Paris (awp/afp) - Les Bourses mondiales attendaient patiemment la première hausse depuis 2011 des taux de la Banque centrale européenne (BCE). Aussi affairés aux publications de résultats, les investisseurs gardaient un oeil sur la crise politique italienne et les livraisons de gaz russe en Europe.

Les places européennes ne dégageaient pas de tendance notable: vers 09h40, Paris reculait légèrement de 0,09%, Francfort cédait 0,23% et Londres 0,26%. Quant à la Bourse suisse, elle voyait son indice phare SMI reculer vers 10h15 de 0,09%.

La Bourse de Milan chutait elle sensiblement, soit de 1,88%, secouée par la crise du gouvernement italien qui devrait déboucher sur la démission de son chef Mario Draghi, après la défection de trois partis importants de sa coalition.

En Asie, Hong Kong perdait 1,61% dans les derniers échanges et Shanghai a cédé 0,99%. La Bourse de Tokyo a gagné 0,44%. La Banque du Japon a laissé jeudi inchangée sa politique monétaire ultra-accommodante, conformément aux attentes de la plupart des économistes, tout en relevant sensiblement ses prévisions d'inflation pour le pays.

L'actualité des marchés est chargée: réunion de la Banque centrale européenne, résultats d'entreprises, réouverture du gazoduc Nord Stream 1 après dix jours de maintenance et crise politique en Italie. La BCE va augmenter ses taux d'intérêt pour la première fois en plus de dix ans face à l'inflation galopante. Mais reste à savoir s'il s'agira d'un relèvement de seulement 25 points de base ou, comme le pensent un nombre croissant d'experts sur les marchés, directement de 50 points de base.

Pour parer une éventuelle distorsion entre les taux d'emprunt des pays de la zone euro, la BCE va aussi dévoiler jeudi les contours d'un nouveau bouclier "anti-fragmentation". Conçu pour aplanir les écarts entre taux d'emprunt -ou "spreads"- entre pays emprunteurs sans risque, comme l'Allemagne, et d'autres plus fragiles, comme l'Italie, les conditions strictes d'utilisation de cet outil doivent être définies, les gardiens de l'euro n'ayant pas le droit d'aider budgétairement les gouvernements.

"L'instabilité politique en Italie n'aide pas la BCE à gérer les coûts d'emprunt italiens", souligne Michael Hewson, analyste de CMC Markets. Le taux de la dette italienne à 10 ans grimpait de plus de 12 points de base pour atteindre 3,496% vers 07H35 GMT. Et l'écart entre ce taux et l'équivalent allemand, qui fait référence en zone euro, s'accentuait également de 0,1 point de pourcentage.

Le président du Conseil italien Mario Draghi est arrivé dans la matinée à la présidence de la République où il devrait remettre sa démission au chef de l'Etat Sergio Mattarella. Cette démission "signifie des élections anticipées à l'automne en Italie, et le chaos politique au moins jusqu'à cette date", prévient Ipek Ozkardeskaya, analyste chez SwissQuote.

Dans l'attente des déclarations de la présidente de la BCE Christine Lagarde, les investisseurs digèrent une salve de résultats d'entreprises. Mercredi, la Bourse de New York a conclu dans le vert, surtout tirée par le secteur technologique du Nasdaq, notamment un bond de plus de 7% de Netflix.

Le gaz coule à nouveau

Bonne nouvelle pour l'économie européenne, la Russie a rouvert le robinet du gaz vers l'Europe, mais l'incertitude demeure sur les quantités acheminées, réduites à 40% des capacités de livraison par Gazprom mi-juin. Le prix du gaz naturel européen de référence, le TTF néerlandais, se détendait et reculait de 2,90% à 150,55 euros le mégawattheure vers 09h35. La nouvelle bénéficiait aux actions des énergéticiens allemands, à l'image de RWE (+1,47%), EON (+0,89%) et Uniper (+1,71%).

Bonnes ondes pour Nokia

L'équipementier télécoms finlandais Nokia a annoncé un bénéfice net en hausse de 31% au deuxième trimestre par rapport à la même période en 2021 et vise maintenant la partie haute de ses prévisions de ventes nettes. Son action grimpait de 5,23% à Helsinki.

Du côté du pétrole et du bitcoin

Les prix du pétrole continuaient de baisser. Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en septembre perdait 0,61% à 106,27 dollars vers 09h35. Celui de West Texas Intermediate (WTI) américain pour livraison en septembre, dont c'est le premier jour d'utilisation comme contrat de référence, baissait de 0,80% à 99,09 dollars.

Le bitcoin perdait 1,11% à 23'000 dollars.

afp/vj