Dans le cadre de son nouveau plan stratégique présenté fin février, le fournisseur français de gaz et d'électricité, également très présent dans les services, veut développer 9 gigawatts (GW) de nouvelles capacités renouvelables en trois ans et vise dans ce secteur un résultat opérationnel courant en croissance annuelle moyenne de 8 à 11% pour la période 2018-2021.

Dans un contexte de baisse des coûts et des subventions publiques au solaire et à l'éolien, avec un recours croissant à des appels d'offres favorisant les prix les plus bas, Engie souligne que la demande d'énergies renouvelables n'émane plus seulement des Etats mais aussi désormais des entreprises et des collectivités locales.

Le groupe estime en particulier que 50% de ses nouveaux projets dans les renouvelables d'ici à fin 2021 - soit quelque 4,5 GW - passeront par des contrats d'achat d'électricité (PPA) conclus de gré à gré avec des entreprises ou des collectivités locales, qui s'annoncent de plus en plus complexes et donc rentables.

"Le consommateur industriel (...) se satisfait de moins en moins des caractéristiques de l'électricité renouvelable. Ce qu'il veut, c'est l'électricité dont il a besoin pour ses processus industriels, donc de plus en plus (...) disponible 24 heures sur 24 et sept jours sur sept", a dit lors d'une conférence de presse Thierry Kalfon, directeur général de la "global business line" d'Engie dédiée aux renouvelables.

L'ESSOR DE CES CONTRATS FREINÉ PAR LE NUCLÉAIRE EN FRANCE

"Ça exige toute une activité de transformation entre l'électricité renouvelable telle qu'on la produit et l'électricité renouvelable telle que les entreprises la consomment", a-t-il ajouté, soulignant qu'Engie pouvait se prévaloir d'un parc de production renouvelable diversifié et de solutions de stockage par batteries.

Le groupe a notamment déjà conclu pour 3 GW de contrats de "corporate PPA" aux Etats-Unis, qui représentent de loin le premier marché en la matière, avec des clients tels que le groupe de grande distribution Target, l'université de Boston ou l'opérateur de téléphonie mobile T-Mobile.

"Ils ont tous commencé par du 'as produced', c'est-à-dire en consommant exactement ce qui sortait de nos fermes éoliennes ou solaires (...). Chez eux, la tendance nouvelle est de vouloir quelque chose qui 'matche' exactement leur consommation", a indiqué Gwenaëlle Avice-Huet, directrice générale adjointe d'Engie.

Le groupe juge en outre que les contrats de type "corporate PPA" sont aussi promis à un bel avenir en Europe, bien que les prix bas du nucléaire freinent pour l'instant leur essor en France.

Les énergies renouvelables ont représenté chez Engie près de 18 GW équivalents électriques installés en 2018, soit 28% du total des capacités directement opérées par le groupe, et 22% de son résultat opérationnel courant.

En termes de financement, la stratégie d'Engie consiste à céder à des investisseurs financiers une partie de ses actifs renouvelables dès la fin de leur construction, ce qui limitera les investissements du groupe à environ 2,5 milliards d'euros - sur un total de 8,8 milliards nécessaires - pour développer 9 GW supplémentaires entre 2019 et 2021.

(Benjamin Mallet, édité par Bertrand Boucey)