Paris (awp/afp) - Les marchés boursiers ont confirmé mardi leur rebond amorcé la veille, la crise de confiance dans le système financier semblant s'apaiser grâce aux différentes mesures prises pour circonscrire les risques de contagion, les investisseurs se concentrant sur la réunion de la banque centrale américaine (Fed).

Les places financières européennes ont monté copieusement de 1,42% à Paris, de 1,75% à Francfort et de 1,79% à Londres, sans compenser toutefois les pertes de la semaine passée générées par des craintes concernant la solidité du système bancaire. A Zurich, le SMI a gagné 1,4%.

Rudement attaquées la semaine dernière, les valeurs bancaires ont continué de redresser la barre à l'instar d'UBS (+12,12%), Deutsche Bank (+6,05%), Commerzbank (+7,44%) ou encore BNP Paribas (+4,15%) et Société Générale (+4,30%).

Après ses lourds déboires, Credit Suisse a repris 6,96% et la banque américaine First Republic, encore laminée à Wall Street lundi, s'est envolée de presque 30%.

Ce rebond des titres bancaires intervient deux jours après le sauvetage in extremis de Credit Suisse, racheté une bouchée de pain par sa concurrente et compatriote UBS.

La Bourse de New York a regagné également du terrain, soutenue par un rebond des actions bancaires: l'indice Dow Jones a avancé de 0,98%, l'indice élargi S&P 500 de 1,30% et le Nasdaq de 1,58%.

Après les grosses pertes enregistrées la semaine dernière, les rendements obligataires ont rebondi eux aussi.

Pour Steve Sosnick, stratégiste en chef chez Interactive Brokers, "les problèmes bancaires sont passés à l'arrière-plan": "il est peut-être un peu tôt pour dire qu'on est complètement sorti du bois mais on n'a pas entendu parler de nouveaux problèmes sur une banque cette semaine et c'est une bonne nouvelle pour le marché".

Néanmoins, selon Andreas Lipkow, analyste indépendant, "les évolutions du secteur financier américain sont toujours surveillées et le comportement de la Fed demain (mercredi) ne doit pas être sous-estimé".

Les gouvernements et autorités monétaires, tant aux Etats-Unis après la faillite des établissements Silicon Valley Bank (SVB) et Signature Bank, qu'en Europe avec Credit Suisse, ont apporté des réponses fortes pour rassurer.

Malgré les fortes turbulences depuis la faillite de SVB, la confiance des déposants "est forte" dans les banques européennes, qui sont réputées solides, a affirmé mardi Andrea Enria, haut responsable de la Banque centrale européenne (BCE).

Devant l'Organisation des banquiers américain (ABA) à Washington, la secrétaire américaine au Trésor Janet Yellen a assuré pour sa part que les réponses apportées par la Fed depuis une semaine "fonctionnent comme prévu pour fournir des liquidités au système bancaire" et que "les retraits d'argent des banques régionales se sont stabilisés".

La Fed dans une posture délicate ___

Après la BCE, qui a poursuivi la semaine dernière le cap du resserrement monétaire sans s'engager sur le prochain mouvement de taux, les investisseurs observeront la réaction de la Fed, qui doit rendre sa décision de politique monétaire mercredi à l'issue de deux jours de réunion.

Les investisseurs ont revu drastiquement à la baisse leurs anticipations du pic des taux directeurs, le principal outil des banques centrales pour combattre l'inflation, au nom de la stabilité du secteur financier.

"L'exercice de la Fed n'est donc assurément pas des plus aisés, mais pourrait être simplifié par la souplesse que lui offre, au moins sur le papier, la posture qu'elle a jusqu'alors privilégiée, à savoir: rien n'est prédéfini", selon Véronique Riches-Flores, économiste du cabinet RichesFlores.

Toutes les options sont ouvertes, note-t-elle, "y compris la possibilité de renouer avec une politique nettement plus agressive à terme, si, la crise bancaire actuelle circonscrite, l'économie américaine poursuit sur sa trajectoire de croissance actuelle".

Du côté du pétrole et des devises ___

L'euro est monté de 0,83% à 1,0769 dollar, vers 21H00 GMT. Le dollar est ainsi tombé au plus bas depuis cinq semaines face à la devise européenne.

Le baril de Brent de mer du Nord a gagné 2,07% à 73,79 dollars et le WTI américain 2,49% à 67,64 dollars.

afp/rp