Paris (awp/afp) - Les marchés boursiers se préparaient mardi à un durcissement de la politique monétaire aux États-Unis après la reconduction du président de la Réserve fédérale Jerome Powell, ce qui renforçait encore le dollar par rapport aux autres monnaies mondiales.

Aux Etats-Unis, les contrats à terme du Dow Jones et du S&P 500 étaient proches de l'équilibre, tandis que celui du Nasdaq glissait de 0,22% vers 12H50 GMT.

Dans le même temps, les bourses européennes reprenaient un peu de vigueur par rapport au début de la séance mais restaient dans le rouge, de Francfort (-0,60%) à Milan (-0,81%) en passant par Paris (-0,22%), exceptée Londres (+0,06%) soutenue par une repise solide, même si elle ralentit. A Zurich, le SMI cédait 0,68%.

Les indices ont pu être aidés par une accélération de la croissance de l'activité du secteur privé dans la zone euro pour novembre.

Mais les investisseurs regardent plus loin, et le tableau n'est pas tout rose.

D'une part, l'accélération du nombre de contaminations au Covid-19 en Europe, notamment en Allemagne, fait craindre de nouvelles mesures de restrictions qui entraveraient le bon fonctionnement des économies.

"Malgré des milliards de doses de vaccins et une reprise massive des bénéfices des entreprises, on ne peut pas dire aujourd'hui que la pandémie de Covid-19 est terminée", écrit Jochen Stanzl, analyste chez CMC Markets.

D'autre part, les marchés envisagent avec de plus en plus de précision le durcissement de la politique monétaire aux Etats-Unis, après 18 mois de soutien massif de la Réserve fédérale américaine (Fed). Le président Joe Biden a décidé de reconduire lundi Jerome Powell a sa tête, lequel a assuré que la Fed agirait pour que l'inflation ne "s'enracine pas".

"Les marchés tablent désormais sur une hausse des taux d'intérêt directeurs de la Fed de 0,25 point d'ici juin 2022. (...) La semaine dernière, [l'actuel vice-président de la Fed] Richard Clarida a suggéré que la Fed pourrait accélérer le rythme du retrait de son soutien par les rachats d'actifs", remarque Neil Wilson, analyste de Markets.com.

La conséquence de cette anticipation plus précoce se voit sur les rendements obligataires. Après une poussée du 2 ans et du 10 ans américain lundi, les taux européens embrayaient: le 10 ans français s'établissait désormais à 0,11% alors qu'il était tout proche de 0% vendredi.

Le dollar progressait également, dépassant la barre des 115 yens pour la première fois en plus de quatre ans en séance asiatique.

La monnaie européenne se stabilisait, après un plus bas depuis le 3 juillet 2020: vers 12H45 GMT, l'euro valait 1,1239 dollar.

La tech en souffrance ___

Dans le sillage de la nette baisse de l'indice technologique américain Nasdaq lundi, les valeurs de ce secteur à Paris reculaient significativement: Capgemini perdait 1,66%, STMicroelectronics 2,14% et Téléperformance 2,25%. À Francfort SAP perdait 1,59%.

Dans un contexte de hausse des taux d'intérêt, les investisseurs se détournent normalement des actions technologiques, car elles ont besoin d'emprunter à taux bas pour générer la croissance sur laquelle se base leur valorisation en bourse.

Vivendi dit non à KKR ___

En réponse à l'offre de rachat proposé par le fonds américain KKR, Vivendi, actionnaire principal de Telecom Italia (TIM), a déclaré n'avoir "aucune intention de céder sa participation" dans la société. Après cette annonce l'action de TIM perdait 2,13% à Milan, tandis que Vivendi restait stable (-0,18%) à Paris.

Du côté du pétrole et du bitcoin ___

Les cours du pétrole étaient chamboulés par l'annonce de la Maison Blanche que les Etats-Unis et d'autres pays, dans une initiative coordonnée, allaient utiliser leurs réserves stratégiques de pétrole pour tenter de faire baisser les cours de l'or noir.

Malgré cet apport de 50 millions de barils par les Etats-Unis, les prix du pétrole reprenaient des couleurs: vers 12H40 GMT, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en janvier grappillait 0,16% à 79,83 dollars, tandis que celui de WTI pour le même mois cédait 0,34%, bien moins qu'en début de séance, à 76,47 dollars.

Le bitcoin était stable à 56.285 dollars.

afp/rp