Paris (awp/afp) - Les Bourses mondiales rebondissaient vendredi au terme d'une semaine agitée par l'éventualité d'une récession sur fond de vague inflationniste qui a déclenché des mouvements vers les valeurs refuge.

En Europe, Paris accélérait sa hausse à +2,38%, Londres +2,41%, Francfort +2,07% et Milan +1,64% vers 14H20 GMT, profitant d'achats à bon compte. A Zurich, le SMI gagnait 0,97%.

La Bourse de New York était elle aussi portée par un rebond technique au terme d'une semaine de glissade. Le Dow Jones gagnait 1,51%, l'indice Nasdaq, à forte influence technologique, prenait 3,25%, et l'indice élargi S&P 500 montait de 2,21%. L'indice VIX, qui mesure la volatilité du marché était en repli.

Cela étant, le contexte économique et géopolitique est loin d'être propice à une véritable embellie boursière, selon les experts. Dernière illustration: l'indicateur phare du jour, la confiance des consommateurs américains s'est fortement dégradée en mai.

"La croissance économique mondiale ralentit, l'inflation augmente, aucune résolution à l'invasion de l'Ukraine par la Russie ne se profile et de nouveaux confinements liés à la Covid frappent l'ensemble de la Chine, ce qui freine la croissance", étaye Frédéric Rollin, conseiller en stratégie d'investissement chez Pictet AM.

Les investisseurs ont des difficultés à anticiper la trajectoire de l'inflation aux Etats-Unis comme en zone euro alors que la guerre en Ukraine se poursuit et a un impact considérable sur les prix des matières premières.

"Des surprises à la hausse en matière d'inflation pourraient stimuler les anticipations d'une politique monétaire encore plus restrictive", autrement dit des relèvements de taux d'intérêt révisés à la hausse, selon une note de NN Investment Partners.

Dans ce contexte, "le dollar américain a continué à faire office de valeur refuge", constate Michael Hewson, analyste de CMC Markets.

Le billet vert a atteint un nouveau plus haut en cinq ans face à la monnaie européenne qui est tombée sous la barre des 1,04 dollar pour un euro jeudi. L'euro cédait encore 0,09% à 1,0371 dollar vers 14H00 GMT.

Le bitcoin tentait un rebond (+7,46% à 30.690 dollars) après avoir touché un plus bas depuis fin 2020 jeudi dans un contexte de retrait des investisseurs vis-à-vis des cryptomonnaies.

Pour les marchés actions, obnubilés par le tour de vis de la banque centrale américaine, la Fed, le seul élément positif de la séance réside dans les déclarations de Jerome Powell, qui est resté en ligne avec ses précédentes annonces.

Jeudi, le président de la Fed s'est déclaré en faveur de deux hausses des taux de 0,5 point de pourcentage lors des deux prochaines réunions "si l'économie évolue comme prévu" et, selon Bloomberg, il a réaffirmé que la Fed n'envisageait pas un relèvement plus abrupt de 0,75 point.

M. Powell a cependant averti que le contrôle de l'inflation "ne se ferait pas sans douleur" et que ramener l'inflation à environ 2% sans créer de récession économique "peut en réalité dépendre de facteurs" que l'institution monétaire ne contrôle pas.

Au vu des dernières statistiques économiques, "il est de plus en plus difficile de voir comment la Fed va réussir un +atterrissage en douceur+ pour l'économie", estime Neil Wilson, de Markets.com.

Elon Musk souffle le chaud et le froid ___

Elon Musk a envoyé des signaux contradictoires sur son projet de rachat de Twitter: deux heures après avoir dit suspendre l'acquisition dans l'attente de détails sur le nombre de faux comptes, le fantasque patron a assuré être "toujours engagé" à mener à bien la transaction. Le titre chutait de près de 11% dans les premiers échanges.

Energies renouvelables recherchées ___

Les tensions concernant les approvisionnements de gaz russe en Europe inquiètent toujours les investisseurs.

Les entreprises du secteur de l'énergie en bénéficiaient et surtout celles engagées dans les énergies renouvelables. Siemens Energy prenait 5,18%, RWE 2,11%, Neoen 5,94%, Engie 2,62%.

Le pétrole en progression ___

Les prix du pétrole montaient, aidés par les craintes d'une possible restriction de l'offre, notamment avec le projet d'embargo européen.

Vers 14H00 GMT, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juillet gagnait 2,47% à 110,09 dollars.

Le baril de West Texas Intermediate (WTI) américain pour livraison en juin prenait quant à lui 2,34% à 108,61 dollars.

afp/rp