Paris (awp/afp) - Les investisseurs se délestaient des actifs à risque jeudi, faisant chuter les Bourses, monter les taux obligataires et annuler le répit observé la veille avec l'intervention directe de la Banque d'Angleterre (BoE) sur le marché obligataire.

Wall Street a ouvert en baisse, ne parvenant pas à garder son élan de la veille. Vers 14H20 GMT, le Dow Jones perdait 1,90%, le S&P 500 2,40% et le Nasdaq 3,09%.

Les indices européens refluaient également fortement, de 2,29% à Paris, de 2,34% à Francfort, de 3,02% à Milan et de 2,32% à Londres. A Zurich, le SMI cédait 1,27%.

Sur le marché obligataire les rendement revenaient à des niveaux plus vus depuis au moins dix ans. Le taux allemand à dix ans, qui fait référence en Europe, remontait à 2,34%, contre 2,11% la veille au soir. Les rendements des autres suivaient la même tendance y compris celui de la dette américaine à dix ans (3,81%) ou britannique (4,11%).

Le spectre de la récession tient les investisseurs en alerte.

Le département du Commerce américain a confirmé que le PIB des États-Unis s'est contracté de 0,6% au deuxième trimestre 2022, mais la Maison-Blanche a indiqué mercredi que la première puissance mondiale restait "résiliente face aux défis mondiaux".

En Allemagne, l'inflation a bondi en septembre à 10,0% sur un an, la valeur la plus élevée enregistrée depuis décembre 1951, en raison de la flambée des prix de l'énergie, selon des chiffres provisoires.

Le chancelier allemand Olaf Scholz a annoncé jeudi le déblocage de 200 milliards d'euros pour précisément plafonner les prix de l'énergie qui pèsent pour les ménages et les entreprises.

En plus d'un contexte économique très compliqué entre hausse des taux, inflation élevée et risque de récession, "les investisseurs semblent perdre de plus en plus confiance dans la capacité des banques centrales à contrôler la situation", commente Pierre Veyret, analyste pour ActivTrades.

Les Bourses occidentales avaient bénéficié mercredi d'une initiative de la BoE sur le marché obligataire qui avait permis une accalmie sur les rendements des emprunts d'États et une baisse du dollar.

Vers 10H35 GMT, la livre prenait 0,65% à 1,0957 dollar, après être tombée un peu plus tôt à 1,0763 dollars face à une monnaie américaine qui s'appréciait globalement. L'euro était stable à 1,9730 dollar.

La distribution alimentaire voit rouge ___

Le secteur de la distribution alimentaire, jusqu'ici plutôt préservé en Bourse dépit de l'envolée des prix, reculait fortement jeudi sur les marchés européens, après que le belge Colruyt a averti mercredi que son résultat consolidé allait diminuer "considérablement en 2022/23 par rapport à 2021/22" sous les effets de l'inflation. Son action chutait de 24,13%.

Les actions de Carrefour (-6,54%), Casino (-5,55%), Sainsbury (4,99%), Tesco (-4,82%) étaient emportées. Dans une moindre mesure, Walmart cédait 0,74% et Costco reculait de 1,35% à Wall Street.

Porsche entre en Bourse ___

Le constructeur allemand de bolides de luxe Porsche a fait jeudi un démarrage en trombe à la Bourse de Francfort pour l'une des plus grosses opérations boursières de la place de Francfort, malgré le contexte économique morose.

L'action a décollé à 84 euros, au-dessus du prix d'introduction fixé à 82,50 euros, lors de sa première cotation à 07H15 GMT, valorisant le fabricant de la Porsche 911 à plus de 76 milliards d'euros. À 14H10 GMT, le cours grimpait à près de 85 euros.

Baisse du pétrole ___

Les prix du pétrole reculaient, signe des craintes de récession des investisseurs.

Vers 14H10 GMT, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en novembre était en baisse de 0,85% à 88,56 dollars.

Le baril de West Texas Intermediate (WTI) américain, pour livraison le même mois, cédait 0,68% à 81,59 dollars.

afp/rp