New York (awp/afp) - L'embellie qui avait gagné les indices boursiers à la suite de la réunion de la Fed s'envolait en deuxième partie de séance jeudi, Wall Street enregistrant sa pire séance depuis 2020.

À New York, le Nasdaq a enregistré la troisième plus importante perte en points de son histoire, après les deux séances noires des 12 et 16 mars 2020, au début de la pandémie de coronavirus.

L'indice à forte tonalité technologique a dévissé de 4,99%, tandis que le Dow Jones a abandonné 3,12% et l'indice élargi S&P 500, 3,56%.

En Europe, le fort rebond des places boursières en début de journée s'est évanoui à la clôture. Paris a finalement reculé de 0,43%, Francfort de 0,49% et Milan de 0,60%. Seule Londres a réussi à terminer légèrement en territoire positif (+0,13%).

"On a eu une des meilleures séances hier, et l'une des pires aujourd'hui", a relevé Angelo Kourkafas, d'Eward Jones.

Après s'être enthousiasmé, mercredi, pour les commentaires du président de la banque centrale américaine (Fed), Jerome Powell, qui avait écarté un durcissement encore plus marqué de la politique monétaire et une hausse de 0,75 point de pourcentage lors de sa prochaine réunion, le marché a retrouvé ses esprits jeudi.

"Le fait (que la banque centrale américaine) ait écarté une hausse de 0,75 point de pourcentage n'a pas vraiment changé le fait que l'économie ralentit et que la Fed va durcir sa politique monétaire à un rythme élevé", a expliqué Angelo Kourkafas.

"Les gens ont commencé à réfléchir un peu plus à la Fed et à sa communication et ont réalisé que les choses n'allaient pas s'améliorer", a abondé Maris Ogg, de Tower Bridge Advisors.

Pour elle, le mouvement de jeudi s'explique également par des prises de bénéfices, qui ont suivi le bond de la veille, ainsi que par la flambée des taux obligataires.

"C'est ça qui a fait peur au marché actions", selon elle.

Le rendement des emprunts d'État américains à dix ans s'est envolé au-dessus de 3,10% pour la première fois depuis novembre 2018.

Comme à l'accoutumée, les premiers à tomber sous le feu des investisseurs ont été les valeurs technologiques et de croissance, qui pèsent désormais le plus lourd à Wall Street.

Apple (-5,57%), Microsoft (-4,36%), Tesla (-8,33%) ou Amazon (-7,56%) ont été rudoyés. Ce dernier est en repli de près de 20% depuis la publication de ses résultats, il y a une semaine, et a effacé plus de 280 milliards de valorisation boursière.

Shell et les pétrolières résistent

Le géant pétrolier britannique Shell a pris 3,15% après la publication d'un bénéfice net en hausse de 26% au premier trimestre, à 7,1 milliards de dollars, grâce à la flambée des cours des hydrocarbures.

Les actions des autres entreprises du secteur bénéficiaient du bond d'environ 5% des prix du pétrole brut de la veille, provoqué par la proposition de la Commission européenne d'un embargo progressif sur le pétrole russe. Mais le projet se heurte à l'opposition de certaines nations européennes.

TotalEnergies a gagné 1,41%, Repsol 1,30% et BP 1,05%.

Les cours du pétrole ont conclu en petite hausse après une séance en dents de scie jeudi, tiraillés entre le projet d'embargo européen sur le pétrole russe, l'ouverture seulement marginale des vannes de l'Opep+, la chute de Wall Street et la montée du dollar.

Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juillet a terminé en progrès de 0,69% à 110,90 dollars, tandis que le West Texas Intermediate (WTI) américain pour livraison en juin a grappillé 0,41% à 108,26 dollars.

La vente en ligne souffre

Le site de vente en ligne eBay a pâti de projections inférieures à celles des analystes pour le deuxième trimestre (-11,72% à 48,04 dollars), malgré un chiffre d'affaires et un bénéfice supérieurs au consensus de Wall Street.

La plateforme de commerce en ligne Shopify s'est également effondré (-14,91% à 413,09 dollars), après la publication d'un chiffre d'affaires très inférieur aux attentes, ainsi qu'une perte sensiblement supérieure.

Zalendo (-9,91%), Just Eat Takeaway (-11,69%) et Delivery Hero (-7,98%) ont aussi plongé en Europe.

L'euro souffre aussi face au dollar, le bitcoin chute

L'euro cédait 0,76% face au billet vert à 1,0541 dollar. La livre perdait elle 2,16%, les deux devises étant affaiblies par la position vigoureuse de la Fed.

Le bitcoin chutait lourdement de 8,68% à 36.371 dollars, un mouvement entamé après l'ouverture des marchés européens.

afp/al