Zurich (awp) - Les prix du pétrole poursuivaient vendredi le rebond entamé la veille après une glissade de dix jours. Malgré la résistance alimentée par la menace du président russe Vladimir Poutine d'arrêt des exportations d'hydrocarbures, les cours de l'or noir se dirigeaient vers une 2e semaine de baisse d'affilée.

Peu avant 08h00, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en novembre se négociait à 89,469 dollars, en légère hausse de 0,36%. Reste que sur une semaine, son prix s'est contracté de 4,02% et de 7,22% sur un mois. Jeudi soir, il valait 89,15 dollars, en progression de 1,3%.

Quant aux 159 litres de West Texas Intermediate (WTI) américain, avec échéance en octobre, ils prenaient 0,44% à 83,905 dollars, après avoir gagné la veille au soir 1,95%. Mercredi, les deux références du marché de l'or noir avaient clôturé à leur plus bas niveau depuis janvier. En dix jours, le WTI avait fondu de 16%.

"Il semble que les cours du brut se débattent" après avoir encaissé, depuis fin août, une série d'attaques justifiées par les craintes d'une récession mondiale, a expliqué, dans une note, Edward Moya d'Oanda. "On pourrait avoir trouvé un plancher." "Le mouvement de vente était allé trop loin", a abondé à l'AFP Daniel Ghali de TD Securities.

Pour l'analyste, le reflux des dernières semaines est, avant tout, dû à des retraits massifs d'investisseurs, qui avaient joué sur la flambée de l'or noir depuis février. Ces sorties ont diminué la liquidité du marché et accentué sa volatilité. L'effet sur les prix de l'anxiété relative au retournement du cycle économique a, dès lors, été démultipliée, a fait valoir Daniel Ghali.

La menace, proférée mercredi par Vladimir Poutine, d'un arrêt complet des exportations russes d'hydrocarbures en cas d'entrée en vigueur de mécanismes de plafonnement des prix voulus par l'Union européenne et le G7 continuait d'alimenter la légère hausse des prix.

Le rebond a poussé le marché à faire totalement fi de la hausse massive et surprise des stocks commerciaux de brut aux Etats-Unis, qui était théoriquement de nature à faire baisser les cours. Alors que les analystes attendaient une baisse de 1,9 million de barils durant la semaine achevée le 2 septembre, les stocks ont grimpé de 8,8 millions de barils, l'augmentation la plus marquée depuis cinq mois.

La portée de cette hausse est relativisée par la baisse conjuguée de 7,5 millions de barils des réserves stratégiques. La volatilité du marché reste considérable et pourrait inciter l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) et ses alliés de l'accord Opep+ à intervenir, selon les analystes de JPMorgan.

Pour eux, "une réduction allant jusqu'à un million de barils par jour" de la production du groupe Opep+ pourrait être nécessaire pour enrayer la spirale baissière des prix et réaligner le marché physique avec les marchés à terme, qui semblent déconnectés actuellement". A l'issue de sa réunion de lundi, le groupe Opep+ s'était contenté d'annoncer une diminution de 100'000 barils par jour en octobre.

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