Paris (awp/afp) - Les Bourses réagissaient négativement à l'obstination de la Réserve fédérale américaine à intensifier sa lutte contre l'inflation, suivie par d'autres banques centrales qui ont remonté leurs taux à la chaîne à l'exception de la Banque du Japon et de la banque centrale turque qui l'a même baissé.

Les indices européens reculaient de 0,66% à Paris, de 0,53% à Francfort et de 0,27% à Londres vers 10H40 GMT. Plus tôt, les places asiatiques ont fini en territoire négatif. Le statu quo monétaire au Japon a plombé un peu plus le yen contraignant le gouvernement à intervenir pour le soutenir.

Wall Street devrait rebondir légèrement au lendemain d'un décrochage attribué à la Fed. Les contrats à terme sur les principaux indices laissaient entrevoir une ouverture en petite hausse comprise entre 0,06% et 0,29%.

La banque centrale américaine a relevé mercredi de 0,75 point de pourcentage son taux directeur, comme en juin et juillet, pour le porter à une fourchette allant de 3% à 3,25%.

Les investisseurs n'ont pas été surpris par ce resserrement monétaire qu'ils attendaient, mais par la ligne dure adoptée par la Fed dans ses nouvelles projections en matière d'évolution des taux.

Les deux tiers des membres de la Fed voient le taux directeur monter au-dessus de 4,50% l'an prochain, alors que les opérateurs envisageaient jusqu'ici majoritairement qu'il reste en deçà de ce seuil.

Les banquiers centraux de Washington écartent aussi la possibilité d'une baisse de ce taux avant 2024, alors que les investisseurs tablaient eux sur une détente durant le deuxième semestre 2023.

La Fed, qui a remonté cinq fois ses taux depuis mars, est déterminée à ramener l'inflation à 2%, même si le marché de l'emploi doit en pâtir, estimant qu'"un assouplissement prématuré de la politique" monétaire aurait un coût économique encore plus considérable.

Il reste encore deux réunions de la Fed jusqu'à la fin de l'année et de la place pour agir.

"Pour peser sur la demande et in fine réduire les pressions inflationnistes, la Fed entend poursuivre le resserrement monétaire à un rythme soutenu au moins jusque début 2023", écrit Bruno Cavalier, chez Oddo BHF. Et "cela impliquera une croissance molle (possiblement une récession), une correction plus marquée de l'immobilier et une hausse du chômage".

La Banque Nationale Suisse a emboîté le pas à la Fed jeudi en relevant son taux directeur de 75 points de base à 0,5%, mettant ainsi fin à plus de sept années de taux négatifs. La Banque de Norvège a de son côté annoncé une hausse de 0,5 point de pourcentage à 2,25%, son plus haut niveau depuis la fin de 2011. La Banque d'Indonésie a relevé son taux d'un quart de point, de 3,75% à 4,25%, soit plus qu'attendu.

Confrontée à une inflation persistante au Royaume-Uni, la Banque d'Angleterre a annoncé jeudi une augmentation de 0,50 point à 2,25% de son taux directeur. Il s'agit d'une hausse marquée mais moindre que celle attendue, alors que l'économie britannique va, selon elle, se contracter entre juillet et septembre pour le 2e trimestre consécutif.

De son côté, la banque centrale turque a abaissé jeudi son principal taux directeur pour le deuxième mois consécutif, de 13% à 12%, la livre turque atteignant au même moment son plus bas niveau historique par rapport au dollar.

Le Japon vole au secours du yen

A contre-courant, la Banque du Japon (BoJ) a maintenu jeudi sa politique monétaire ultra accommodante, estimant que les conditions n'étaient pas encore réunies pour un resserrement monétaire. Mais pour enrayer la glissade du yen face au dollar depuis mars, le ministère des Finances a déclaré être intervenu sur le marché des changes pour la première fois depuis 1998.

Le dollar avait franchi jeudi la barre des 145 yens et se rapprochait des 146 yens lorsqu'il a brutalement dévissé à partir de 08H00 GMT après l'intervention japonaise. Il se négociait pour 143,02 yens vers 10H15 GMT.

Le billet vert reprenait son souffle aussi face à l'euro: il cédait 0,29% à 0,9875 dollar pour un euro, après être grimpé à 0,9809 dollar, un sommet depuis octobre 2002.

Vers 10H25 GMT, le baril de WTI américain gagnait 0,45% à 83,30 dollars et le baril de Brent de la mer du Nord prenait 0,42% à 90,24 dollars.

JD Sports blessé dans le sprint de l'inflation

La chaîne de magasins d'articles de sport dévissait de 7,31% à 114,80 pence vers 10H30 GMT après avoir annoncé un bénéfice net en baisse de 20% à 184,5 millions de livres pour son premier semestre décalé achevé au 30 juillet, sur fond de crise du coût de la vie.

afp/buc