Paris (awp/afp) - Les Bourses européennes étaient chahutées, l'euro tanguait et le gaz s'envolait lundi dans une séance tumultueuse pour les marchés européens, brusqués par l'arrêt du gazoduc Nord Stream 1 annoncé par Gazprom vendredi et qui menace l'approvisionnement de la région.

En Allemagne, pays où l'économie est la plus dépendante au gaz russe, la place de Francfort baissait de 2,52% vers 11H45 GMT.

Milan perdait 2,33% et Paris 1,75%. Londres, moins sensible au sujet, cédait 0,58%. A Zurich, le SMI cédait 1,14%.

Les marchés américains sont fermés lundi, jour férié aux Etats-Unis. Tokyo a cédé 0,11% tandis qu'en Chine Shanghai a progressé de 0,42% et Hong Kong a perdu 1,16%.

Le contrecoup est d'autant plus violent pour les places financières européennes qu'elles avaient bondi vendredi dans la foulée du rapport mensuel sur l'emploi américain.

L'euro s'est aussi enfoncé un temps sous le seuil de 0,99 dollar pour la première fois depuis 20 ans, touchant un plus bas à 0,9878 dollar vers 06H00 GMT. Vers 11H40 GMT, il remontait à 0,9919 dollar, mais restait en retrait de 0,35% sur la séance.

Cette nouvelle baisse met un peu plus sous pression la Banque centrale européenne avant sa réunion jeudi. L'institution doit déjà affronter une accélération de l'inflation qui a atteint en août 9,1% sur un an dans la zone euro, du jamais vu depuis la création de cette dernière.

Après avoir fondu d'un tiers la semaine passée, les prix du gaz naturel sur le marché européen de référence, le TTF néerlandais bondissait de 27% à 272 euros le mégawattheure.

Vendredi, Gazprom a annoncé arrêter "complètement" le gazoduc Nord Stream qui devait reprendre du service samedi après une maintenance. "Cela créé beaucoup d'incertitudes sur comment l'Europe va traverser l'hiver", écrit Craig Erlam, analyste d'Oanda.

"Il est probable que nous ne pourrons pas passer l'hiver sans restrictions ou rationnements notables", écrivent les analystes de la Deutsche Bank.

Sur le marché de la dette, les taux européens se tendaient, et l'écart entre les taux allemands et italiens, très surveillé par la BCE, se creusait et s'approchait de ses plus haut de l'année.

La crise énergétique pèse ___

Plusieurs valeurs liées à la production d'énergie chutaient lundi: en Allemagne, EON reculait de 2,52% et RWE de 4,3% tandis qu'Uniper dévissait de 11% et sa maison-mère finlandaise Fortum de 9,85%. A Paris, Veolia perdait 3,15% et Engie 2,38%. D'autres valeurs très dépendantes du gaz russe comme le conglomérat industriel Thyssenkrupp (-3,57%) ou le chimiste BASF (-4,44%) chutaient également.

UBS renonce à Wealthfront ___

L'action de la banque suisse UBS reculait de 1,35% après l'abandon du projet de rachat pour 1,4 milliard de dollars de l'entreprise californienne Wealthfront qui suscite de nombreuses interrogations chez les analystes financiers.

La banque fait toutefois mieux que la plupart de ses concurrentes européennes, qui souffrent de l'aversion au risque face aux difficultés économiques anticipées par les marchés. Deutsche Bank perdait 5,26%, Unicredit 4,07% et Crédit Agricole 3,48%.

Dechra déçoit ___

Le laboratoire vétérinaire Dechra Pharmaceuticals chutait de plus de 10% à la Bourse de Londres après ses résultats annuels décalés. Si la valorisation de l'entreprise a résisté au début de la pandémie, "les défis macroéconomiques que sont l'inflation et le risque de récession laissent penser que la voie à suivre reste semée d'embûches", écrit Victoria Scholar, d'Interactive Investor.

Réunion de l'OPEP + ___

Les investisseurs attendent aussi lundi les conclusions d'une réunion des pays de l'Opep+, treize membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), menés par l'Arabie saoudite, et leurs dix partenaires conduits par la Russie. Ils devraient se contenter d'une modeste hausse de leurs objectifs de production, certains experts évoquant même une réduction pour soutenir les cours qui ont baissé ces dernières semaines.

Avant cette réunion, les prix remontaient: le baril de Brent de mer du Nord pour livraison novembre gagnait 3,50% à 96,31 dollars et celui de WTI américain pour livraison octobre 3,15% à 89,62 dollars vers 11H30 GMT.

Par ailleurs, le bitcoin reculait de 1,01% à 19.700 dollars vers 11H35 GMT.

afp/rp