Les États-Unis et l'Union européenne ont encore beaucoup de chemin à parcourir avant de parvenir à un accord qui empêcherait l'application de tarifs douaniers réciproques, a déclaré vendredi le commissaire européen à l'Économie, Valdis Dombrovskis.

En mars, Washington a imposé des droits de douane de 25% sur les voitures, l'acier et l'aluminium européens, ainsi que des tarifs de 20% sur d'autres produits de l'UE en avril. Par la suite, ce taux de 20% a été réduit de moitié jusqu'au 8 juillet, ouvrant une fenêtre de 90 jours afin de mener des discussions pour parvenir à un accord tarifaire plus global.

En réponse, l'UE a suspendu ses propres droits de douane sur certains produits américains et proposé la suppression totale des droits de douane sur l'ensemble des biens industriels des deux côtés de l'Atlantique. Selon Dombrovskis, cette offre de zéro-tarif n'a suscité qu'un intérêt modéré de la part des États-Unis.

« Il reste beaucoup à faire pour définir des paramètres plus concrets, des éléments et des domaines de coopération qui nous permettraient d'éviter la mise en oeuvre de tarifs douaniers », a déclaré M. Dombrovskis en marge des réunions du Fonds monétaire international à Washington.

Les États-Unis considèrent la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) européenne comme l'un des obstacles non tarifaires au commerce, mais Dombrovskis a affirmé que l'UE à 27 ne voyait pas la TVA comme un facteur ayant un impact sur les échanges et n'était pas prête à inclure cet impôt dans les discussions commerciales.

« Ce n'est absolument pas une barrière commerciale et cela ne fait pas partie de la discussion. La taxe sur la valeur ajoutée est une taxe à la consommation, similaire aux taxes sur les ventes appliquées dans les États américains, aussi bien sur les biens domestiques qu'importés », a-t-il expliqué.

Il a également souligné que la TVA représentait une source majeure de recettes budgétaires pour les gouvernements européens ainsi que pour le budget de l'UE. « La TVA n'a donc pas sa place dans ces discussions », a-t-il insisté.

PRÊTS À FAIRE FACE À UNE ÉVENTUELLE INVASION DE PRODUITS CHINOIS

Dombrovskis a également indiqué que, le marché américain étant désormais pratiquement fermé à la Chine après l'imposition par Washington de droits de douane de 145% sur tous les produits chinois, il avait demandé à ses homologues chinois, lors de réunions à Washington, de ne pas détourner vers l'UE les marchandises initialement destinées aux États-Unis.

« Ils n'ont pas précisé de plans ou de mesures concrètes qu'ils pourraient éventuellement envisager de leur côté », a-t-il déclaré à propos de sa demande, formulée lors de ses entretiens avec le ministre chinois des Finances et le gouverneur de la banque centrale.

« Ils ont manifesté leur compréhension quant au fait qu'il s'agit d'un problème et d'une préoccupation pour nous, mais nous ne sommes pas entrés dans le détail des mesures spécifiques que la Chine serait prête à prendre pour éviter un afflux massif de produits chinois sur le marché européen », a précisé Dombrovskis.

Il a ajouté que l'Union européenne prendrait des mesures pour protéger ses marchés si les produits chinois venaient à constituer une menace.

« J'ai indiqué que, bien entendu, si nous constatons des perturbations sur le marché européen, nous devrons aussi prendre certaines contre-mesures pour protéger notre marché, nos entreprises, nos emplois », a-t-il confié à Reuters.

« Cela créerait un effet domino en termes de fermetures de marchés et de fragmentation de l'économie mondiale. Ce n'est clairement pas dans notre intérêt, ni dans celui de la Chine. Il devrait donc aussi être dans l'intérêt de la Chine d'éviter ce scénario et de faire preuve de retenue dans la situation actuelle », a-t-il conclu.