New York (awp/afp) - Les marchés d'actions se sont essoufflés jeudi devant des signes de ralentissement économique et des messages de fermeté des banquiers centraux dans leur lutte contre l'inflation qui réduisent les espoirs de modération des hausses de taux d'intérêt.

Après avoir considérablement bondi depuis le début de l'année, les places financières européennes ont nettement rétrogradé jeudi, de 1,86% à Paris, de 1,07% à Londres et de 1,72% à Francfort. A Zurich, le SMI a cédé 0,95%.

"Le marché a besoin de souffler. Cela ne veut pas dire qu'il y a une remise en cause de la tendance de fond", considère Andrea Tuéni, analyste de Saxo Banque.

"Le mouvement de baisse vient globalement des Etats-Unis et c'est ce qui perturbe la marche en avant des indices européens", précise-t-il à l'AFP.

A la Bourse de New York, les craintes de récession ont fait plier l'indice Dow Jones et l'indice élargi S&P 500 de 0,76%, le Nasdaq perdant de son côté 0,96%.

Publiées mercredi, les ventes au détail, un bon baromètre de la consommation aux Etats-Unis qui est le moteur de la croissance, ont chuté de 1,1%, le plus fort recul en un an, pointant vers un ralentissement de l'activité économique plus rapide qu'attendu.

Jeudi, un autre indice, dans le secteur immobilier, a ajouté à la morosité. Les constructions de logements ont reculé de 1,4% en décembre sur un mois après déjà une chute de 1,8% le mois d'avant, un chiffre révisé en nette baisse. En outre, un rebond n'est guère en vue puisque les permis de construire, qui donnent une idée des futurs départs de chantier, sont aussi en baisse de 1,6%.

Depuis ces deux derniers jours, les banquiers centraux ont répété leur détermination à rester vigilants vis-à-vis de l'inflation, que ce soit James Bullard pour la Réserve fédérale américaine ou Klaas Knot, un des gouverneurs de la Banque centrale européenne.

Lael Brainard, gouverneur de la Fed, pourtant connue pour être davantage "une colombe" qu'un "faucon" en matière de politique monétaire, a redit dans un discours que la Banque centrale américaine devrait "maintenir le cap" des taux élevés pour juguler l'inflation.

Au Forum économique de Davos, en Suisse, la présidente de la Banque centrale européenne (BCE) Christine Lagarde a affirmé que l'activité en zone euro serait "bien meilleure" cette année que redouté initialement. Elle a aussi répété que l'institution monétaire envisageait de relever encore fortement ses taux directeurs au cours des prochaines réunions, avec +0,50 point de pourcentage attendu, afin de lutter contre l'inflation "encore beaucoup trop élevée".

La séance est aussi obscurcie par le plafond de la dette qui a été atteint jeudi aux Etats-Unis et oblige le ministère américain des Finances à prendre des mesures d'économies pour assurer le paiement de ses engagements financiers.

Sur le marché obligataire, les taux des Etats remontaient légèrement après avoir touché des plus bas depuis un mois en Europe, et de quatre mois aux Etats-Unis.

Les prix du pétrole sont repartis de l'avant pour atteindre un plus haut depuis plus d'un mois et demi.

Le prix du baril de Brent de la mer du Nord a progressé de 1,38%, à 86,16 dollars, celui du baril de West Texas Intermediate (WTI) a gagné 1,06%, à 80,33 dollars.

Les réserves commerciales de pétrole brut ont de nouveau bondi la semaine dernière aux Etats-Unis mais les réserves stratégiques sont demeurées inchangées pour la première fois en 17 mois.

Le leader du streaming Netflix a annoncé après la clôture des résultats meilleurs que prévu sur le plan du nombre d'abonnés, qui atteint 230,75 millions. Le titre qui avait perdu 3,23%, regagnait 6,03% à 21H45 GMT dans les échanges électroniques d'après clôture.

Dr Martens au pied du mur ___

La marque de chaussures britannique Dr. Martens, secouée ces derniers mois par la crise économique, a plongé de plus de 30% à Londres après avoir dit anticiper jeudi des résultats moins bons que prévu pour son exercice complet.

Du côté des devises ___

L'euro était en légère hausse de 0,32% à 1,0829 dollar vers 21H45 GMT.

Au lendemain d'une nette baisse mercredi après le statu quo de la Banque du Japon, le yen remontait légèrement par rapport au dollar et aux monnaies européennes.

afp/rp