Paris (awp/afp) - Les marchés boursiers terminaient la semaine en net repli face au durcissement des politiques monétaires et aux craintes de récession exacerbées, qui chamboulaient également les marchés du pétrole, des devises et des taux.

La Bourse de Paris a cédé 2,28%, tombant à son plus bas niveau de clôture depuis un an et demi, tandis que Francfort a perdu 1,97%, reculant à un niveau plus vu depuis novembre 2020. Londres a cédé 1,97%, après des annonces budgétaires du gouvernement qui inquiètent les investisseurs, et Milan a lâché 3,36% avant des élections législatives. A Zurich, le SMI a perdu 1,55%.

A Wall Street, le Dow Jones reculait de 2,12%, le S&P 500 de 2,26% et le Nasdaq de 2,26% vers 16H15 GMT.

Le cabinet de recherche RichesFlores note "l'extrême nervosité des marchés aujourd'hui où se cumulent envolée des anticipations de hausses des taux et accentuation des risques de récession".

Les prix du pétrole brut chutaient d'autour de 5%. Le baril de West Texas Intermediate (WTI) dévissait de 6,25% à 78,28 dollars, sous les 80 dollars pour la première fois depuis janvier.

Le Brent de la mer du Nord perdait quant à lui 4,96% à 85,89 dollars.

Le dollar, considéré comme valeur refuge, se renforçait face aux autres devises. Il prenait par exemple 1,16% face à l'euro, à 1,0285 euro pour un dollar.

"Le pessimisme s'étend à travers la zone euro" après la publication des indices d'activité PMI flash qui montrent de premiers signes de récession, a constaté Craig Erlam, analyste d'Oanda.

Le recul de l'activité économique en zone euro s'est accéléré en septembre dans le secteur privé, accentuant la crainte d'une récession alimentée par la flambée des prix, selon l'indice PMI Flash.

Ces éléments inquiètent les investisseurs dans un contexte de durcissement de la politique monétaire des banques centrales, qui n'en ont pas encore fini avec les hausses de taux, dont l'objectif est de lutter contre l'inflation en réduisant la demande.

La Réserve fédérale américaine (Fed) et de nombreuses banques centrales dans le monde ont relevé leurs taux directeurs cette semaine, des décisions qui vont inévitablement provoquer un ralentissement de l'économie et donc une contraction des bénéfices des entreprises.

"Alors que le marché était positionné avec l'idée d'un pivot de la Fed en 2023", le message de la dernière réunion du comité de politique monétaire, "c'est qu'il va falloir vivre avec des taux élevés pendant encore deux ans", observe Vincent Manuel, directeur des investissements de Indosuez Wealth Management.

Mouvement de panique sur les marchés britanniques ___

Au Royaume-Uni, des annonces budgétaires de Londres qui inquiètent les investisseurs quant à la santé des finances publiques du pays ont fait plonger la livre et bondir les taux. Le Royaume-Uni est par ailleurs sans doute déjà en récession, selon l'indice PMI flash.

Le taux d'emprunt à dix ans du pays a dépassé les 3,8%, à des niveaux plus vus depuis 2011, et celui à 5 ans a bondi à 4%, après une hausse de 50 points de base sur la séance, un record selon Michael Hewson, analyste de CMC Markets.

La livre sterling chutait de 3,14% à 1,0910 dollar, au plus bas depuis 1985.

Les taux souverains obligataires étaient en hausse vendredi dans toute l'Europe et aux États-Unis. Le phénomène dit d'inversion de la courbe des taux, qui signifient que les taux à court terme sont supérieurs à ceux à long terme, et qui est souvent considéré comme annonciateur d'une récession économique, ne cesse de s'accentuer.

L'écart entre le taux américain à deux ans et le dix ans n'a plus été aussi élevé depuis plus de 22 ans.

Credit Suisse tombe ___

L'action de la banque Credit Suisse a lâché 12,40% face aux rumeurs qui fusent autour des projets de son nouveau directeur général pour redresser l'établissement, secoué par des scandales à répétition.

Continental dans le cambouis ___

L'équipementier automobile Continental a chuté de 9,02% après qu'il a admis avoir fourni aux constructeurs depuis plus de 15 ans des flexibles souillés pour les systèmes de climatisation. Le groupe explique qu'il a "tiré des conséquences humaines et techniques" de cette affaire, qui n'a par ailleurs eu aucun impact sur la sécurité routière ni sur l'environnement.

ats/rp