Paris (awp/afp) - Les marchés boursiers réagissaient négativement mardi à la décision de la Banque du Japon (BoJ) de modifier légèrement sa politique monétaire, une surprise de la part de l'institution qui était restée ultra-accommodante jusqu'ici contrairement aux autres banques centrales.

Le yen grimpait de 3,47% face au dollar à 132,32 yens pour un dollar vers 11H55 GMT. La Bourse de Tokyo a terminé en forte baisse de 2,46% après avoir momentanément perdu jusqu'à 3% en séance.

La place tokyoïte a été dominée par des "ventes de panique" après la publication de la décision de la BoJ, a déclaré à l'AFP Ryuta Otsuka de Toyo Securities.

L'institution monétaire a annoncé qu'elle tolérerait désormais une fluctuation des rendements des obligations publiques japonaises à dix ans entre -0,5% et +0,5%, "afin d'améliorer le fonctionnement du marché". Elle fixait jusque-là un plafond de 0,25%.

"Malgré les démentis, il semble bien que Kuroda (le gouverneur de la BoJ, NDLR) soit en train (...) de faciliter le chemin de son successeur pour normaliser la politique" monétaire de l'institution, estime Neil Wilson, analyste de Finalto.

"Il est difficile pour le marché de ne pas y voir un signal implicite de la BoJ indiquant que sa politique de la dernière décennie a changé et doit changer", ajoute-t-il.

L'impact dépassait les frontières des actifs japonais: les Bourses chinoises se sont repliées et les places européennes ont ouvert en recul. Vers 11H55 GMT, Paris perdait 0,43%, Londres 0,12%, Francfort 0,41% et Milan 0,11%.

Wall Street s'annonçait en ordre dispersé à l'ouverture: le contrat à terme du Dow Jones grappillait 0,08%, celui du S&P 500 cédait 0,12% et celui du Nasdaq 0,28%.

Les rendements obligataires progressaient également dans le sillage des annonces de la BoJ. Le taux de la dette japonaise à 10 ans s'est immédiatement rapproché du nouveau plafond en grimpant à 0,40% contre 0,25% la veille. Les taux d'intérêt souverains européens progressaient également.

Les craintes de récession après le resserrement monétaire des banques centrales européenne, américaine, et de nombreuses autres dans le monde, continuaient d'occuper l'esprit des investisseurs.

Bonne nouvelle sur le front de l'inflation, en Allemagne, les prix à la production ont sensiblement reculé de 3,9% en novembre par rapport à octobre, tout en restant en hausse de 28% sur un an.

"Il semble que la dynamique de l'inflation se soit considérablement ralentie", a commenté Jens-Oliver Niklasch, économiste chez LBBW .

Petrofac s'annonce en perte

Le groupe d'ingénierie pétrolière britannique Petrofac dévissait de 10,16% à Londres, après avoir dit prévoir une perte d'exploitation d'environ 100 millions de dollars en 2022, plombé par des dépassements de coûts dans sa division Ingénierie et construction.

Du côté du gaz, du pétrole et des devises

Le contrat de référence du gaz naturel européen, le TTF néerlandais, reculait de 3,41% vers 11H55 GMT, à 104,85 euros le mégawattheure, après une baisse de plus de 9% lundi.

Il se situe très loin du plafond fixé à 180 euros par les Etats membres de l'Union européenne, qui se sont entendus lundi sur un mécanisme visant à contenir les prix du gaz en période de tension.

Les prix du pétrole montaient légèrement mardi, soutenus par l'optimisme autour d'une éventuelle reprise de la demande en Chine et par le lancement de la reconstitution des réserves stratégiques américaines. Le baril de WTI américain prenait 1,21% à 76,10 dollars et le baril de Brent de la mer du Nord gagnait 0,21% à 79,97 dollars.

Sur le marché des changes, l'euro prenait 0,35% à 1,0644 dollar pour un euro et la livre 0,24% à 1,2177 dollar.

Le bitcoin avançait de 1,38% à 16'815 dollars.

afp/ck