Les réunions de printemps du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale se tiennent à Washington dans un contexte d'inquiétudes croissantes concernant l'isolationnisme américain.
Voici les informations essentielles sur la semaine à venir sur les marchés mondiaux, présentées par Rae Wee à Singapour, Lewis Krauskopf à New York et Dhara Ranasinghe, Yoruk Bahceli et Karin Strohecker à Londres.
1/ SE RETIRER
La Chine a fixé lundi ses taux d'intérêt de référence, alors que les investisseurs s'attendent à un nouvel assouplissement monétaire de la part de Pékin pour aider à compenser les effets négatifs des lourds droits de douane imposés par les États-Unis sur la deuxième économie mondiale.
Certains analystes s'attendent à une réduction des taux préférentiels sur les prêts à un an et à cinq ans, ce qui marquerait la première baisse de la Banque populaire de Chine depuis octobre dernier.
Les droits de douane entre les États-Unis et la Chine atteignent désormais des niveaux vertigineux, supérieurs à 100 %, et certaines banques ont déjà revu à la baisse leurs prévisions de croissance pour la Chine, signe des répercussions attendues de la guerre commerciale.
Ailleurs en Asie, la Banque d'Indonésie se réunit mercredi et les décideurs politiques sont confrontés à un choix difficile, entre des perspectives économiques qui s'assombrissent et une roupie qui se maintient à des niveaux proches de ses plus bas historiques.
2/ PAS SI MAGNIFIQUE QUE ÇA ?
Une série de résultats trimestriels publiés cette semaine, à commencer par ceux de Tesla et d'Alphabet, pourrait donner une idée plus précise de la manière dont les entreprises américaines font face à l'évolution du paysage commercial.
Le constructeur de véhicules électriques d'Elon Musk et la société mère de Google, Alphabet, sont les premières entreprises du « Magnificent Seven » à publier leurs résultats trimestriels, alors que les valeurs de croissance à mégacapitalisation sont sous pression.
Les dépenses liées à l'IA seront également au centre de l'attention, tandis que Tesla, dont les actions ont été particulièrement touchées en 2025, est également sous les feux de la rampe en raison des liens étroits qui unissent M. Musk au président américain Donald Trump.
Les investisseurs seront attentifs à toute indication des dirigeants sur les répercussions des droits de douane, avec la publication des résultats de grandes entreprises telles que 3M, Boeing, IBM, Merck, Intel et Procter & Gamble.
United Airlines a mis en garde mardi contre les risques de détérioration de ses perspectives financières si l'économie américaine entre en récession, ce qui témoigne des défis auxquels sont confrontées les entreprises.
3/ RISQUE LIÉ AUX PRIX
Les PMI flash d'avril publiés mercredi devraient également donner aux marchés une idée du premier impact du chaos tarifaire provoqué par Trump.
M. Trump a reporté les droits de douane réciproques, mais une taxe généralisée de 10 % sur les importations reste en vigueur. Les prix des intrants des entreprises américaines étaient déjà sous pression avant les dernières mesures, et l'indice PMI des services canadiens avait atteint son plus bas niveau en cinq ans.
Il faut s'attendre à une aggravation de la situation.
Le chiffre clé à surveiller est l'indice des prix des intrants manufacturiers aux États-Unis, que S&P Global, qui compile ces données, qualifie de premier indicateur de l'impact inflationniste des droits de douane.
Il avait déjà fortement augmenté en mars, signalant la hausse la plus rapide des prix des intrants pour les entreprises américaines depuis près de deux ans.
Les traders s'attendent à au moins trois baisses des taux américains cette année, mais certaines banques doutent qu'une baisse soit possible compte tenu des risques inflationnistes.
4/APPEL DE WASHINGTON
Les responsables financiers se rendent à Washington pour les réunions de printemps du FMI et de la Banque mondiale, l'un des plus grands rassemblements de décideurs politiques de l'année.
La croissance de l'emploi est au centre des discussions. Cependant, il ne fait aucun doute que les tensions commerciales et les perspectives de croissance moroses seront au cœur des préoccupations des ministres des Finances et des gouverneurs des banques centrales du monde entier, qui se bousculeront également pour rencontrer l'administration Trump.
Les contours de la vision de M. Trump sur le rôle futur de Washington et sa coopération avec les institutions de Bretton Woods, telles que le FMI et la Banque mondiale, pourraient également se préciser.
Parmi les points importants à l'ordre du jour figure la publication mardi des perspectives économiques mondiales du Fonds. La directrice générale du FMI, Kristalina Georgieva, a déjà signalé que les droits de douane imposés par les États-Unis constituaient un « risque important » et a appelé Washington et ses partenaires commerciaux à œuvrer de manière constructive pour apaiser les tensions.
5/ INQUIÉTUDES
Un calme inquiétant s'est installé parmi les investisseurs, qui espèrent que le pire de la crise provoquée par les droits de douane est désormais derrière eux.
Les actions de Wall street se sont redressées après avoir atteint leur plus bas niveau depuis plus d'un an, les écarts sur les obligations d'entreprises se sont (légèrement) réduits et les signes de dysfonctionnement du marché des bons du Trésor, qui pèse 29 000 milliards de dollars, se sont atténués après une pause dans l'imposition de droits de douane élevés.
Trump envisage de modifier les droits de douane sur les automobiles.
Cependant, la confiance étant ébranlée, tous les regards sont tournés vers Washington, d'autant plus que les droits de douane agressifs contre la Chine restent en vigueur et que les craintes de ralentissement de la croissance persistent.
Le dollar est toujours en passe de connaître son pire mois depuis 2022 et les investisseurs internationaux ont réduit leurs positions sur les actions américaines d'un montant record au cours des deux derniers mois, selon BofA. La Deutsche Bank estime qu'un changement durable dans l'allocation des investisseurs étrangers pourrait générer « d'énormes flux négatifs sur le dollar ».
Les marchés évoluent rarement en ligne droite, mais lorsqu'une tendance s'installe, il est difficile de l'inverser rapidement.