Sion (awp/ats) - Un premier pas a été réalisé mardi pour l'avenir de l'aménagement Dixence-Cleuson dont les concessions actuelles arrivent à échéance en 2031. Les communautés propriétaires des droits d'eau se sont regroupées au sein d'une société simple qui devra définir si elles actionneront leur droit de retour, ou pas.

"Afin de définir ce qu'il y a lieu d'entreprendre après l'échéance des concessions, en particulier concernant l'administration, l'exploitation et la gestion de l'énergie, les communautés concédantes onDit créé une société simple 'Dixence Cleuson 2031'", expliquent mardi en conférence de presse les différents acteurs impliqués. L'objectif: décider si elles veulent renouveler les trois concessions octroyées à Alpiq le siècle passé ou si elles veulent les récupérer.

L'aménagement Dixence-Cleuson est composé du barrage de Cleuson, du huitième du barrage de la Grande-Dixence, de deux stations de pompage et de la centrale de production de Chandoline. Il capte annuellement quelque 86 millions de m3 d'eau pour produire 380GWh d'électricité, soit la consommation d'environ 120'000 ménages. Six communes (Hérémence, Nendaz, Vex, Mont-Noble, Sion et Saint-Martin) ainsi que l'Etat du Valais sont parties prenantes.

La société créée aura pour tâche d'analyser les opportunités et les risques associés à un retour des concessions. Elle devra pour cela évaluer notamment l'état de l'aménagement hydro-électrique ainsi que la rentabilité économique future. L'exercice est difficile et relève "de la futurologie", reconnaît le président de Sion Philippe Varone, relevant l'importance de ne "pas se laisser gagner par l'euphorie des prix actuels de l'électricité".

Il s'agira aussi de déterminer si la nouvelle concession attribuée dès 2032 doit être de 80 ans ou être limitée à 12 ans. Dans ce dernier cas, cela "permettrait ensuite de l'aligner sur celle de la Grande Dixence qui arrive à échéance à fin 2044", relève le président d'Hérémence Grégory Logean.

Deux options

En 2015, le Valais a indiqué vouloir mieux gérer l'énergie hydraulique issue de son territoire et faire en sorte que 60% de la production indigène de cette énergie soit en mains valaisannes, contre 20% à l'époque. Si les communes concédantes décident, elles doivent toutefois respecter cette stratégie "Force hydraulique". Deux options s'offrent à elles.

Premièrement, les communes exercent leur droit de retour, rachètent aux concessionnaires la partie sèche de l'installation, soit ce qui permet de produire l'électricité, et en revendent au moins 60% à des entités valaisannes. C'est par exemple l'option choisie pour l'aménagement hydroélectrique d'Ernen-Mörel.

La deuxième possibilité consiste à renouveler le contrat du concessionnaire actuel, comme cela a été fait pour le barrage de Salanfe, exploité par Salanfe SA, propriété d'Alpiq à 100%. "Les communes ont pris une décision de principe allant dans ce sens. Alpiq ne conservera toutefois que 40% du capital-actions. Le reste ira en mains valaisannes", explique le chef de service de l'énergie et des forces hydrauliques du canton du Valais Joël Fournier.

Ce projet respecte la loi, mais "ce n'est "pas exactement ce qu'on imaginait". En renonçant à leur droit de retour, "les communes concédantes n'ont pas la même marge de manoeuvre pour discuter", ajoute-t-il.

Etat de l'aménagement et rentabilité

Dans le cas de Dixence-Cleuson, Alpiq a déjà fait part de son intérêt pour un renouvellement de sa concession, précise Grégory Logean. Les communes concédantes auraient dû, elles aussi, donner une décision de principe d'ici la fin de l'année.

"On ne peut pas dire que l'on soit en avance", reconnaît le président de la commune d'Hérémence. Le concessionnaire recevra un courrier dans le délai légal, "mais il nous faut davantage de temps pour élaborer notre vision", complète-t-il.

De son côté, le canton espère que les communes concédantes choisiront le retour des concessions "si, bien sûr, les conditions sont bonnes. L'objectif de la stratégie cantonale n'est pas de mettre financièrement en danger les communes", souligne Joël Fournier.

Au cours des trois prochaines décennies, les concessions pour l'utilisation des forces hydrauliques de nombreuses usines hydroélectriques valaisannes arriveront à échéance. Une dizaine de dossiers sont actuellement en cours de négociations de Gletsch à Vernayaz.

ats/vj