New York (awp/afp) - Les marchés mondiaux ont flanché vendredi après la publication de chiffres plus élevés que prévu concernant le chômage aux États-Unis, qui font craindre une récession, et plusieurs déceptions dans la "tech" américaine qui ont fait dégringoler le secteur en Bourse.

"Les marchés sont à un croisement des chemins, ils hésitent entre atterrissage en douceur ou brutal de l'économie américaine", après sa période de surchauffe et d'inflation élevée post-Covid, observe Sacha Hédelin, gérante de portefeuilles chez Amplegest.

Ces craintes de récession avaient déjà ressurgi jeudi après la publication d'une forte dégradation de l'activité manufacturière aux États-Unis, et ont été renforcées par les derniers chiffres sur le marché de l'emploi américain vendredi.

Le taux de chômage a ainsi augmenté plus que prévu à 4,3% en juillet contre 4,1%, et seulement 114.000 emplois ont été créés, contre 179.000 le mois d'avant (un chiffre révisé en forte baisse) et 185.000 prévus.

Face à ces indicateurs, les marchés se demandent "si on est allé trop loin dans les hausses de taux directeurs" destinés à ralentir l'économie et à faire baisser l'inflation, et "si quelque chose s'est cassé dans la croissance américaine", souligne Sacha Hédelin.

En réaction, les investisseurs délaissent les actions, dont les prix dépendent des bénéfices des sociétés et seraient donc moins rentables en cas de ralentissement de l'économie.

En Europe, la Bourse de Paris a perdu 1,61%, terminant à son plus bas niveau depuis novembre. Milan a chuté de 2,55%, Francfort a reculé de 2,33%, Londres de 1,31%, Amsterdam de 3,11% et Zurich de 3,59%. L'indice européen élargi Stoxx 600 a cédé 2,73%.

Pendant ce temps à Wall Street, l'indice à forte coloration technologique Nasdaq a perdu 2,43%, tiré vers le bas par le géant du commerce en ligne Amazon et par le fabricant de semi-conducteurs Intel.

L'indice élargi S&P 500 a cédé 1,84% et le Dow Jones a reculé de 1,51%.

Les taux d'intérêt sur le marché obligataire réagissaient aussi et reculaient fortement: celui des emprunts des Etats-Unis à 10 ans tombait à 3,79% au plus bas depuis plus d'un an, contre 3,98% la veille.

De plus, pour Sacha Hédelin, "les investisseurs commencent à tabler sur des baisses un peu plus marquées des taux de la Réserve fédérale", ce qui faisait chuter le taux américain à deux ans, le plus sensibles aux politiques des banques centrales: 3,85% vers 21H00 GMT, contre 4,15% jeudi.

Le scénario d'un fort ralentissement économique pénalisait aussi le dollar et les cours du pétrole. Le dollar abandonnait 1,05% face à l'euro, à 1,0906 dollar pour un euro, et perdait 1,34% face au yen à 147,36 yens pour un dollar.

Le prix du baril de Brent de la mer du Nord, pour livraison en septembre, a cédé 3,40% à 76,81 dollars.

Son équivalent américain, le baril de West Texas Intermediate (WTI), pour livraison le même mois, a perdu 3,65% à 73,52 dollars.

Plus tôt en Asie, la Bourse de Tokyo avait déjà chuté très fortement de 5,81% et celle de Hong Kong avait abandonné 2,08%.

La tech, premières perdantes ___

Dans le secteur technologique, le fabricant de semi-conducteurs Intel s'est effondré de 26,06%, après des résultats décevants et l'annonce de la suppression de 15.000 emplois, soit 15% de ses effectifs.

Amazon, une des plus grosses capitalisations de Wall Street, a chuté de 8,78%, souffrant de résultats moins bons que prévu.

Snap, la maison mère de Snapchat, a dévissé de 26,93% après avoir déçu le marché avec ses prévisions.

Dans les semi-conducteurs, Nvidia a perdu 1,78% et Micron 8,68%. A Amsterdam, ASML a perdu 11,18%, Infineon 5,05% à Francfort et STMicroelectronics 5,63% à Paris.

"Les valeurs du secteur technologique ont très très bien marché depuis le début de l'année, donc ce n'est pas absurde de voir des prises de profits", nuance Sacha Hédelin.

Les banques pénalisées ___

Les banques font partie des secteurs qui souffraient vendredi du risque de récession.

A New York, Citigroup a perdu 7,14%, Morgan Stanley -5,81%. A Paris, Crédit Agricole a chuté de 5,62% et Société Générale de 5,93%. Barclays a abandonné 6,19% à Londres, Deutsche Bank 5,86% à Francfort, et UBS 9,49% à Zurich.

afp/rp