Paris (awp/afp) - Les marchés mondiaux ont mal accueilli les derniers chiffres sur l'emploi américain, qui ont fait bondir les taux d'intérêt obligataires et reculer les Bourses vendredi.

Les places boursières européennes ont terminé la séance en ordre dispersé: Paris a perdu 0,17% et Milan 0,26%, tandis que Londres a fini stable et Francfort a gagné 0,27%. Sur la semaine certaines affichent de légères baisses, d'autres de légères hausses. A Zurich, le SMI a cédé 0,36%.

La Bourse de New York reculait depuis l'ouverture: vers 16H55 GMT, le Dow Jones tombait de 0,17%, le S&P 500 de 0,44% et le Nasdaq de 0,66% face à une remontée des taux obligataires.

Le taux de la dette américaine à 10 ans grimpait à 3,57% contre 3,51% la veille. Celui à échéance 2 ans, particulièrement sensible à la politique monétaire, passait de 4,23% jeudi soir à 4,32% vers 16H55 GMT. Les rendements souverains européens progressaient dans une moindre mesure.

En novembre, 263.000 emplois ont été créés aux États-Unis, bien plus que les 200.000 qui étaient attendus par les analystes. Le taux de chômage est resté stable à 3,7%, un niveau très bas.

Ces chiffres montrent que le marché du travail reste solide malgré les mesures prises pour ralentir l'activité économique afin de juguler l'inflation.

De plus, les salaires ont augmenté à un rythme plus rapide qu'en octobre: de 0,6% (contre 0,5% le mois précédent), pour atteindre en moyenne 32,82 dollars de l'heure.

Ces chiffres ont "freiné les gains du marché", les investisseurs prenant le temps de réévaluer les perspectives de hausses de taux de la banque centrale américaine (Fed) des prochains mois, selon Michael Hewson, analyste de CMC Markets.

Mercredi, Jerome Powell, le président de la Fed avait évoqué une possible hausse des taux de seulement 50 points de base lors de la prochaine réunion de l'institution des 13 et 14 décembre, contre 75 points de base lors des quatre hausses précédentes.

Pour M. Hewson, le scénario d'un relèvement des taux de 50 points de base de la Fed en décembre n'est pas remis en cause mais ces chiffres rendent "moins probable un ralentissement rapide du rythme des hausses de taux l'année prochaine", avance-t-il.

Un marché du travail en surchauffe est en effet "un réel problème pour la Réserve fédérale américaine qui prévoyait (et prévoit) de faire baisser l'inflation à travers (notamment) la hausse du taux de chômage", complète John Plassard, spécialiste en investissement de Mirabaud.

Après un sursaut dans la foulée de la publication des chiffres de l'emploi, le dollar se stabilisait face à l'euro (-0,01% à 0,9504 euro pour un dollar) et perdait 0,31% face la livre à 0,8139 livre pour un dollar, vers 16H50 GMT.

Désormais les investisseurs vont se tourner vers les chiffres des prix à la production et l'indice des prix à la consommation des deux prochaines semaines "pour savoir si nous verrons (une hausse des taux de) 50 points de base en janvier", affirme M. Hewson.

Le tech pâtit des taux ___

Logiquement, le secteur de la tech, très dépendant des conditions de crédit pour financer sa croissance, accusait particulièrement le coup face à la hausse des taux d'intérêt.

A New York, Alphabet perdait 1,24%, Amazon 1,11% et Uber 0,53%. Les fabricants de puces électroniques, cartes graphiques et semi-conducteurs étaient particulièrement sanctionnés: Nvidia -2,63%, Intel -2,28%, Micron -2,65%, AMD -3,19%.

En Europe la tendance était moins nette, Worldline a tout de même cédé 2,31% et ASML 1,29%.

Adidas bradé ___

L'équipementier sportif Adidas (-0,53%) proposait vendredi les maillots de l'équipe nationale d'Allemagne en réduction de 50% sur son site en ligne, après l'élimination du pays du Mondial 2022 au Qatar, dont la marque aux trois bandes est l'un des principaux sponsors.

Du côté du pétrole et du bitcoin ___

Les prix du pétrole stagnaient: vers 16H45 GMT, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en février, cédait 0,13%, à 86,77 dollars et son équivalent américain, le WTI, pour livraison en janvier, grappillait 0,20%, à 81,37 dollars.

Le bitcoin était stable à 16.935 dollars, légèrement affecté par la baisse de l'appétit pour le risque.

afp/rp