghali, qui évoque le décalage entre la récente plongée du pétrole et le maintien des prix de l'essence et du gasoil à des niveaux historiquement élevés.

"On a digéré des mauvaises nouvelles la semaine dernière (sur l'état de l'économie), mais au final, il ne semble pas qu'une solution approche pour l'Ukraine et cela n'augure rien de bon pour les prix dans un avenir proche", a ajouté Stephen Schork, analyste et auteur du Schork Report.

La montée des cours de l'or noir a aussi été alimentée lundi par plusieurs informations concernant l'offre, notamment l'annonce de la Compagnie nationale libyenne de pétrole (NOC), qui a averti qu'elle pourrait déclarer l'état de "force majeure" sur les installations du golfe de Syrte, dont le blocage est lié à la crise politique qui frappe le pays depuis des mois.

"Peu de capacités supplémentaires"

Cela entraînerait une suspension de ses engagements de livraison à l'étranger.

Par ailleurs, le ministre des ressources pétrolières du Nigeria, Timipre Sylva, a affirmé lundi que les membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) et leurs alliés de l'accord Opep+ avaient "très peu de capacités supplémentaires".

Selon Daniel Ghali, le marché n'attend aucune surprise de la réunion de l'Opep+, jeudi, qui devrait aboutir à un nouveau relèvement de 648.000 barils par jour en août, identique à celui décrété pour juillet.

Les opérateurs accordaient peu de crédit au projet du G7 de mettre en place un mécanisme pour plafonner, au niveau mondial, le prix du pétrole russe. Les dirigeants des pays les plus industrialisés du monde ont été jusqu'ici assez avares de détails sur les modalités de ce dispositif.

"Les seuls pays qui commercent vraiment avec les Russes en ce moment sont les Chinois et les Indiens, et ils ne se sont engagés à rien", a commenté M. Schork. Ni la Chine ni l'Inde ne sont membres du G7.

M. Schork a également rappelé que le pétrole russe faisait déjà l'objet de rabais massifs depuis le début de l'invasion de l'Ukraine, pour pouvoir écouler un brut dont beaucoup se sont détournés du fait des sanctions et du risque de réputation.

afp/rp