Paris (awp/afp) - Les marchés boursiers se repliaient mardi, pris entre les inquiétudes liées à la pandémie et la remontée des taux obligataires, poussés vers le haut par l'approche d'un resserrement monétaire.

Les Bourses européennes ont cédé du terrain: Paris a perdu 0,85%, Francfort 1,11% et Milan 1,62%, tandis que Londres (+0,15%) a été tirée par les valeurs pétrolières. A Zurich, le SMI a perdu 1,15%.

A New York, le Dow Jones grappillait 0,03% et le S&P 500 reculait de 0,38%. Le Nasdaq était plombé par la remontée des taux obligataires et cédait 1,30% vers 18H15 GMT.

"Le scepticisme quant à l'évolution de la pandémie de Covid-19 et aux restrictions qui en découlent, et aux conséquences sur la conjoncture mondiale se fraie (...) un chemin", commente Andreas Lipkow, pour Comdirect.

Avec la recrudescence des cas, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) s'est alarmée de l'"emprise" du Covid-19 en Europe qui pourrait faire 700.000 morts supplémentaires sur le continent, où de nouvelles restrictions sanitaires suscitent la colère.

D'autre part, les marchés envisagent avec de plus en plus de précision le durcissement de la politique monétaire aux États-Unis, après 18 mois de soutien massif de la Réserve fédérale américaine (Fed).

Le président Joe Biden a décidé lundi de reconduire Jerome Powell à sa tête. Ce dernier a assuré que la Fed agirait pour que l'inflation ne "s'enracine pas".

Même si la nomination de M. Powell était attendue par les marchés, selon Philippe Cohen, gérant de portefeuilles de Kiplink Finance, celui-ci constate que "les taux se tendent car tout le monde anticipe une remontée des taux aux États-Unis".

Suivant la tendance observée la veille sur les rendements américains, les taux européens sont nettement remontés: le 10 ans allemand s'établissait désormais à -0,22% contre -0,30% à la clôture de lundi. Et le taux de la dette français à dix ans a pris sept points de base.

La tech en souffrance ___

Les valeurs de la "tech" reculaient significativement: à Wall Street, Alphabet (Google) perdait 1,16%, Meta (Facebook) 1,47% et Microsoft 1,58%. A Paris, Capgemini a lâché 2,89% et STMicroelectronics 3,96%.

Dans un contexte de hausse des taux d'intérêt, les investisseurs se détournent normalement des actions technologiques, car celles-ci ont besoin d'emprunter à taux bas pour générer la croissance sur laquelle se base leur valorisation en Bourse.

Biden ouvre le robinet à pétrole ___

Les cours du pétrole remontaient nettement vers 18H10 GMT: le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en janvier gagnait 3,30% à 82,33 dollars et celui de WTI pour le même mois prenait 2,62% à 78,74 dollars.

Les États-Unis et d'autres pays consommateurs comme la Chine, l'Inde, le Japon, la Corée du Sud ou encore le Royaume-Uni vont libérer une partie de leurs réserves stratégiques de pétrole, pour tenter de faire baisser les cours.

Cette manoeuvre, sur la table depuis plusieurs semaines, était anticipée par le marché. Les cours étaient déjà descendus d'environ 10% en près d'un mois.

Les actions du secteur ont bondi, à l'instar de BP (+1,50%) et Royal Dutch Shell (+1,41%) à Londres. A Paris, TotalEnergies a gagné 1,16%. A New York, Exxon Mobil montait de 2,46% et Chevron de 2,14%.

Eon investit dans le vert ___

L'énergéticien allemand Eon (-4,23% à 10,63 euros) a annoncé vouloir investir 27 milliards d'euros dans la transition verte en Europe au cours des cinq prochaines années. Une grande partie de cette somme doit être consacrée à l'extension du réseau énergétique.

Du côté des devises et du bitcoin ___

La monnaie européenne remontait de 0,13%, après un plus bas depuis le 3 juillet 2020: vers 18H00 GMT, l'euro valait 1,1255 dollar.

La livre turque a effectué un nouveau plongeon historique, perdant 13% de sa valeur en quelques heures par rapport au dollar et frôlant les 13 livres pour un billet vert, un niveau encore jamais atteint. A 18H00, elle valait 12,7335 dollars, en baisse de 10,60% par rapport à la clôture de la veille.

Le bitcoin prenait 1,90% à 57.350 dollars.

afp/rp