Zurich (awp) - Les prix du pétrole poursuivaient leur légère hausse vendredi. Les investisseurs se montrent toujours hésitants, tiraillés entre le projet d'embargo de l'Union européenne (UE) sur le pétrole russe, l'ouverture seulement marginale des vannes de l'Opep+, la lourde chute de Wall Street la veille et l'appréciation du dollar.

Peu avant 08h00, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juillet prenait 0,42% à 111,37 dollars, après avoir à nouveau franchi jeudi le cap des 110 dollars et noté en soirée à 110,90 dollars, soit une légère hausse de 0,69%. Quant aux 159 litres de West Texas Intermediate (WTI) américain pour livraison en juin, ils se négociaient à 108,72 dollars, aux aussi en progrès de 0,42%. La veille au soir, ils valaient 108,26 dollars, soit un gain de 0,41%.

Jeudi, les cours ont oscillé dans une amplitude de plus de quatre dollars le baril au long de la journée. L'évolution à la hausse a d'abord été portée par la proposition de la Commission européenne mercredi d'adopter un embargo progressif de l'UE sur le pétrole et les produits pétroliers russes, celui-ci s'inscrivant dans la prochaine volée de sanctions économiques imposées à la Russie en raison de l'invasion par ses troupes de l'Ukraine.

De quoi encore constituer "une pression haussière décente" sur les prix de l'or noir, a observé Ipek Ozkardeskaya, analyste de la banque en ligne de Gland Swissquote. "En effet, une plus grande demande de pétrole non russe est susceptible de pousser les prix à la hausse en général", explique Carsten Fritsch, son collègue chez Commerzbank.

Autre facteur légèrement à la hausse également: l'Opep et ses partenaires de l'Opep+ ont convenu jeudi, comme attendu, de poursuivre l'accroissement marginal de leur production d'or noir, confortés par les risques qui pèsent sur la demande. L'alliance a décidé "d'ajuster à la hausse la production totale mensuelle de 432'000 barils par jour pour le mois de juin", selon son communiqué de presse.

Le groupe "reste allié à la Russie et joue contre la détermination des États-Unis d'augmenter la production de pétrole, et les pays de l'Opep ne sont pas disposés à remplacer le pétrole russe", a commenté Ipek Ozkardeskaya.

"De toute évidence le marché a été tiraillé entre le fait que, d'une part l'Opep ne change pas son rythme d'accroissement de production et que, d'autre part, l'Allemagne se montre solidaire de ses partenaires européens sur l'énergie et enfin que le marché boursier a pesé sur les cours", a indiqué Phil Flynn de Price Futures Group.

Les prix du baril qui étaient en vive hausse en milieu de séance ont perdu les trois quarts du terrain gagné lorsque Wall Street a violemment piqué du nez. Les indices new-yorkais ont connu leur pire séance de l'année au lendemain d'un relèvement des taux de la Fed tandis que le dollar a bondi, ce qui est généralement défavorable au prix du brut.

"La plupart des gens commencent à croire que la seule solution pour ralentir cette inflation est de ralentir la croissance économique", a relevé Phil Flynn. Selon James Williams, de WTRG Economics, "le facteur qui pèse sur les cours vient surtout de la Chine et de sa politique surréactive au Covid-19".

Confinements d'immeubles, dépistages massifs, Pékin, une ville de 22 millions d'habitants, vit au rythme de la stratégie "zéro Covid", faisant craindre un ralentissement économique et une plus faible demande d'énergie.

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