New York (awp/afp) - Les marchés mondiaux ont nettement reculé lundi, nerveux devant la perspective de la poursuite du resserrement monétaire, la montée des rendements obligataires et les tensions géopolitiques sino-américaines.

En Europe, la place parisienne a abandonné 1,34%, celle de Francfort 0,84% et Londres 0,82% après avoir toutefois fortement progressé depuis le début de l'année. A Zurich, le SMI a cédé 0,58%.

La Bourse de New York a poursuivi son repli, encore ébranlée par les créations d'emplois élevées annoncées vendredi aux Etats-Unis qui font craindre une poursuite des hausses de taux d'intérêt sous la pression des banques centrales.

Le secteur technologique, très sensible à la montée du coût de l'argent qui grève ses capacités d'investissements, a mené la perte, l'indice Nasdaq chutant de 1,00%. Le Dow Jones a cédé 0,10% et le S&P 500 0,61%.

"Les inquiétudes sur les taux d'intérêt ont soulevé à nouveau la question des rendements, ce qui pèse sur les valeurs technologiques américaines", commente l'analyste allemand Andreas Lipkow.

La semaine dernière, les banques centrales américaine (Fed) et européenne (BCE) ont clairement signalé qu'elles prévoyaient de nouveaux relèvements de taux prochainement mais les marchés ont semblé faire la sourde oreille, poursuivant leur hausse, jusqu'à la publication du rapport sur l'emploi américain vendredi.

Le dynamisme plus fort que prévu des créations d'emplois fait craindre une poursuite des tours de vis monétaires.

Les opérateurs tablent désormais sur deux relèvements d'un quart de point lors des deux prochaines réunions de la Fed, avant une pause, alors qu'ils privilégiaient jusqu'ici une seule hausse d'ici l'été.

Sur le marché obligataire, ces anticipations se traduisent par une nette remontée des taux d'emprunt des Etats. Le rendement des bons du Trésor à deux ans, qui réagissent le plus vivement à l'évolution des taux d'intérêt, bondissait à 21H35 GMT à 4,47% contre 4,28% vendredi. Ceux à 30 ans se tendaient nettement également à 3,64% contre 3,52%.

"Même si l'économie s'affaiblit, l'inflation et les taux directeurs devraient rester plus élevés pendant plus longtemps que ne le prévoit le marché", estime Erik L. Knutzen, responsable de l'investissement chez Neuberger Berman.

La situation devrait s'éclaircir ces prochains jours après des prises de parole du patron de la Fed, Jerome Powell, mardi et de la présidente de la BCE, Christine Lagarde, mercredi.

Lundi, Robert Holzmann, membre du conseil des gouverneurs de la BCE, a fait valoir dans une conférence à Budapest, que "le risque d'un resserrement monétaire excessif était "inférieur au risque d'en faire trop peu" pour ramener l'inflation vers l'objectif de 2%, selon l'agence d'informations financières Bloomberg.

Par ailleurs, les tensions géopolitiques avec l'incident du ballon chinois survolant les Etats-Unis et abattu samedi par Washington, n'ont pas aider à remonter le moral des investisseurs.

Cette semaine encore, les marchés vont aussi continuer à suivre les publications de résultats d'entreprises.

Luxe et technologie à la peine ___

Les craintes géopolitiques liées à la crise diplomatique entre la Chine et les Etats-Unis ont pénalisé surtout les valeurs du luxe.

En France, LVMH a perdu 1,83%, Kering 3,78% et Hermès 2%.

La hausse des taux d'intérêt pèse de plus sur les valorisations dans les secteurs du luxe et de la technologie: STMicroelectronics s'est replié de 2,16% et l'allemand Infineon de 1,77%.

Du côté des devises, du pétrole et de l'or ___

Les cours du pétrole ont rebondi lundi, soutenus par la crainte de dégâts sur des oléoducs après le séisme qui a touché la Turquie et la Syrie ainsi que par les incertitudes autour de l'entrée en vigueur de nouvelles sanctions sur le pétrole russe.

Le prix du baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en avril, qui avait terminé vendredi sous le seuil symbolique de 80 dollars pour la première fois depuis le 9 janvier, a gagné 1,3% pour finir à 80,99 dollars.

Son équivalent américain, le baril de West Texas Intermediate (WTI) pour livraison en mars, a progressé de 1% pour clôturer à 74,11 dollars.

Le dollar a repris la main face aux principales devises. Vers 20H40 GMT, le billet vert prenait 0,63% face à la monnaie unique, à 1,0727 dollar pour un euro, après avoir grimpé jusqu'à 1,0710 dollar, au plus haut depuis près d'un mois.

afp/rp