SK Innovation a déclaré à Reuters discuter avec le constructeur automobile allemand de la création d'une usine commune et a dit être sur le point de conclure un accord pour l'ouverture d'un site en Chine avec des partenaires dont l'identité n'a pas été divulguée.

Les fabricants de batteries pour véhicules électriques cherchent à accroître leur capacité pour répondre à la forte demande du secteur dans le cadre de la transition vers des véhicules plus "propres" sur fond de renforcement de la réglementation en matière d'émissions polluantes.

Le marché des batteries est contrôlé par les groupes sud-coréens LG Chem et Samsung SDI et le japonais Panasonic. SK Innovation, le premier raffineur pétrolier du pays, y a effectué une entrée tardive.

"Depuis l'an dernier, nous avons rattrapé ou dépassé nos concurrents en termes d'investissements dans la région", a déclaré YS Yoon, président de l'activité batteries de SK Innovation, à l'occasion d'une interview. "Nous avons essayé de trouver le bon moment pour un investissement massif."

SK Group, le troisième plus gros conglomérat sud-coréen, s'est renforcé dans les batteries pour compenser le ralentissement de la demande dans les puces mémoire produites par sa filiale SK Hynix.

€3,5 MDS D'INVESTISSEMENTS D'ICI 2022

SK Innovation prévoit d'investir 4.510 milliards de wons (3,5 milliards d'euros) d'ici 2022 dans les batteries électriques. Le mois dernier, il a lancé les travaux en vue de la construction aux États-Unis d'une usine de 1,7 milliard de dollars qui aura pour objectif principal de fournir des cellules de batterie lithium-ion à Volkswagen. Le groupe a également bâti deux usines en Hongrie.

"Notre stratégie consiste à suivre l'évolution technologique en partenariat avec certains de nos clients clés", a déclaré YS Yoon, ajoutant cependant que "rien n'a été décidé" sur le projet de coentreprise avec Volkswagen.

Si le projet est validé, ce sera la première fois que Volkswagen investit dans une coentreprise de production de batteries, ont noté des analystes. Le constructeur américain de voitures électriques Tesla a noué un partenariat similaire avec Panasonic

"Nous envisageons d'investir dans un fabricant de batteries afin de renforcer notre offensive dans l'électrique et de développer le savoir-faire nécessaire", déclare Volkswagen dans un communiqué adressé à Reuters.

Herbert Diess, le président du directoire de Volkswagen, avait déclaré en mars que le constructeur "examinait de près la possibilité d'une éventuelle prise de participation dans des usines de fabrication de cellules de batterie en Europe pour son compte".

Volkswagen se fournit déjà en batteries auprès de LG Chem, Samsung SDI et le chinois contemporain Amperex Technology.

"Les besoins de Volkswagen en termes de batteries sont énormes", relève YS Yoon. "Je pense donc qu'il est naturel que Volkswagen ait plusieurs fournisseurs, même s'il a des coentreprises avec certains."

DES BATTERIES SANS COBALT EN 2025

SK Innovation prévoit également de signer prochainement un accord en vue de la construction de sa deuxième usine de batteries en Chine, premier marché mondial pour les véhicules électriques, a déclaré YS Yoon.

La société a démarré en août la construction de son premier site chinois dans le cadre d'une coentreprise avec Beijing Electronics Holding et BAIC Motor et prévoit d'y investir jusqu'à cinq milliards de yuans (660 millions d'euros) d'ici 2020.

SK Innovation entend par ailleurs réduire la teneur en cobalt de ses batteries à 5% d'ici 2022 contre 10% actuellement, le minerai étant extrait dans des conditions difficiles et soumis à des fluctuations importantes de prix.

Panasonic a déclaré en mai travailler sur une batterie dépourvue de cobalt.

Le cobalt est principalement extrait en République démocratique du Congo, mais SK Innovation s'approvisionne également en cobalt en Australie et extrait le minerai à partir de piles usagées, a déclaré YS Yoon.

"Je pense que nous n'aurons plus besoin d'obtenir du cobalt frais après 2025", a-t-il déclaré.

(Avec Edward Taylor à Francfort; Claude Chendjou pour le service français, édité par Benoît Van Overstraeten)

par Joseph White, Hyunjoo Jin et Heekyong Yang