La pression internationale s’accentue sur le Venezuela, dirigé par le Président Maduro qui s’arroge tous les pouvoirs. Force est de constater que celui-ci se concentre dans les mains de l’Assemblée constituante, faisant craindre un pas en avant vers un régime plus totalitaire. Par conséquent, les sanctions internationales, commandées par les Etats-Unis, s’intensifient sur le pays, qui se voit privé de sources de revenus, pourtant indispensables compte tenu de sa fragilité économique. Donald Trump a effectivement signé un décret interdisant d’acheter sur les marchés américains des obligations de l’Etat vénézuélien. Cette sanction est évidemment synonyme d’une perte de nouvelles devises pour le pays, qui doit limiter ses achats de produits de base.

Il convient par ailleurs de souligner l’impact de ces sanctions sur la capacité du pays à assurer le service de sa dette. La plupart des agences de notations ont ainsi abaissé leur note et estiment, au regard du faible niveau des réserves de change, que le pays est susceptible de faire défaut dans les prochains mois. Les stigmates de cette situation chaotique restent cristallisés autour de l’inflation, en constante augmentation depuis 2013. Il est d’ailleurs plus juste de parler d’hyperinflation,  le Venezuela détenant le triste record du pire taux d’inflation au monde. Le manque de dollars, couplé à une inefficacité du contrôle des prix et à l’essor des marchés noirs, entrainent le pays dans une situation catastrophique,  caractérisée par un taux annuel d’inflation de l’ordre de 2000%.

Le Venezuela ne parvient pas dans ce contexte à sortir de la récession dont il est entré de plein pied en 2014, lorsque les cours pétroliers se sont brusquement retournés. Le PIB reculera donc une fois de plus en 2017, de 4,5%. 




Indice IBC de la bourse de Caracas  

 
A première vue, force est de reconnaître que cette esquisse dressée de la situation politico-économique du pays ne se ressent nullement sur l’évolution des cours de l’indice national. Les cours ont pratiquement été multipliés par 10 depuis le début de l’année. En réalité, il convient de tenir compte de l’effet change qui vient contrebalancer cette notable performance.

Le pays est régi par un système de change à taux fixe où coexistent trois taux de change officiels du bolivar vénézuélien (VEF) face au dollar. Le premier sert à importer des produits de base (il est officiellement fixé à près de 10 VEF pour 1 USD), le deuxième est fixé par enchère entre les entreprises et l’Etat tandis que le dernier est déterminé par le marché au taux Simadi (système marginal de devises) à destination des résidents et entreprises locales.

Face à l’incapacité des autorités à convertir les dollars en bolivars au taux officiel, faute de réserves suffisantes, le marché noir s’est fortement développé au point que la majorité des entreprises, ainsi que de la population, se tournent vers celui-ci pour acquérir des dollars. 
 


Evolution du taux de change VEF/USD sur le marché noir – source : Banco Central de Venezuela
 
En conséquence, la raréfaction du dollar, auquel viennent s’ajouter des difficultés économiques, ont littéralement causé une chute de la valeur du bolivar sur le marché noir. Plus concrètement, il fallait 50 bolivars pour obtenir 1 dollar en 2013, il en faut désormais près de 20000.  Autant de raisons qui expliquent l’impossibilité de recourir aux outils d’analyses traditionnels pour appréhender une réalité économique extraordinaire.