Actualise avec la clôture, ajoute analystes

New York (awp/afp) - Les cours de l'or noir ont plongé mardi, les craintes d'une récession dans les pays consommateurs de brut, qui pourraient détruire la demande, l'ayant emporté sur les inquiétudes quant aux perturbations de l'offre.

Le baril de Brent de la mer du Nord, pour livraison en septembre, a dégringolé de 9,45% à 102,77 dollars le baril, après avoir dévissé de près de 10%.

Le baril de West Texas Intermediate (WTI) américain, pour livraison en août, a chuté quant à lui de 8,23% à 99,50 dollars, glissant sous les 100 dollars le baril pour la première fois depuis le 11 mai.

"De toute évidence, la trajectoire du pétrole s'est complètement inversée", a commenté pour l'AFP Phil Flynn de Price Futures Group.

"Il y a beaucoup d'inquiétudes sur une éventuelle récession et aussi quant au fait que la Chine a imposé des tests du Covid-19, en masse", a indiqué l'analyste.

Le ministère de la Santé chinois a fait état mardi de 335 nouveaux cas positifs à l'échelle nationale et le pays imposant une politique de tolérance zéro vis-à-vis de la maladie, les autorités ont lancé une nouvelle série de tests PCR obligatoires dans la plupart des districts de Shanghai.

"Cela soulève des inquiétudes sur le fait que la demande de pétrole de la Chine risque de s'affaiblir", a indiqué Phil Flynn.

Pour Ipek Ozkardeskaya, analyste pour Swissquote, "les craintes de récession réduisent les perspectives de la demande de pétrole et font baisser les prix".

En passant sous la barre des 100 dollars depuis presque deux mois pour le WTI, le pétrole a franchi un important "seuil psychologique". L'analyste évoque la possibilité d'une baisse des cours jusqu'à un prochain niveau fatidique, celui des 85 dollars le baril.

Dans un scénario de récession, les analystes de Citi évoquent même des prix du pétrole qui tomberaient à 65 dollars le baril d'ici à la fin de l'année, puis à 45 dollars en l'absence d'intervention de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep+).

"Tout arrive un peu en même temps et le marché est très nerveux de la direction que prend l'économie ce qui entraîne beaucoup de volatilité", a ajouté Phil Flynn, alors que l'Europe a enregistré des indicateurs d'activité décevants.

Par ailleurs aux Etats-Unis, "certains trouvent que la demande d'essence n'a pas été aussi fournie qu'anticipé pendant le long week-end férié du 4 juillet", la fête de l'Indépendance, poursuivait l'analyste.

L'approvisionnement au second plan

Le marché pétrolier "se détourne de l'inflation" et se dirige vers le "désespoir économique", a affirmé Stephen Innes, analyste chez Spi Asset Management.

Des "indices PMI soulignent les risques de récession dans la zone euro", faisait valoir Neil Wilson, analyste chez Markets.com, pour qui "la récession semble inévitable".

La croissance de l'activité économique en zone euro a fortement ralenti en juin dans le secteur privé, au plus bas depuis 16 mois, selon l'indice PMI composite final publié mardi par S&P Global.

Les craintes de récession mondiale ont donc pris le pas sur "les problèmes d'approvisionnement les plus évidents" qui sont désormais "relégués au second plan", affirme M. Innes.

"Les signaux contradictoires actuels donnés par la demande (baissière) et l'offre (haussière) de l'équation pétrolière font de la prévision des prix du pétrole une tâche laborieuse", a commenté Tamas Varga, analyste chez PVM Energy.

"Il est impossible de prévoir quand l'attention se déplacera irrévocablement de l'offre vers la demande", explique-t-il.

Les craintes d'une récession mondiale ont continué également de prédominer sur les marchés des métaux industriels, notamment le cuivre.

Fortement utilisé dans l'industrie, notamment pour la confection de circuits électriques, le cuivre est connu pour refléter l'état de santé de l'économie mondiale, d'où son surnom de Docteur Cuivre (Dr Copper).

Le métal rouge est ainsi très sensible à un potentiel ralentissement de l'activité économique mondiale, servant de baromètre de l'économie.

Pour la première fois depuis 17 mois, le cuivre s'est échangé sous la barre des 8.000 dollars la tonne, dévissant de 21% depuis le début de l'année. Mardi, il a touché les 7.627,00 dollars la tonne.

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