Paris (awp/afp) - Les marchés mondiaux sont dominés par la prudence mardi, après la publication d'indicateurs moroses en Europe et l'absence d'avancée significative sur le dossier du relèvement du plafond de la dette américaine.

Les indices européens ont terminé dans le rouge: Paris a reculé de 1,33%, lestée par les valeurs du luxe, Milan de 0,50%, Francfort de 0,44% et Londres de 0,10%. A Zurich, le SMI a perdu 0,59%.

La Bourse de New York est mal orientée depuis l'ouverture. Le S&P 500 reculait de 0,22%, le Nasdaq de 0,16% et le Dow Jones était stable (+0,03%) vers 16H00 GMT.

En zone euro, la croissance économique du secteur privé a ralenti en mai, atteignant son niveau le plus bas depuis trois mois, plombée par la baisse de la production industrielle, selon l'indice PMI Flash publié mardi par S&P Global.

"Le secteur manufacturier en Europe de manière générale est en difficulté", résume Charlotte de Montpellier, économiste d'ING France. Les données PMI rendent les investisseurs "pas très optimistes pour la suite", ajoute-t-elle pour expliquer le repli des indices européens.

Elle décèle aussi des signes "défavorables pour l'inflation", notamment sur les salaires dans les services, ce qui "est un problème pour la BCE et pour les taux".

Sur le marché obligataire se ressent particulièrement la nervosité liée aux négociations autour du relèvement du plafond de la dette américaine.

Le rendement des emprunts d'Etat américains à 3 mois est monté à son plus haut niveau depuis 22 ans, à 5,29%. Les taux d'intérêt à deux ans (4,38%) et dix ans (3,74%) progressaient aussi vers 16H00 GMT.

Joe Biden et le chef de l'opposition Kevin McCarthy ont voulu croire lundi à une sortie de crise à l'issue d'une réunion entre eux, mais leurs désaccords ne sont pas encore surmontés.

Toutefois, "la solidité des actions malgré la remontée des taux sur le marché obligataire" et le fait que l'or ne profite pas de son statut de valeur refuge dans les crises "indiquent que les investisseurs regardent la saga du plafond de la dette américaine comme un film américain, sachant qu'il y aura une fin heureuse", estime Ipek Ozkardeskaya, analyste de Swissquote Bank.

Le luxe patine ___

Les entreprises du luxe ont souffert d'une note des analystes de Deutsche Bank qui estime que les valorisations sont élevées dans le secteur. Ces valeurs ont en effet fortement progressé en Bourse cette année, misant sur un fort rebond en Chine avec la fin des mesures de restriction anti-Covid.

Or "en Chine, la reprise s'essouffle, le chômage reste élevé, il y a de la croissance mais pas le boom escompté", rappelle Charlotte de Montpellier.

La perspective d'un ralentissement économique aux Etats-Unis est aussi source d'inquiétude pour les analystes de Deutsche Bank.

A Paris, Hermès a chuté de 6,54%, la pire performance de l'indice CAC 40, dans lequel le luxe pèse près d'un tiers. LVMH a perdu 5,01% et Kering 2,97%. A Milan, Moncler a cédé 5,01% et Burberry 3,17% à Londres.

Uniper fuse ___

Le géant allemand de l'énergie Uniper (+3,72%), détenu à 99% par l'Etat allemand à la suite de la crise du gaz, s'attend à réaliser des gains de plus de 2 milliards d'euros sur ses opérations de couverture des prix du gaz, dont les prix ont fortement chuté depuis l'année dernière.

Du côté du pétrole et des devises ___

Le pétrole monte vers 15H55 GMT: le baril de Brent de Mer du Nord pour livraison en juillet gagne 1,68% à 77,27 dollars et le baril de West Texas Intermediate (WTI), pour livraison le même mois, dont c'est le premier jour d'utilisation comme contrat de référence, progressait de 1,89% à 73,41 dollars.

L'euro cède un peu de terrain face au dollar (-0,33%), à 1,0777 dollar.

La livre reculait mardi à son plus bas niveau depuis un mois face au dollar, alors que les services britanniques se sont un peu moins bien portés que prévu en mai. Elle valait 1,2425 dollar, en baisse de 0,09%.

Le bitcoin monte de 1,55% à 27.315 dollars.

afp/rp