New York (awp/afp) - Les taux des pays européens grimpaient à des sommets sur le marché obligataire lundi, celui de l'Italie en tête, après la victoire de l'extrême droite aux élections, tandis que les Bourses n'arrivaient pas à se reprendre.

"Les craintes économiques envahissent à nouveau les marchés", a résumé Craig Erlam, analyste d'Oanda.

Les taux d'emprunt à dix ans de l'Italie, de la France et de l'Allemagne ont touché des niveaux plus vus depuis une dizaine d'années sur le marché de la dette, et l'écart entre le taux allemand et l'italien a augmenté, signe des incertitudes des marchés.

Le rendement des emprunts d'Etat américains à 10 ans s'est encore approché du seuil symbolique de 4%, à 3,92%, pour la première fois depuis plus de 12 ans.

Le parti post-fasciste Fratelli d'Italia a recueilli dimanche un peu plus d'un quart des voix aux élections législatives, permettant à sa cheffe Giorgia Meloni de revendiquer la direction du prochain gouvernement italien.

"Les marchés se montrent toutefois plus confiants qu'en 2018 lorsque la Ligue du Nord, menée par Matteo Salvini, est entrée au gouvernement", soulignent les analystes du gestionnaire d'actifs Apicil dans une note, car "entre-temps, les leaders de l'extrême droite italienne ont policé leur discours vis-à-vis de l'Union européenne".

Milan a connu la plus forte hausse des places européennes: +0,67%, contrebalançant légèrement sa chute de 3,36% vendredi, le plus fort recul en Europe.

Les Bourses européennes ont terminé globalement en baisse, certaines enfonçant leur plus bas de l'année touché vendredi. Paris a perdu 0,24%, Francfort 0,46% et Londres est restée stable (+0,03%). A Zurich, le SMI a cédé 0,64%.

A Wall Street, le Dow Jones a perdu 1,11% et enregistré un nouveau plus bas de l'année en clôture, à 29.260,81 points. L'indice vedette de la place new-yorkaise, qui reste sur cinq séances négatives d'affilée, n'avait plus fini à ce niveau depuis novembre 2020.

Autre seuil symbolique, le Dow Jones est officiellement entré en "bear market", ce qui signifie qu'il a perdu plus de 20% depuis son pic historique de début janvier.

L'indice élargi S&P 500 a aussi signé sa pire performance de l'année en clôture. Il faut même remonter à décembre 2020 pour trouver pire.

L'indice Nasdaq a lui lâché 0,60%.

Tempête sur la livre ___

Sur le marché des changes, la livre est tombée vers 01H25 GMT lundi à 1,0350 dollar - son plus bas depuis l'existence du billet vert -, en raison du risque de dérapage des finances publiques au Royaume-Uni.

La monnaie britannique s'est ensuite reprise, mais perdait encore 1,59% à 1,0686 dollar pour une livre vers 20H55 GMT.

L'euro a chuté dans la nuit à l'annonce des résultats des élections italiennes, et peinait à se reprendre. Il baissait de 0,80% face au dollar à 0,9609 dollar pour un euro.

L'abaissement des prévisions de croissance mondiale pour 2023 de l'OCDE a aussi alimenté le pessimisme des investisseurs.

Les valeurs défensives en retrait ___

En France, les entreprises de services aux collectivités Veolia (-3,28%) et Engie (-3,44%) ont signé les plus fortes baisses, après des perspectives négatives sur ce secteur dressées par un analyste de Citi. United Utilities a aussi perdu 3,90% Londres.

Du changement chez Unilever ___

Le géant de l'agroalimentaire et des produits d'hygiène Unilever a gagné 1,83% après l'annonce de son directeur général Alan Jope de son intention de quitter l'entreprise fin 2023. Une envolée que Victoria Scholar, analyste chez Interactive Investor, explique par le fait que "cette année, la gestion s'est retrouvée sous le feu des critiques après l'échec de l'acquisition de la division de produits de santé de grande consommation de GSK".

Du côté du pétrole ___

Les cours du pétrole ont poursuivi leur repli lundi, pris dans la tourmente qui frappe l'ensemble des marchés, désormais convaincus que le monde se dirige vers une récession à vitesse accélérée.

Le prix du baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en novembre a perdu 2,42%, pour clôturer à 84,06 dollars.

Quant au West Texas Intermediate (WTI) américain, également avec échéance en novembre, il a abandonné 2,57%, tombant à 76,71 dollars, une première en clôture depuis la première séance de l'année, le 3 janvier.

afp/rp