Tokyo (awp/afp) - La Banque du Japon (BoJ) a maintenu jeudi sa politique monétaire inchangée, tout en abaissant pour la énième fois ses prévisions d'inflation et de croissance dans le pays pour l'année comptable 2019/2020 ainsi que pour les deux exercices suivants.

L'institution monétaire table désormais sur une croissance de 0,6% de l'économie japonaise sur l'exercice en cours qui s'achèvera le 31 mars prochain (contre +0,7% précédemment), ainsi que sur une inflation hors produits frais de 0,7% (contre 1% auparavant), selon un communiqué.

Son objectif d'inflation de 2% s'éloigne encore un peu plus. Car l'institution a également réduit ses prévisions d'inflation pour 2020/2021 (1,1% contre 1,3% précédemment) et pour 2021/2022 (1,5% contre 1,6% auparavant).

Elle a aussi révisé en baisse ses prévisions de croissance du Japon pour 2020/2021 (+0,7% contre +0,9% précédemment) comme pour 2021/2022 (+1% contre +1,1% auparavant).

La reprise de la croissance mondiale "risque d'être retardée plus longtemps que prévu, principalement en raison de l'intensification et du prolongement des frictions commerciales entre les Etats-Unis et la Chine", a souligné la BoJ dans son communiqué.

"Dans ces circonstances, l'économie du Japon devrait temporairement croître à un rythme inférieur à son potentiel", en raison de la baisse des exportations nippones et de l'impact sur la consommation des ménages du récent relèvement de la TVA, lequel devrait toutefois rester "limité", selon la BoJ.

Malgré l'abaissement de ses prévisions, la BoJ n'a pas modifié son cap monétaire, alors que la veille la Réserve fédérale américaine (Fed) avait de nouveau légèrement réduit ses taux d'intérêt, pour la troisième fois d'affilée.

Cependant la politique monétaire de la BoJ est déjà ultra-accommodante: de nombreux observateurs estiment que ses munitions sont désormais limitées et que des mesures supplémentaires pourraient faire plus de mal que de bien.

Gagner du temps

L'institution agit sur le court terme par un taux négatif de 0,1% sur les dépôts des banques auprès d'elle, afin de les pousser à prêter davantage leurs liquidités aux entreprises et aux ménages.

Elle intervient aussi en rachetant massivement des obligations d'Etat japonaises, à un rythme annuel théorique d'environ 80.000 milliards de yens (environ 659 milliards d'euros), pour que les rendements obligataires à dix ans demeurent autour de zéro.

Là aussi, le but est que les banques cèdent ces actifs et injectent dans l'économie réelle l'argent qu'elles obtiennent en contrepartie, pour stimuler la croissance et l'inflation.

La BoJ a déclaré jeudi qu'elle entendait maintenir les taux d'intérêt de court et long terme "à leurs taux actuels ou plus bas", et ce "aussi longtemps que nécessaire", alors qu'elle mentionnait jusqu'à présent "au moins jusqu'au printemps 2020".

Lors d'une conférence de presse après la réunion de la BoJ, son gouverneur Haruhiko Kuroda a assuré que l'institution avait encore des outils à sa disposition, comme de creuser encore davantage le taux négatif sur les dépôts bancaires de court terme.

Mais la plupart des observateurs n'étaient guère convaincus. "La BoJ va probablement conserver son cadre monétaire actuel", alors que l'économie japonaise devrait profiter l'an prochain de l'effet des Jeux olympiques de Tokyo, a ainsi estimé Hideo Kumano, économiste du Dai-ichi Life Research Institute, interrogé par l'AFP.

"La BoJ essaie de gagner du temps et de maintenir les attentes" sur davantage de stimulus monétaire, a renchéri Hiromichi Shirakawa, chef économiste de Credit Suisse au Japon et lui-même ancien responsable de la BoJ, cité par l'agence Bloomberg.

afp/buc