New York (awp/afp) - Les cours du pétrole se sont repliés mardi, avec la perspective, encore lointaine, d'une possible reprise des exportations vénézueliennes et l'hypothèse d'une taxe européenne sur le pétrole russe plutôt qu'un embargo.

Le prix du baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juillet a lâché 2,02%, pour clôturer à 111,93 dollars.

Quant au West Texas Intermediate (WTI) américain, avec livraison en juin, il a cédé 1,57%, pour finir à 112,40 dollars.

Phénomène rare, le WTI a terminé au-dessus du Brent. L'écart a atteint son plus haut niveau depuis six ans.

"Il faut garder à l'esprit que le Brent est pour juillet alors que le WTI est pour juin", a commenté Andy Lipow, de Lipow Oil Associates, le pétrole livré le plus tôt bénéficiant d'une prime sur un marché aussi tendu.

"Pour autant", a-t-il ajouté, "ce que ça dit, c'est que les raffineurs cherchent partout une alternative au pétrole russe. Du coup, on voit une augmentation de la demande pour la production américaine."

Dopé lundi par la levée progressive du confinement à Shanghai ainsi que l'adhesion prochaine de la Suède et de la Finlande à l'Otan, l'or noir a plutôt essuyé des vents contraires mardi.

Les Etats-Unis ont annoncé un allègement modeste des sanctions infligées au Venezuela qui porte surtout sur une "dérogation limitée" octroyée au groupe pétrolier américain Chevron.

La compagnie californienne va pouvoir reprendre des discussions en vue de "potentielles futures activités au Venezuela", a indiqué un haut responsable américain.

Chevron est le seul pétrolier américain à avoir encore des actifs au Venezuela, sous la forme de sociétés communes avec la compagnie nationale PDVSA.

Si elles ont autorisé la reprise du dialogue, les autorités américaines ont cependant prévenu qu'aucun accord de production ne pourrait être conclu jusqu'à nouvel ordre.

"La route des négociations réussies avec le Venezuela est toujours en construction", a estimé Andy Lipow. "Si cela se concrétisait, on pourrait voir plusieurs centaines de milliers de barils arriver sur le marché immédiatement."

Washington impose depuis 2019 un embargo pétrolier au Venezuela dans l'espoir de pousser au départ le président Nicolas Maduro.

Pour Edward Moya, d'Oanda, les cours ont aussi été mis sous pression par une information de l'agence Reuters selon laquelle les Etats-Unis s'apprêteraient à proposer à l'Union européenne d'appliquer une taxe exceptionnelle sur les importations de pétrole russe, plutôt qu'un embargo.

"Cela permettrait au marché de rester approvisionné", a anticipé Edward Moya, "ce qui limiterait la hausse du brut." L'UE peine à s'entendre sur un embargo, principalement du fait des réserves de la Hongrie.

Aux Etats-Unis, les jours se suivent et se ressemblent, avec un nouveau record du prix de l'essence mardi, à 4,523 dollars le gallon (3,78 litres).

Avec des réserves américaines à un niveau faible, à moins que les raffineurs ne consacrent une part plus importante de leur activité à l'essence et limitent leurs exportations, "les consommateurs américains ne doivent pas s'attendre à une baisse des prix à la pompe d'ici la fin de l'année", selon les analystes de JPMorgan.

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