Londres (awp/afp) - Les 23 membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) et leurs dix alliés via l'accord Opep+ n'avaient toujours pas repris leurs discussions de groupe lundi, les parties s'activant en coulisses pour tenter de sortir de l'impasse.

Le sommet ministériel devait reprendre par visioconférence à 13H00 GMT (15H00 à Paris et à Vienne, au siège du cartel) entre le club de producteurs de pétrole, mais celui-ci n'avait toujours pas commencé à 14H30 GMT, a indiqué à l'AFP une source proche du cartel.

Face à la grogne des Emirats arabes unis, pressés d'augmenter leur production et qui ont dénoncé dimanche un projet d'accord "injuste", des pourparlers bilatéraux étaient en cours avant une reprise des échanges à vingt-trois, selon des commentaires de plusieurs observateurs de marché.

Un plan est sur la table: celui d'augmenter chaque mois la production de pétrole de 400.000 barils par jour entre août et décembre, soit un total de 2 millions de barils quotidiens remis sur le marché d'ici la fin de l'année.

Cette stratégie s'inscrit dans ce qui a fait la force de la politique du cartel depuis le mois de mai: rouvrir petit à petit le robinet d'or noir après l'avoir serré de manière très forte au début de la pandémie face à une demande moribonde.

Avec un certain succès au niveau des prix, du point de vue des vendeurs: les deux références du pétrole brut, le Brent et le WTI, oscillent aux alentours de 75 dollars, une hausse impressionnante de 50% depuis le 1er janvier, et du jamais vu depuis octobre 2018.

Si un consensus a semblé se dessiner sur cette proposition, les discussions achoppent en revanche quant à une extension de l'accord jusqu'à fin 2022.

Demande d'équité

L'alliance Opep+ s'était engagée en avril 2020, au moment où la première vague de Covid-19 frappait durement la demande d'or noir, à retirer volontairement du marché 9,7 millions de barils par jour puis à les réintroduire progressivement d'ici à la fin du mois d'avril 2022.

Mais cette échéance paraît désormais courte au rythme actuel de réouverture des vannes, plusieurs fois ralenti à cause des soubresauts de la crise sanitaire: l'alliance laisse encore sous terre ce mois-ci 5,8 millions de barils chaque jour.

D'où un étalement envisagé jusqu'à décembre 2022, une option qui inquiète Abou Dhabi.

"Les Emirats sont prêts à prolonger l'accord si nécessaire mais demandent que les volumes de production de référence soient revus (à la hausse) afin de s'assurer qu'il soit équitable", a souligné dimanche le ministre l'Energie des Emirats Souheil al-Mazrouei, cité par l'agence WAM.

Ce seuil arrêté à la date d'octobre 2018 correspond pour les Emirats à 3,17 millions de barils par jour. Il ne reflète effectivement pas la pleine capacité de production du pays, qui est montée à plus de 3,8 millions de barils par jour en avril 2020, à la veille des coupes drastiques du cartel.

Voie étroite

C'est cette divergence qui a fait capoter le premier cycle de réunions du cartel jeudi dernier, puis de nouveau le lendemain, au sein d'un groupe davantage habitué aux prises de bec entre les deux poids lourds, la Russie et l'Arabie saoudite.

"C'est tout le groupe contre un seul pays", a réagi le ministre saoudien Abdelaziz ben Salmane interrogé par Bloomberg TV, tout en appelant dans une autre interview, sur la chaîne Al-Arabiya, à "un peu de rationalité et un peu de compromis" avant la réunion de lundi.

En attendant, le marché ne s'affolait pas: les cours du brut restaient proches du niveau de clôture de vendredi.

L'Opep+ fait de surcroît face à une équation complexe, entre une reprise bien réelle de la demande mais qui reste fragile, un retour probable à moyen terme des exportations iraniennes et des prix élevés qui provoquent le mécontentement de certains gros importateurs comme l'Inde.

L'alliance est toutefois habituée au roulis. Elle a notamment su dépasser en début d'année dernière un désaccord profond entre Moscou et Ryad qui avait débouché sur une courte mais intense guerre des prix.

afp/rp