Paris (awp/afp) - Les Bourses occidentales rechutaient mercredi, le regain des craintes à l'égard du secteur bancaire et notamment du Credit Suisse rendant les investisseurs très fébriles avant des réunions des banques centrales européenne et américaine.

Le rebond de la veille n'a pas tenu en Europe: Paris a dévissé de 3,58% et Londres de 3,83%, signant leur pire séance depuis mars 2022. Francfort a abandonné 3,27%. L'indice du secteur européen des banques (Stoxx 600 Banks) a plongé de près de 7%. A Zurich, le SMI a perdu 1,87%.

Les marchés américains évoluaient dans le rouge: le Dow Jones reculait de 1,77%, l'indice Nasdaq de 0,95% et l'indice élargi S&P 500 de 1,56% peu après la clôture européenne. L'indice VIX, qui mesure la volatilité du marché, a bondi jusqu'à plus de 20% mercredi, témoignant de la nervosité des investisseurs.

Pétrole au plus bas depuis décembre 2021, taux en forte baisse, dollar en hausse, vague de volatilité: les signes de grande fébrilité des investisseurs se lisaient sur tous les marchés.

Les actions avaient particulièrement bien résisté ces quatre derniers mois à la remontée des taux opérée par les banques centrales pour contenir une inflation forte et tenace mais l'incertitude s'est installée la semaine dernière après plusieurs faillites bancaires américaines dont celle de l'emblématique Silicon Valley Bank (SVB).

Mercredi, les craintes de risque de contagion se sont accentuées avec la dégringolade de l'action Credit Suisse (-24,24% à la clôture, la pire chute de son histoire), intervenue après que son principal actionnaire, la Saudi National Bank, a exclu d'investir plus pour soutenir la banque en difficulté depuis deux ans.

La veille, Credit Suisse avait reconnu des "faiblesses substantielles" concernant ses contrôles internes pour ses rapports financiers.

Dans un effet domino, les valeurs bancaires européennes se sont effondrées de plus de 10% pour Deutsche Bank, Commerzbank, Société Générale, BNP Paribas, Banco Sabadell et Banca Monte dei Paschi.

Aux Etats-Unis aussi, les acteurs de taille moyenne et les banques régionales étaient touchées, notamment les californiennes First Republic (-20,19%) et PacWest (-18,40%). Mais la marée montait jusqu'à certains mastodontes du secteur aux Etats-Unis, comme Capital One (-4,96%), Citigroup (-6,05%) et Wells Fargo (-4,29%).

Le stress a été particulièrement visible sur le marché obligataire et surtout sur les taux courts: le rendement de l'emprunt américain à deux ans chutait de 38 points de base à 3,83% et son pendant allemand de 48 points de base à 2,39%. Ce brusque mouvement traduit aussi dans les anticipations de marché une posture plus souple des banques centrales dans leur normalisation monétaire.

"La question d'une poursuite ou d'un arrêt des hausses de taux par la Fed (la banque centrale américaine) la semaine prochaine dépendra vraisemblablement des évolutions sur le front financier plus que des données conjoncturelles", estime Thomas Bauer, économiste au cabinet de recherche RichesFlores.

Jeudi, la Banque centrale européenne rendra sa décision de politique monétaire. Les investisseurs s'attendaient jusqu'à peu à une forte hausse de 0,50 point de pourcentage, une vision désormais remise en question.

Aux Etats-Unis, le recul des ventes au détail en février, signe d'un affaiblissement de la consommation, de même que la baisse sur un mois des prix de gros, vont dans le sens d'un ralentissement de cadence dans la prochaine hausse de taux de la Réserve fédérale américaine la semaine prochaine.

Les valeurs refuge recherchées ___

L'euro chutait à son plus bas en deux mois et demi face au dollar, plombé par le plongeon des valeurs bancaires en Europe: il perdait 1,69% à 1,0551 dollar vers 17H07 GMT. Il s'agit de sa plus forte baisse quotidienne depuis mars 2020.

Valeur refuge, l'or montait de 0,85% à 1.920 dollars l'once.

Les cours du brut continuaient de chuter. Le baril de WTI a dérapé sous les 70 dollars à son plus bas niveau depuis décembre 2021: vers 17H10 GMT, il valait 66,39 dollars (-6,94%). Le baril de Brent de mer du Nord se vendait 72,51 dollars (-6,46%), également à un plancher depuis 15 mois.

Le bitcoin cédait 1,99% à 24.146 dollars, la perspective de conditions monétaires plus souple limitant la baisse.

afp/rp