Paris (awp/afp) - Les investisseurs continuaient de digérer les chiffres de l'inflation américaine jeudi, peinant à dégager une direction claire dans un contexte général lourd et assombri par les risques de récession.

En forte baisse de plus de 2% une bonne partie de la séance, les indices européens ont retrouvé des couleurs dans les derniers échanges. Paris (-1,01%), Francfort (-0,64%), Milan (-0,67%) et Londres (-1,56%) ont reculé, mais dans des proportions moindres que pour les forts gains de la veille. A Zurich, le SMI a perdu 0,41%.

Wall Street, qui a changé d'orientation plusieurs fois depuis l'ouverture, reculait vers 16H00 GMT: le Dow Jones cédait 1,12%, le S&P500 0,96% et le Nasdaq 0,60%.

Dollar et obligations d'Etat, perçus comme des valeurs refuges, étaient recherchés.

Mercredi, l'indice des prix à la consommation CPI a été publié aux Etats-Unis, en hausse de 8,3% sur un an en avril, soit moins qu'en mars (8,5%) mais plus qu'attendu par les analystes.

Jeudi, celui des prix à la production PPI a suivi la même tendance: en baisse par rapport à mars sur un an (11% contre 11,5%), mais supérieur aux prévisions.

Cette surchauffe pousse les banques centrales à durcir leur politique monétaire, ce qui pourrait avoir un effet plus pénalisant sur la croissance économique.

"Le marché devient de plus en plus concerné par les risques de récession", conséquences aussi de la guerre en Ukraine, ou encore des confinements en Chine, selon Michael Hewson, de CMC Markets.

Ce climat poussait les investisseurs vers le marché obligataire, entraînant une baisse des taux (les rendements évoluent en sens inverse de leur prix). Le taux d'intérêt pour le 10 ans américain baissait à 2,83% vers 15H55 GMT, loin des 3,20% atteint en début de semaine.

En Europe, les taux souverains allemands, français et italien à même échéance reculaient aussi nettement.

Le dollar encore plus fort ___

Valeur refuge, le dollar grimpait à un plus haut en vingt ans face aux principales autres devises.

L'euro reculait de 1,15% face au billet vert, à 1,0392 dollar, au plus bas depuis 5 ans.

Le prix du bitcoin, qui a sombré jusqu'à 25.424 dollars, revenait à 29.080 dollars (+2,41%) jeudi. Il a perdu 60% depuis son sommet historique en novembre, l'ensemble du marché des cryptomonnaies ayant subi une cure d'amaigrissement similaire.

Les valeurs adossées aux cryptomonnaies subissaient les montagnes russes: la plateforme d'échanges Coinbase, qui a vu son action plonger de 26,4% mercredi, à son plus bas niveau depuis son introduction en Bourse un an plus tôt, se reprenait un peu (+0,80%) après une ouverture en forte baisse.

L'application de courtage Robinhood, qui avait récemment proposé un fonds indexé sur le bitcoin, a plongé de 12% avant de regagner 3,68%.

L'action virale et très volatile GameStop (+8,80%), favorisée par les courtiers en ligne, a même grimpé de 30% en cours de séance.

Tensions sur le gaz ___

Les prix du pétrole remontaient après un début de séance en baisse, pendant que le gaz naturel bondissait après des nouvelles de perturbations de l'approvisionnement venant de Russie.

Vers 15H35 GMT, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juillet prenait 0,42% à 107,96 dollars et le WTI américain pour livraison en juin montait de 0,83% à 106,59 dollars.

La référence du marché du gaz naturel européen, le TTF néerlandais, prenait près de 10%, évoluant à 103 euros le mégawattheure (MWh) après avoir touché les 115,00 euros le MWh.

Les télécoms en soutien ___

Le groupe de télécoms espagnol Telefonica (+2,64%) a confirmé ses objectifs pour 2022 après avoir engrangé 706 millions d'euros de profits au premier trimestre. Il échappait au marasme des indices européens, comme Deutsche Telecom (+2,50%), ou BT Group (+0,96%).

Le groupe de construction Bouygues, qui compte aussi une branche télécom, se repliait en revanche de 0,96% après ses résultats.

afp/rp